Header Critique : SUKEBAN BOY (OIRA SUKEBAN)

Critique du film et du DVD Zone 1
SUKEBAN BOY 2006

OIRA SUKEBAN 

Fils d'un biker hargneux, Sukeban est un adolescent au caractère bien trempé et plutôt enclin à la bagarre. Son tempérament et la violence des coups de mandales qu'il distribue auraient très bien pu en faire la terreur de son lycée mais Sukeban souffre par ailleurs d'un sérieux problème : Dame Nature l'a en effet doté d'un physique de lolita ! Pénalisé par cette apparence, le jeune homme ne parvient pas à s'affirmer et décide donc d'user de sa «particularité» pour s'inscrire dans un lycée de jeunes filles. Bien que la supercherie fonctionne à merveille, Sukeban va très vite comprendre que tout n'est pas rose dans ce type d'établissement et que là encore, les gangs règnent en Maîtres…

Bien qu'essentiellement connu pour ses Mazinger Z, Violence Jack et Devilman, le mangaka Gô Nagai est aussi à l'origine de séries que nous qualifierons de «plus légères». Parmi celles-ci, nous citerons bien évidemment la plus célèbre, Cutey Honey, précurseur de ce qu'allait devenir le genre «Magical Girl» grandement popularisé par Sailor Moon. Cutey Honey fut, comme la plupart des œuvres de Gô Nagai, adaptée sous forme de série animée et arrivera en France sous le nom de CHERRY MIEL. Pendant «adulte» de GIGI, la saga mettait en vedette un cyborg sexy doté du pouvoir de se transformer en infirmière, hôtesse de l'air, agent de police et autres, pourvu que cela permette l'arrivée d'une nouvelle tenue affriolante. Gô Nagai jouait alors la carte du fétichisme, de la nudité gratuite et parsemait le tout d'allusions phalliques plus qu'appuyées… Tout cela ne représente cependant qu'une bien maigre facette du plaisir sensuel façon Gô Nagai. Ainsi, avec Kekko Kamen, l'auteur misera davantage sur un érotisme lié à la soumission et l'humiliation alors que Maboroshi Panty proposera de son côté une héroïne systématiquement topless ! Gô Nagai abordera enfin le thème de l'ambiguïté sexuelle via son manga Oira Sukeban

Oira Sukeban est donc à l'origine une œuvre de papier scénarisée et dessinée par le papa de notre cher GOLDORAK. Edité en sept volumes entre 1974 et 1976, le manga ne deviendra un film «Live» qu'en 1992. La même année, le Studio Signal Club livrera une version animée de 43 minutes intitulée DELINQUENT IN DRAG. Il faudra ensuite attendre une nouvelle quinzaine d'années avant que le jeune Sukeban fasse encore des siennes et ce dans le film «Live» qui nous intéresse ici. Ce métrage reprendra le titre original de l'œuvre mais s'exportera à l'international sous son titre alternatif SUKEBAN BOY. Bien qu'il s'agisse du nom du héros, «Sukeban» est aussi un terme japonais (contraction de «Suke» et «Bancho») désignant une étudiante rebelle ou, plus spécifiquement, une jeune fille appartenant à un gang. Toute l'ambiguïté de l'intrigue se voit ainsi explicitée dans un titre associant le mot «Boy» à un qualificatif exclusivement féminin. Notons que cette amusante dissonance des termes est aussi présente dans le titre original OIRA SUKEBAN mais de manière bien plus subtile puisqu'«Oira» est un terme familier (et désuet) signifiant «je suis» dans la bouche d'un individu masculin «rural»…

A l'écran, l'ambivalence du héros sera restituée de fort belle manière puisqu'il sera incarné par une demoiselle ! Et pas des moindres puisque la miss en question n'est autre qu'Asami, jeune actrice de films pour adultes vue récemment dans le très déjanté MACHINE GIRL. Il est d'ailleurs étonnant de voir que pour les besoins de ces deux films, cette «AV idol» adopte les mêmes attitudes «garçonnes» particulièrement décalées et comiques. Asami force donc ici le trait en roulant des mécaniques et en se déplaçant à la manière d'un bûcheron excédant le quintal. La belle ira même jusqu'à imiter la voix d'un homme, notamment pour les besoins d'une voix-off détaillant ses tourments de garçon à la silhouette (très) féminine. Reste que si la performance est bien évidemment ridicule, elle n'en est pas moins en phase avec le rôle et le film en lui-même…

Car en effet, le moins qu'on puisse dire au sujet de SUKEBAN BOY, c'est qu'il s'agit d'un joyeux bordel qui n'a de cesse de repousser les limites de la débilité et de l'humour gras. Le réalisateur Noboru Iguchi est assez coutumier de la chose mais avec ce film, l'homme fait tout de même très fort en mariant son amour pour la franche déconnade avec sa passion pour le cuissot. Il ne se passera donc pas trois minutes sans que l'on ait droit à un plan fesse ou une actrice topless. Il faut dire que le manga d'origine se prêtait à ce genre de folies et que Noboru Iguchi l'adapte avec une fidélité inattendue, voire inespérée. Sukeban sera ainsi très vite confronté aux différents clubs de son nouvel établissement. Le premier aura pour nom «Club de l'humiliation» et pour vocation de façonner des demoiselles parfaitement «humiliables» par leurs futurs partenaires. L'idée fait bien évidemment écho aux concepts de soumission et de «bondage» relativement fréquents dans les métrages japonais mais elle se voit ici parodiée d'une belle et amusante manière.

