Header Critique : CRAZIES, THE (GEORGE ROMERO 2 DVD)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE CRAZIES 1973

GEORGE ROMERO 2 DVD 

Après SEASON OF THE WITCH, George Romero revient à un style de cinéma plus proche de LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, le film qui avait lancé sa carrière en 1968. Il se base sur une histoire écrite par un de ses collaborateurs, Paul McCollough, et la façonne à la manière d'un mélange de film catastrophe et de science-fiction. Bénéficiant d'un budget limité, il recrute une troupe de comédiens peu connus, et tourne dans l'état de Pennsylvanie, où il vit et travaille depuis les années 1960.

Dans la paisible petite ville d'Evans City, des évènements étranges se produisent. Un homme tue sa famille et met le feu à sa maison. L'armée américaine prend position dans les rues... Tout cela est la conséquence d'une catastrophe écologique effrayante : un avion militaire, transportant des armes bactériologiques, s'est écrasé dans la région, laissant son dangereux contenu se répandre dans la rivière qui alimente l'agglomération en eau. Le virus "Trixie", très contagieux, a tôt fait de se propager parmi les habitants. Ses effets sont simples : le malade perd la raison, puis meurt. Les autorités mettent la cité en quarantaine, et tentent de rassembler tous les habitants dans le lycée. Mais, par peur de semer la panique, l'armée refuse d'expliquer clairement la situation. Les soldats se heurtent alors aux autochtones, qui ne comprennent pas ce que leur veulent ces soldats aux combinaisons inquiétantes. La situation dégénère de plus en plus violemment. Un groupe de cinq rescapés va tenter de quitter clandestinement la région...

Enfant dans les années 1950, George Romero a souvent déclaré avoir été influencé par les comics horrifiques de cette période d'une part, et par l'âge d'or du cinéma de science-fiction américain d'autre part. Ainsi, LA NUIT DES MORTS-VIVANTS contenait son lot de références aux films d'anticipation, notamment en mettant en scène une invasion généralisée, plongeant les USA dans l'effroi, et menaçant jusqu'à l'existence même du genre humain (LA GUERRE DES MONDES ou LES SOUCOUPES VOLANTES ATTAQUENT...). De même, Romero montrait cette invasion comme une "épidémie", contaminant les personnes, transformant les membres d'une famille unie en des ennemis mortels, comme dans des oeuvres aussi célèbres que LES ENVAHISSEURS DE LA PLANÈTE ROUGE (titre vidéo) ou L'INVASION DES PROFANATEURS DE SÉPULTURES.

Or, comme LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, THE CRAZIES met en scène une infection mystérieuse qui contamine, progressivement, les habitants d'une communauté, les conduisant à adopter des comportements dangereux et sociopathes (matricide ou cannibalisme dans LA NUIT DES MORTS-VIVANTS ; pyromanie ou inceste dans THE CRAZIES). Toutefois, Romero, bénéficiant de moyens relativement plus importants, n'étudie plus seulement un groupe de réfugiés cloîtrés dans une maison, mais nous décrit les réactions des habitants d'une cité entière, confrontés au problème de leur survie...

Le réalisateur-scénariste peut ainsi analyser cette situation extrême, en adoptant, essentiellement, deux points de vue : celui de David, ancien du Vietnam et paisible pompier de Evans City ; celui du colonel Peckem, officier chargé de la mise en quarantaine de la ville. Adoptant un ton grinçant et critique, Romero décrit les manœuvres militaires comme autant de fiascos. Multipliant les procédures tatillonnes, ils ralentissent les recherches des scientifiques susceptibles de trouver un vaccin au virus, ou bien les placent dans des conditions de travail peu favorables. Si certains des officiers font preuve d'un certain sens des responsabilités, les soldats se contentent d'obéir aux ordres, sans se poser de questions sur les conséquences de leurs actes et sans prendre d'initiative personnelle constructive. Plus la situation s'aggrave, plus l'épidémie est gérée de façon désordonnée. Les fantassins maintiennent leur vigilance sur des contrôles inutiles et peu risqués (la reconnaissance d'empreinte vocale du scientifique...), mais, par paresse et par peur d'être contaminés, ils ne cherchent même plus à séparer les malades des habitants sains.

Enfin, la violence, engendrée en partie par une gestion précipitée et maladroite du rassemblement de la population, fait, inévitablement, son apparition. Des américains s'abattent entre eux, et certains habitants d'Evans s'organisent en milices au comportement très brutal. L'ambiance tourne vite au conflit civil, comme le souligne Romero en faisant quelques clins d'œil à la guerre de sécession. Cet affrontement atteint son apogée dans l'absurde lorsque deux amis d'hier se tirent dessus en pleine nuit, ignorant à qui ils sont confrontés.

