11. Midi Minuit fait ses cycles

Il faut attendre plus d'un an pour voir arriver le numéro 21 de "Midi-Minuit Fantastique" et sa couverture nous montrant Veronica Carlson, une des Hammer Girls de DRACULA ET LES FEMMES. Dans le numéro 17, un article couvrait le premier "Cycle Midi-Minui Fantastique" en avril 1967, au cours duquel sont projetés des films classiques tels que RENDEZ-VOUS AVEC LA PEUR, LE FILS DE FRANKENSTEIN ou DRACULA, au cinéma Racine.
"On devait passer BLOOD FEAST et 2000 MANIACS, mais on n’a pas pu puisqu’ils étaient interdits par la censure. Ils sont toujours interdits de projection en salles. Alors qu'il n’y a pas de censure pour les vidéos."

En octobre 1968, le second "cycle Midi-Minuit Fantastique" se tient au Studio de l'Etoile. Avec cette fois-ci des titres comme L'ENTERRE VIVANT de Roger Corman, FREAKS ou LA CHASSE DU COMTE ZAROFF. L'évènement est chroniqué et accompagné d'une revue de presse où nous découvrons que les journaux sont presque tous unanimes pour louer ces longs métrages qui, quelques années auparavant, faisaient office de repoussoir chez les critiques ! Les mentalités avaient donc évolué.
Monsieur Bidard et son cercueil animent une projection au Studio de l'Etoile,
sous les regards amusés de Michel Caen et Jean-Claude Romer.
"Les gens voyaient les films et disaient "Ils ne sont pas si nuls que ça !" Avant, ils parlaient des films sans les voir. Ou ils les regardaient avec d’autres yeux. Là, c’était flagrant. Quand vous voyez LE MASQUE DE LA MORT ROUGE, vous ne pouvez pas dire que c’est nul. Nous, on a quand même sérieusement contribué à ce changement de mentalité. Parce que de 1968 à 1971, Michel Caen et moi, on a fait la programmation du Studio de l’Etoile. Réédition exclusive de FREAKS en version intégrale, KING KONG, LA CHASSE DU COMTE ZAROFF, etc. Et les gens venaient. J’avais trouvé l’idée, la veille du changement de programme - le mardi soir je crois - de faire une avant-première privée. Et on invitait ce que l’on appelle maintenant les "People". Il y avait Gainsbourg qui venait avec Jane Birkin, il y avait des tas de gens. Et même certains dont je ne me souviens même pas et qui m’en parlent avec des larmes dans la voix maintenant en me disant : "On avait l’impression de participer à quelque chose d’unique et d’exceptionnel, des choses qu’on n’avait jamais vues !"
Les gens prenaient conscience qu’il n’y avait pas de honte à voir des films soi-disant "pour enfants" ou pour personnes intellectuellement diminuées. Et on pouvait les apprécier, c’est ça. Mai 68 a apporté ça, je crois. Il n’y avait plus de hiérarchie socioculturelle. Maintenant, on ne peut plus se rendre compte de ce changement.
"

Sur une année, s'ensuivent trois numéros dans lesquels la revue paraît repartir sur un bon pied, à un rythme régulier. En été 1970, le numéro 22 avec, en couverture, les étranges asiatiques poilues de SKULLDUGGERY. Ses pages proposent une longue étude par Claudio Fabriazio, nommée "Le cinéma de science-fiction ou un pessimisme cosmique". Les numéros 23 (automne 1970) et 24 (hiver 1970-1971) sont indissociables, car contenant chacun la moitié d'une longue étude consacrée à l'écrivain Gaston Leroux par Jean Rollin lui-même. C'est d'ailleurs une photo de Dominique Isolde dans LE FRISSON DES VAMPIRES de Jean Rollin qui fait la couverture du numéro 23. Et Dave Prowse - futur Darth Vader - orne celle du 24, pour LES HORREURS DE FRANKENSTEIN. Macabre présage, l'éditorial du numéro 24 annonce la mort de Jean Boullet, fondateur de "Midi-Minuit Fantastique" comme on l'a vu, décédé dans des conditions tragiques.

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Dossier réalisé par
Emmanuel Denis
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Jean-Claude Romer