Header Critique : Black Phone (The Black Phone)

Critique du film
BLACK PHONE 2022

THE BLACK PHONE 

Scott Derrickson apparaît sur les radars des amateurs de cinéma fantastique avec son premier long-métrage de 2000 : HELLRAISER : INFERNO, curieux mélange d'épouvante et de Film Noir destiné au marché de la vidéo, qui constitue un épisode prometteur dans la longue saga de Pinhead. Le metteur en scène revient cinq ans plus tard avec sa première œuvre pour le grand écran : L'EXORCISME D'EMILY ROSE, succès public et réussite intéressante dans le domaine de l'horreur.

Il se fourvoie ensuite avec son premier blockbuster, le remake LE JOUR OÙ LA TERRE S'ARRÊTA, relecture insipide du classique de Robert Wise. Il retourne alors aux petits films d'horreur, d'abord avec SINISTER en 2012, film de maison hantée sans relief, marchant sur les traces de PARANORMAL ACTIVITY. Puis avec DELIVRE-NOUS DU MAL, une histoire d'exorcisme avec Eric Bana. Sa carrière rebondit en 2016 avec DOCTOR STRANGE, film Marvel mélangeant avec succès super-héros et ésotérisme. Derrickson est pourtant écarté de la création de sa suite DOCTOR STRANGE IN THE MULTIVERSE OF MADNESS au profit de Sam Raimi.

Il réalise ensuite un film pour l'omniprésent studio Blumhouse (pour lequel il a déjà tourné SINISTER), à savoir BLACK PHONE, basé sur une nouvelle de Joe Hill. Il retrouve pour cette occasion Ethan Hawke, vedette de SINISTER, bien connu des amateurs de fantastique depuis son rôle d'acteur-ado dans EXPLORERS de Joe Dante. Il incarne cette fois-ci un malfaisant kidnappeur d'enfants.

Dans une banlieue populaire de Denver, des adolescents disparaissent sans laisser de trace. Les jeunes du quartier attribuent ces faits divers à un mystérieux kidnappeur qu'ils baptisent l'Attrapeur. Finney, lycéen ordinaire, est la nouvelle proie de ce criminel qui l'enlève et le séquestre dans sa cave insonorisée. Un des rares objets dans cet endroit lugubre est un téléphone mural débranché, et que pourtant Finney entend sonner...

Se déroulant dans les années soixante-dix, BLACK PHONE décrit d'abord le quotidien de Finney, adolescent de la banlieue de Denver, au gré d'une vie ponctuée de bonnes choses : sa proximité fraternelle avec sa sœur, des amis sur lesquels il peut compter, sa passion des films fantastiques comme ceux de William Castle qu'il dévore à la télévision. Et aussi ponctuée de mauvaises choses : la violence de son père veuf et alcoolique, les brimades infligées par les brutes du lycée. Et un prédateur terrible qui rôde dans les parages, l'Attrapeur, dont la menace invisible plane sur les rues.

Scott Derrickson restitue ainsi un portrait d'adolescent juste et équilibré, ni idyllique, ni cauchemardesque, et ne masquant en rien les difficultés de cet âge. Il donne ainsi vie à Finney avec justesse, aidé en cela par l'interprétation très juste du jeune Mason Thames.

La plus grande partie de BLACK PHONE consiste en la séquestration de Finney, enfermé dans la cave de l'Attrapeur. Nous retrouvons une situation classique du huis-clos d'horreur, à savoir une confrontation entre un captif et son bourreau, telle que déjà vue dans L'OBSÉDÉ de William Wyler, mais aussi dans le succès Blumhouse SPLIT de M. Night Shyamalan avec James McAvoy et Anya Taylor-Joy. BLACK PHONE devient un film de survie se déroulant dans un espace confiné, un jeune garçon devant utiliser les maigres ressources à sa disposition pour esquiver aussi longtemps que possible un sort funeste.

Ce sort funeste est incarné par l'Attrapeur, un maniaque apparaissant presque toujours masqué. Le visage sculpté qu'il porte reflète sa personnalité du moment, parfois bienveillante, parfois menaçante. A l'instar d'un John Wayne Gacy, tueur en série qui amusait les enfants à ses heures perdues déguisé en clown, l'Attrapeur a une occupation de divertissement puisqu'il se présente comme un prestidigitateur. Toujours comme Gacy, il ne s'en prend qu'à des adolescents de sexe masculin, et il se débarrasse des cadavres de ses victimes d'une façon similaire à ce sinistre individu.

BLACK PHONE s'éloigne de la formule classique du film de séquestration en introduisant des éléments surnaturels. Finney et sa sœur sont doués de pouvoirs médiumniques hérités de leur mère. Ainsi, à travers le téléphone noir de la cave, Finney communique avec les fantômes des précédentes victimes de l'Attrapeur. Lesquels lui donnent conseils et coups de pouce pour survivre, voire s'échapper.

BLACK PHONE utilise ces ressorts fantastiques pour renouveler son récit, le faire progresser et éviter qu'il tourne en rond. Très bien joué par Mason Thames et Ethan Hawke, ce film est mis en scène soigneusement, ne tombant jamais dans les effets faciles du genre jump scare (PARANORMAL ACTIVITY) et autres visuels clipesques de mauvais goût (ÇA).

BLACK PHONE est un petit film brassant des éléments classiques, mais en sachant les ordonner et leur donner vie, en ménageant un suspense bien réparti, qui ne vire jamais au remplissage ou à la répétition. Il s'agit donc d'une réussite, modeste certes, mais d'une réussite tout de même, d'un film homogène, bien fait, n'oubliant jamais de placer les personnages et leur histoire fantastique en son centre.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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