Ces aberrations trouvent leur source à un même endroit : le gouvernement américain, incapable d'assumer ses actes irresponsables (la fabrication d'armes bactériologiques), gère les situations les plus graves dans le secret et le mensonge. Alignant les choix désastreux, il dresse les citoyens américains les uns contre les autres et, surtout, confie la gestion d'une tragédie sanitaire, non pas à des médecins, mais à des militaires spécialisés dans la répression des émeutes. Sans doute cette solution permet d'éviter les fuites quant aux causes réelles de la maladie, ce qui protège les dirigeants du pays contre un scandale embarrassant. Mais, dès lors, la population malade est sacrifiée. Le titre original, THE CRAZIES (les déments) prend une signification inattendue : les plus fous, les plus irresponsables, ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Élaborant un discours très construit, au propos aiguisé, intelligent, précis, et parfaitement en phase avec le moment de l'histoire américaine auquel THE CRAZIES a été réalisé et distribué (en 1972-1973, alors que les révélations sur l'affaire du Watergate éclatent), ce film n'est pourtant pas complètement satisfaisant. Incapable de trouver le bon rythme, Romero aligne des séquences parfois bavardes et laborieuses, particulièrement en ce qui concerne les militaires et les scientifiques. L'action démarre avec une lenteur assez rébarbative, et ne semble trouver son vrai tempo que dans sa seconde partie, lorsqu'on suit la fuite des fugitifs.

THE CRAZIES n'est donc qu'une semi-réussite. S'il développe un propos solide et percutant, Romero ne parvient pas réellement, contrairement à ce qu'il avait réussi avec brio pour LA NUIT DES MORTS-VIVANTS, à donner à son film la forme d'un spectacle cinématographique efficace, cohérent et équilibré.

Sorti sur les écrans américains en 1973, il n'est distribué en France, dans un montage tronqué, qu'à partir de 1979, sous le titre opportuniste LA NUIT DES FOUS VIVANTS. Il réapparaît au cinéma sous un titre non moins absurde (COSMOS 859), et, enfin, sort en vidéo. Dans ce format, il est d'abord proposé, toujours incomplet, sous le titre EXPERIMENT 2000 (103 minutes indiquées sur la jaquette ; 89 au compteur !), avant de connaître une multitude de titrages non moins folkloriques (REACTION, LAST EXPERIMENT, EXPERIMENT).

En DVD, il a déjà été publié, entre autres, dans une édition luxueuse chez Blue Underground (NTSC, multizone), et, avec le même contenu, chez Anchor Bay (PAL, zone 2). Hélas, aucun de ces deux disques ne propose de sous-titres ou de bande-son francophone.

L'éditeur de DVD Wild Side met en avant le titre américain THE CRAZIES, sous-titré discrètement par celui, français, de la première exploitation dans les salles françaises (LA NUIT DES FOUS VIVANTS). Il le distribue dans un coffret "Romero" incluant, en plus, deux autres disques : le film SEASON OF THE WITCH et un DVD de bonus.

DVD américain
DVD français

THE CRAZIES est proposé en 4/3 plein écran. Il ne semble pas que ce soit le format d'origine : en effet, l'éditeur américain Blue Underground, connu pour la méticulosité de son travail, a proposé récemment un nouveau télécinéma effectué à partir du négatif original, en 1.66. En comparant les deux DVD, on se rend compte que le disque Wild Side propose le film sans les caches de ce format panoramique, apportant un peu plus d'informations en haut et en bas du cadre. Par contre, on se rend aussi compte que celui-ci est un peu coupé, parfois de façon ennuyeuse, à droite et à gauche...

DVD américain
DVD français

L'image est proposée dans une copie très convenable, même si l'on peut regretter quelques rares saletés et des scènes sombres à l'étalonnage perfectible. Le travail numérique est perceptible, avec des traces de compression au cours de quelques scènes nocturnes, ainsi qu'un léger manque de fluidité dans les mouvements. Pour un film ancien, tourné dans des conditions difficiles, le résultat reste très correct, notamment grâce à une belle gestion de la lumière et des couleurs, même si cela reste bien inférieur à l'édition américaine.

La bande-son n'est proposée qu'en anglais, dans un mono de très bonne qualité, étant donné que le son a été essentiellement pris en direct, selon des techniques plutôt proches du documentaire. Le sous-titrage français est inamovible. On ne trouve pas de version française, ce qui est excusable, vu que, à notre connaissance, THE CRAZIES n'a jamais été présenté intégralement doublé dans notre langue.

L'interactivité étant placée sur un troisième DVD, nous vous invitons à consulter sa description sur le test de SEASON OF THE WITCH. Néanmoins, on peut déjà constater que la plus grande part des bonus proposés sur le DVD Blue Underground de THE CRAZIES (commentaire audio, matériel promotionnel...) n'ont pas été repris et que les galeries ne sont pas aussi complètes.

Cette édition de THE CRAZIES chez Wild Side permet donc d'avoir accès à ce métrage, dans sa version intégrale et avec un sous-titrage français. Par contre, les anglophones préfèreront sans doute, pour ce film, les éditions anglaise et américaine, plus complètes.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
THE CRAZIES DVD Zone 2 (France)
Editeur
Wild Side
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h38
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • THE CRAZIES
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    • Portrait de George Romero (Documentaire - 52mn)
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