Header Critique : KING KONG (BLU-RAY)

Critique du film et du Blu-ray Zone B
KING KONG 2005

BLU-RAY 

Le succès du KING KONG de 1933, réalisé par Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, ainsi que la permanence de son personnage titre dans la mémoire collective ont attiré les convoitises des producteurs en tous genres. Dès les années 50, Merian C. Cooper envisage lui-même d'en faire un remake employant le spectaculaire format Cinérama dont il est un promoteur. Dans les années 60, la Hammer compte aussi en faire un remake, mais abandonne vite cette idée. Il faut attendre les années 70 pour voir le premier vrai remake, à savoir KING KONG de John Guillermin, produit par Dino De Laurentiis et le studio Paramount. A la même époque, le studio Universal envisage de faire sa propre version de KING KONG, mais le film de John Guillermin arrive à terme en premier...

Plus tard, les années 90 voient une résurgence des grands monstres hollywoodiens classiques, avec des films financièrement ambitieux. La mode est lancée par le succès du DRACULA de Francis Ford Coppola, lui-même suivi par FRANKENSTEIN de Kenneth Brannagh, WOLF de Mike Nichols, MARY REILLY (racontant l'histoire de «Dr. Jekyll & Mr. Hyde») et autres L'ILE DU DOCTEUR MOREAU. Universal, toujours détenteur des droits pour un remake de KING KONG, a alors en tête de faire revenir le singe géant sur le devant de la scène.

C'est à cette période que Robert Zemeckis, qui a signé la trilogie RETOUR VERS LE FUTUR pour Universal, parraine en son sein FANTOMES CONTRE FANTOMES, comédie fantastique néo-zélandaise aux effets spéciaux innovants, entièrement tournée et conçue en Nouvelle-Zélande par un jeune réalisateur ayant signé quelques titres gores ainsi qu'un drame remarqué. Il s'agit d'un certain Peter Jackson ! Passionné de KING KONG, Jackson convainc Universal de lui confier ce projet. Le studio accepte et le fait travailler plusieurs mois sur sa pré-production. Mais après le mauvais accueil commercial de FANTOMES CONTRE FANTOMES, le studio annule ce tournage. Il faudra attendre 1999 pour que la Major revienne à ses grands monstres avec LA MOMIE de Stephen Sommers.

Dépité, Peter Jackson se tourne vers un projet encore plus monumental : la trilogie LE SEIGNEUR DES ANNEAUX ! Après le triomphe de celle-ci, son réalisateur et Universal relancent le remake de KING KONG, remake qui sera tourné dans des conditions très semblables à celles du SEIGNEUR DES ANNEAUX, à savoir entièrement en Nouvelle-Zélande, avec des collaborateurs proches de Peter Jackson tels que les scénaristes Fran Walsh et Philippa Boyens, le chef opérateur Andrew Lesnie, le directeur artistique Grant Major, ou Richard Taylor à la tête des ateliers Weta.

Pour incarner les héros humains de son KING KONG, Peter Jackson ne se tourne pas vers des Stars, mais vers des acteurs à la réputation solide, issus du cinéma indépendant ou international. Nous retrouvons Adrien Brody (LE PIANISTE de Roman Polanski), Thomas Kretschmann (LE SYNDROME DE STENDHAL de Dario Argento) ou, dans le rôle d'Ann Darrow, Naomi Watts (MULLHOLAND DRIVE de David Lynch). Plus étonnant, Peter Jackson confie le rôle du cinéaste aventurier Carl Denham à Jack Black, acteur s'étant imposé en histrion rondouillard et rigolo, au gré de comédies telles que ROCK ACADEMY...

A New York, durant la grande dépression... Carl Denham, réalisateur voyageur et casse-cou, apprend que ses créanciers, mécontents de son travail, veulent mettre un terme au tournage de son film ! Denham prend les devants et part la nuit même en direction d'une mystérieuse île inexplorée, près de Sumatra. Cette île est surnommée l'Île du Crâne ! Dans cette aventure, il est accompagné de son équipe de techniciens, de baroudeurs menés par le capitaine Englehorn, de son scénariste Jack Driscoll et de sa vedette féminine, Ann Darrow - en fait une comédienne au chômage croisée le jour même et engagée dans la plus grande précipitation. Sur Skull Island, l'équipée se heurte à une tribu d'indigènes, laquelle kidnappe Ann et l'offre en sacrifice à leur divinité locale : Kong, un monstrueux gorille géant !

