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Critique du film
INSIDIOUS 2010

 

La famille Lambert a des soucis avec l'un de ses enfants. Après que des événements surnaturels se soient produits, la famille déménage. Mais l'entité maléfique qui s'est attaquée à l'enfant n'a pas dit son dernier mot et il entend bien posséder sa victime qui tombe dans un profond coma.

Avec SAW, James Wan et Leigh Whannell ont posé les bases d'une franchise très lucrative tout en ouvrant la voie à une série de métrages tentant de repousser les limites de la torture et de l'horreur au cinéma. Mais, par la suite, le duo s'est écarté de l'horreur graphique pour s'orienter vers le film d'épouvante. A l'évidence, les deux cinéastes essaient de prouver qu'on ne doit pas les résumer à une enfilade de tortures et scènes gores. Néanmoins, malgré ses qualités, DEAD SILENCE ne connaîtra pas le même succès que SAW et les cinéastes en conserveront un souvenir très mitigé. Avec INSIDIOUS, le duo tente donc de nouveau de s'illustrer dans le domaine du film de trouille jouant plus avec l'ambiance et les mécaniques de la peur plutôt qu'un abattoir expérimental. Et il faut bien reconnaître que la première demi-heure de INSIDIOUS fonctionne à merveille. James Wan et Leigh Whannell prennent le temps de poser leur décor et leurs personnages mais aussi d'instaurer une véritable ambiance tout en faisant monter la pression. INSIDIOUS devient inquiétant au fur et à mesure qu'il se déroule. L'attente provoque l'angoisse, des éléments inattendus s'invitent dans le cadre, le temps de glacer le sang des spectateurs. Dans sa première partie, INSIDIOUS se montre donc exemplaire et très classique, dans le bon sens du terme. Malheureusement, le métrage des deux compères change de braquet dans son deuxième acte avant de perdre complètement pied lors de son épilogue.

Hormis des changements de tons très déstabilisants, INSIDIOUS souffre surtout d'un curieux problème. Le duo créateur de SAW nous fait avec INSIDIOUS une sorte de parodie de POLTERGEIST. Pas d'un genre subtil, qui saurait réutiliser correctement les éléments de manière astucieuse, mais de façon plutôt balourde. Du film de Tobe Hooper, on retrouve donc une équipe de parapsychologues menée par une femme plus âgée et qui ne paie pas de mine. Dans le même genre, notons que le père de famille devra se prendre en main pour aller chercher directement son enfant dans un monde parallèle. Car si l'enveloppe charnelle du gamin de la famille reste bien parmi nous, il est impossible de ne pas faire un rapprochement direct avec le kidnapping d'outre monde de Carol Ann dans POLTERGEIST. James Wan et Leigh Whannell ne réinventent pas le film de Tobe Hooper, ils en proposent simplement un décalque Bis. Les situations sont exagérées jusqu'à titiller les zygomatiques, à l'instar de la séquence avec les steaks (clin d'œil à une scène traumatisante de POLTERGEIST ?) ou bien une incongrue séance de spiritisme avec masques à gaz. Le croquemitaine du métrage est très clairement un melting pot d'influences dont les griffes ne sont pas sans rappeler un autre équarrisseur d'enfants, Freddy Krueger. La scène où le vilain est dans son atelier renvoie ainsi directement aux GRIFFES DE LA NUIT. Même dans sa première partie, le film semble un peu lorgner vers L'EXORCISTE lorsque les parents sont désemparés et se tournent vers le corps médical. Les auteurs du film en profitent même pour nous proposer leur propre clin d'œil, ici un petit dessin sur un tableau noir pour SAW ou, là, un pantin rappelant celui de DEAD SILENCE. Tout cela ne serait peut être pas vraiment un problème, cela pourrait être même sympathique, mais la fin de INSIDIOUS se montre tellement grandiloquente qu'elle en devient ridicule.

Faut il prendre INSIDIOUS au premier degré ou bien James Wan et Leigh Whannell se sont-ils amusés à faire un pied de nez aux spectateurs ? Vaste débat ! Pourtant, les interviews des deux cinéastes se montrent bougrement sérieuses vis à vis de leur approche, ce qui rend d'autant plus étrange la vision d'INSIDIOUS. En même temps, le film est sorti dans les salles américaines le 1er avril. De quoi se demander s'ils ne nous proposent pas ici un poisson d'avril budgété à plus d'un million de dollars ! Quelle que soit la vérité sur INSIDIOUS, le film s'est montré bougrement rentable aux Etats-Unis où il a été manifestement accueilli comme un film d'horreur terrifiant. Au final, s'il ne s'avère pas vraiment traumatisant, INSIDIOUS réussit, au moins, dans son premier acte à nous proposer de véritables passages flippants. Ce qui n'est déjà pas si mal. Et si l'on peut tiquer sur ce qu'il nous propose par la suite, force est de reconnaître qu'on ne s'y ennuie pas. Mais cela ne suffit pas à gommer la déception d'un métrage bien mal fagoté de la part de James Wan qui avait jusqu'ici réussi à aligner des films plus maîtrisés. Son aspect curieux et l'approche du sujet aura tout de même le mérite de ne pas laisser indifférent !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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