Bien que cette première confrontation avec les gangs soit des plus déroutantes, elle ne sera cependant rien face aux délires qui suivront ! Sukeban s'opposera en effet bien vite au gang des «Half Naked Women», une bande de jeunes filles adeptes du «Can Can Dance of Doom», un coup de pied facial dont le nom rend bien évidemment hommage à notre «French Cancan». De cette danse si particulière, Noboru Iguchi retiendra bien évidemment l'apparition régulière de culottes et cumulera donc les gros plans jusqu'à l'overdose. Suivront ensuite les «Braless Women», les «Monk Women» et bien d'autres. Chaque gang s'avérant en réalité plus fou que les précédents et, comme leur nom le suggère, plus déshabillé. Les techniques de combat relèveront quant à elles de l'improbable, voire du surréaliste. Nous aurons ainsi droit à quelques prises de lutte (vaguement) entre demoiselles nues mais également à des «pinces tétons» et à une poitrine aussi dangereuse que celle de Pam Grier dans CLASS OF 1999 ! Les actrices étant particulièrement mauvaises et peu athlétiques, l'accent sera bien évidemment mis sur un second degré efficace, cumulant par ailleurs les références à l'univers manga. Bruitages, grimaces, situations et quiproquos seront ainsi légions dans ce métrage «Live» digne des animés les plus fous.

Généreux et inventif, SUKEBAN BOY l'est de bout en bout. A tel point d'ailleurs qu'on en oublie très vite son maigre budget et ses nombreuses faiblesses de réalisation. Noboru Iguchi lui-même semble se jouer des lacunes de son propre film et y voit de toute évidence la source de nouveaux gags, toujours plus lourds mais bien souvent efficaces. A ce titre, il est évident que le film ne sera pas du goût de tous et que son humour très particulier, crétin même, pourra laisser froid. Reste que pour le spectateur réceptif, SUKEBAN BOY sera indiscutablement un grand moment de bonheur déviant, de fesse flasque et d'absurdité sur pellicule. Le genre de chose que l'on ne refuse pas, surtout après avoir jeté un œil à d'autres films de gangs féminins récents tels que TOKYO GIRL COP ou CUTIE HONEY, particulièrement mous et édulcorés.

Pour découvrir cette sympathique bizarrerie qu'est SUKEBAN BOY, il faudra sans surprise se tourner vers l'import et plus particulièrement vers les Etats-Unis. C'est en effet là-bas que l'éditeur Eastern Star commercialise depuis peu un disque arborant fièrement un bandeau explicite sur lequel on peut lire «From the director of MACHINE GIRL» ! Assurément vendeur. Reste que cet éditeur en oublie les bonnes manières comme par exemple celle qui consiste à encoder les films en 16/9ème. SUKEBAN BOY nous sera donc proposé ici dans son ratio d'origine 1.85 mais au travers d'un encodage en 4/3 quelque peu faiblard. La définition n'est pas exceptionnelle et les couleurs manquent quelque peu de piqué. Les contrastes sont assez mous et la teinte noire semble inexistante. La compression numérique est elle aussi présente même si nous ne constaterons rien de trop catastrophique. A côté de cela, la copie plutôt propre nous mène à un bilan mitigé auquel il convient d'ajouter que le matériau d'origine n'est sans doute pas étranger à certain des défaut pré-cités. Sur le plan sonore, rien à redire : La piste stéréo japonaise remplit son contrat sans accès, offrant des dialogues clairs et des bruitages percutants. Elle se verra bien évidemment accompagnée de sous-titres anglais correctes pour une compréhension optimale.

En terme d'interactivité, nous trouverons sur ce disque un commentaire audio étonnamment conventionnel. Comprenez par là que malgré l'incroyable amateurisme de la chose, on parle ici de jeu d'actrices, de performances et d'arts martiaux ! Noboru Iguchi et son acolyte Demo Tanaka (père de Sukeban dans le film) n'ont en effet peur de rien et parviennent à garder leur sérieux plus d'une heure durant. Les propos ne sont cependant pas des plus passionnants et relèvent bien souvent de la naïve congratulation. Nous en apprendrons par ailleurs un peu plus sur les difficultés que l'on peut avoir à se dégotter des tenues de football américain au Japon. De même, nous en saurons davantage sur les petits plaisirs de notre étrange réalisateur dont l'une des fiertés semble être la technique dite du «Ass-punching». Soit...

A côté de cela nous, aurons droit à une petite galerie de onze photographies promotionnelles dont la plupart ont été utilisées pour la composition des menus ainsi que de la jaquette du DVD. Viendra s'ajouter un étrange clip dont la finalité s'avère particulièrement délicate à appréhender. Il s'agit en fait d'une compilation de scènes «clef» remontées de manière pour le moins curieuse, privilégiant les tétons masculins et les flatulences d'Asami. Un bonus d'une grande classe, assurément indispensable... Une série de bandes annonce en version originale sous-titrée finira de compléter l'ensemble. Parmi celles-ci, nous retrouverons bien évidemment celle de SUKEBAN BOY mais aussi celle du farfelu KILLER PUSSY que nous avions déjà chroniqué.

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
OIRA SUKEBAN DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Eastern Star
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h01
Image
1.85 (4/3)
Audio
Japanese Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Anglais
  • Supplements
    • Commentaire audio de Noboru Iguchi et Demo Tanaka
    • «Special Sukeban WTF Remix» clip (3mn48)
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