A quelques nuances près, le cinéphile féru de fantastique aura reconnu ici le résumé du KING KONG de 1933. Peter Jackson va même jusqu'à installer l'action à la même période, alors que le remake de 1976 était une aventure contemporaine. Certaines modifications sont tout de même notables, la principale concernant Jack Driscoll, jeune premier de cette aventure. Alors que dans le film de 1933, il s'agissait d'un marin énergique et prompt à l'action, dont la personnalité s'opposait à celle plus fantasque de Carl Denham, il devient ici un scénariste new yorkais, un intellectuel sensible et intraverti appelé à se dépasser pour réagir à des circonstances exceptionnelles. Un personnage au fond typique de la production de Peter Jackson, à rapprocher des héros des FEEBLES, BRAINDEAD, FANTOMES CONTRE FANTOMES, voire du Frodon de LE SEIGNEUR DES ANNEAUX.

Par ailleurs, si le KING KONG originel durait 100 minutes, celui de Peter Jackson dépasse les trois heures, pour une histoire a priori très semblable. Alors que le film de Schoedsack et Cooper prenait délibérément son temps avant l'arrivée sur l'Île du Crâne, nous avons ici une heure (!) de mise en place avant l'apparition du roi Kong. Ce long prologue nous permet d'admirer une reconstitution impressionnante du New York des années 30, tout en nous présentant les personnages principaux avec un grand luxe de détails. La même chose peut être écrite du voyage menant de New York à l'île mystérieuse, voyage faisant habilement monter l'attente du spectateur tout en faisant se développer les relations entre les protagonistes de l'action.

Mais, une fois débarquée sur Kong Island, les fans du singe géant commencent à douter face à ce remake. La présentation des indigènes, complètement dégénérés et violents, est une séquence aux relents artificiels et qui ne fonctionne guère : la faute notamment à des choix de mise en scène discutables dans leurs effets.

La suite des aventures sur Kong Island nous entraîne dans une course-poursuite ininterrompue, débauche de créatures préhistoriques en tous genres et de poursuites haletantes, prétexte à une succession d'effets spéciaux et de paysages fantastiques sans égal au cinéma ! Le spectacle est certainement énorme, Jackson semblant avoir pris un malin plaisir à prendre tous les moindres ingrédients du film d'origine et à les étendre autant que possible, aussi bien terme d'envergure que de durée. Toutefois, la qualité des effets spéciaux ne suit pas toujours, comme en atteste cette course parmi les brontosaures au cours de laquelle les acteurs ne sont pas incorporés de façon très naturelle.

Plus grave, le combat de Kong contre trois tyrannosaures géants, supposé être le tour de force technique, le coeur du métrage en terme de grand spectacle, vire au cartoon excessif et confus, dépassant de trop loin les limites du vraisemblable. Ce passage laisse rapidement le spectateur sur la touche. Le réalisme du style documentaire de Schoedsack et Cooper savait rendre l'impossible crédible. L'emphase et l'excès appliqués ici par Peter Jackson se heurtent à cette difficulté et ne la surmontent pas.

La longueur des aventures chez les dinosaures s'avère telle que Peter Jackson en retira même l'intégralité de deux séquences importantes dans le montage distribué en salles. Ainsi, la première rencontre de l'équipage avec un monstre (un tricératops, alors qu'il s'agissait d'un stégosaure dans le film de 1933) n'apparaît que dans la version longue destinée au marché vidéo. De même, l'affrontement contre un monstre marin, lui aussi présent dans le film de 1933, a été retiré de la version salle, en vue de resserrer l'action.

Il ne s'agit pas de nier les réelles qualités cinématographiques de ce spectacle à l'envergure exceptionnelle, de la recréation tout en couleurs de la jungle de l'île du Crâne, de ses marais, de sa fosse aux insectes tueurs, de sa muraille cyclopéenne, auxquels ont même été ajouté les ruines monumentales issus des dessins préparatoires de CREATION (un projet avorté sur lequel travailla le technicien des effets spéciaux Willis O'Brien pour le studio RKO, avant que ses efforts ne soient orientés vers le projet KING KONG) !

La réussite la plus impressionnante en terme technique reste la nouvelle création de Kong, époustouflant de réalisme. Fruit de la collaboration entre l'acteur Andy Serkis et des animateurs de Weta Digital, ce gorille géant frappe par son expressivité, les détails de sa reconstitution ainsi que l'authenticité de sa gestuelle. Seul manque parfois une certaine sensation de poids dans ses déplacements, mais cela n'enlève rien à cette création techniquement purement spectaculaire.

Le nouveau Kong est délibérément décrit comme un vieux mâle solitaire, dernier de son espèce (ce qui n'était pas réellement impliqué dans la version 1933). Cette créature bougonne se déridera avec la compagnie d'abord effrayée, puis compatissante d'Ann Darrow. Se crée alors un lien de tendresse et d'amitié entre les deux êtres, lien absent de la version originale. La sympathie pour Kong est alors poussée jusqu'à des excès sentimentaux, flirtant avec le kitsch, à coups de couchers de soleil sucrés et de glissades mièvres parmi les sapins de Noël.

De même, en retirant toute scène de tension vaguement sexuelle entre les deux personnages (tel que le déshabillage d'Ann Darrow), Peter Jackson amoindrit la partie menaçante de Kong et en fait un Monstre bien gentil, nous ramenant à une histoire d'amitié entre un animal et un enfant comme nous en avons déjà vue au cinéma. Le mythe Kong perd alors de sa subversion et de sa superbe. Par excès d'empathie, il devient plus conventionnel. Dans le même sens, l'attitude inconditionnellement favorable d'Ann Darrow à l'égard du gorille, y compris lorsqu'il s'avère très dangereux, tuant et blessant à tour de bras, donne à la jeune femme des réactions paraissant absurdes, irresponsables.

Par ses erreurs d'approche, ce nouveau KING KONG paraît un film maladroit, tout respectueux qu'il soit de son modèle auquel il adresse force renvois. Pourtant, malgré ses limites, il est aussi indéniable que, pris comme tel, le KING KONG de Peter Jackson est un luxueux divertissement, proposant des visions superbes, des séquences parfois époustouflantes, tel le final au sommet de l'Empire State Building ou l'arrivée du Venture à l'Île du Crâne. Le KING KONG de Peter Jackson est un livre d'images fantastiques fastueux, bien qu'un brin longuet.

Sorti en salles en 2005, le film KING KONG arrive par la suite dans une édition DVD contenant le film dans sa version cinéma, puis quelques mois plus tard, dans une version plus luxueuse incluant un montage allongé et proposant deux disques supplémentaires de bonus. KING KONG est aussi sorti dès 2006 en HD-DVD, standard dont il a été le porte-drapeau technique, le blockbuster de référence pour le studio Universal. C'est finalement en 2009 qu'il sort en Blu-ray, notamment en France, dans l'édition que nous allons tester ici.

Disons-le tout net, en terme de qualité d'image, ce transfert 1080p défilant à 24 images par seconde est tout simplement une référence. La copie est d'une perfection inattaquable sur l'ensemble de sa durée, avec une gestion des contrastes et des couleurs toujours impeccable. Surtout, l'impression de définition est spectaculaire en permanence.

En terme de bande sonore, nous trouvons une piste anglaise en DTS Master 5.1 non compressée, d'excellente qualité, aux dialogues toujours parfaitement clairs et naturels. Les bruits animaliers sont impressionnants, la musique est enveloppante et parfaitement mise en valeur. Bref, ne tergiversons pas, nous avons là aussi un produit de référence. De plus, ce disque propose diverses pistes en DTS classique, dont le doublage français. Il fournit aussi des sous-titres français, aussi bien sur le film que sur les suppléments.

C'est justement dans le domaine des bonus que ce Blu-ray de KING KONG déçoit. Comme réel supplément utile, il propose d'abord une option «Picture In Picture», c'est-à-dire des petits documentaires et dessins de production en relation avec les scènes visionnées, qui s'incrustent dans l'image en vue d'illustrer la conception du métrage. En tout, ces petites featurette couvrent environ une heure de visionnage. Si elles s'avèrent agréables à consulter, elles ne compensent pas la disparition des très nombreux bonus (dont un making of de plus de trois heures !) qui étayaient l'édition «Extended» en DVD et qui n'ont pas été inclus sur ce Blu-ray !

Le seul bonus supplémentaire est le commentaire audio assuré par Peter Jackson et la scénariste Philippa Boyens, commentaire assez intéressant par certains aspects, mais qui se présente d'emblée comme un complément de la foison des suppléments de l'édition «Extended» !

Consolons-nous en constatant que ce Blu-ray est le seul support à proposer dans un même emballage la version salle de 3h07 et la version longue de 3h20, toutes les deux avec une qualité d'image et de son irréprochables.

Si cette édition Blu-ray s'avère un tour de force technique en terme de rendu haute définition, et si elle a été commercialisée à un tarif raisonnable, elle s'avère une déception quant à son interactivité qui n'est pas à la hauteur du matériel disponible et des possibilité du support Blu-ray !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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L'édition vidéo
KING KONG Blu-ray Zone B (France)
Editeur
Support
Blu-Ray (Double couche)
Origine
France (Zone B)
Date de Sortie
Durée
3h21
Image
2.35 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio 5.1
Francais DTS 5.1
German DTS 5.1
Italian DTS 5.1
Spanish DTS 5.1
Japanese DTS 5.1
Sous-titrage
  • Anglais
  • Français
  • Supplements
    • Version cinéma (188mn)
    • Version longue (201mn)
    • Commentaires audio de Peter Jackson et Philippa Boyens
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