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Critique du film
THE MAD MAGICIAN 1954

 

Alors que Don Gallico s'apprête à présenter un incroyable tour de magie avec une scie circulaire géante, le spectacle est interrompu ! Pour des raisons juridiques, Don Gallico est contraint de retourner dans l'ombre et fabriquer de grandes illusions pour des magiciens plus renommés. Notre magicien ronge son frein et commence à ne plus supporter les entourloupes de son employeur, de son ex-femme et de son rival, Rinaldi le Grand.

En 1953 sort L'HOMME AU MASQUE DE CIRE d'André De Toth. Le film fait sensation sur grand écran grâce à un procédé 3D qui donne plus de sensationnel à son histoire horrifique. Un an plus tard, THE MAD MAGICIAN est projeté dans les salles obscures. Il s'avère que les deux films sont liés. Comme L'HOMME AU MASQUE DE CIRE, THE MAD MAGICIAN est produit par Bryan Foy et le scénario est signé Crane Wilbur. Une nouvelle fois, c'est Vincent Price qui est en tête d'affiche ! Enfin, ce nouveau film est, lui aussi, tourné en relief. Toutefois, THE MAD MAGICIAN n'a, à l'évidence, pas les mêmes moyens. Le noir et blanc remplace les chatoyantes couleurs de son prédécesseur. Les décors semblent moins spectaculaires alors que l'action se déroule plus ou moins à la même époque, soit quelques dizaines d'années auparavant, à la fin du XIXème siècle.

Si THE MAD MAGICIAN peut faire penser à une resucée de L'HOMME AU MASQUE DE CIRE, les deux histoires sont finalement assez différentes. On peut, au plus, déceler quelques similitudes. En réalité, il semble bien plus s'inscrire dans la lignée de deux films des années 40 déja réalisés par John Brahm. JACK L'ÉVENTREUR et HANGOVER SQUARE qui mettaient en scène les agissements de psychopathes gravitant autour du milieu du music-hall. Dans JACK L'ÉVENTREUR, une partie de l'action se déroulait dans une maison où le personnage principal avait loué une chambre. Il en va de même dans THE MAD MAGICIAN. Et pour se débarrasser de l'une de ses victimes, le tueur reprend l'idée du bûcher de HANGOVER SQUARE. Dans HANGOVER SQUARE nous suivons un compositeur qui, se sentant floué, commet des meurtres. Nous ne sommes finalement pas loin du magicien sous influence. Même les meurtres renvoient à la sobriété des deux autres films de John Brahm. A ce propos, THE MAD MAGICIAN ne verse jamais le sang et préfère user de la suggestion même lorsque l'une des victimes est découpée par une scie circulaire. Pour des débordements sanglants dans le milieu de la magie, il faudra donc encore patienter quelques années avec, par exemple, THE WIZARD OF GORE d'Herschell Gordon Lewis.

Le petit charme de THE MAD MAGICIAN, on le doit essentiellement à l'interprétation de Vincent Price. Le comédien n'est pas encore à l'époque une figure imposante du cinéma d'horreur. Ici, il explore déjà les personnages torturés qu'il sera amené à interpréter à de nombreuses reprises par la suite. Ce film lui donne aussi l'occasion d'interpréter différents personnages puisque l'intrigue le mène à changer d'identité de façon à brouiller les pistes. Cette faculté de transformiste fait un peu penser, quelques décennies en avance, à son interprétation largement plus outrancière dans THÉÂTRE DE SANG. C'est d'ailleurs le gros souci de THE MAD MAGICIAN. Il regorge d'idées intéressantes mais ne les exploite jamais totalement. Par exemple, le film comporte une scène au suspense qui n'aura pas de réel dénouement. Ainsi, lorsque le personnage perd un objet compromettant, sa quête pour le retrouver tourne court et se termine de manière nébuleuse sans que cela n'ait de véritable impact ensuite. La promesse d'un magicien dément n'est pas non plus tenue, ce qui ne joue pas en faveur de ce film de John Brahm.

Rappelons que le film a été tourné pour une diffusion en 3D. De fait, quelques séquences tentent d'en mettre plein les yeux du spectateur : un artiste jongle avec deux yoyos, un harangueur de foule utilise des bras qui s'allongent, le magicien nous arrose d'un jet d'eau ou nous lance des cartes à la figure avant de les piquer d'un fleuret... Autant dire qu'il s'agit de passages un peu obligés d'effets stéréoscopiques, sympathiques si vous avez l'opportunité de voir le film en 3D mais complètement inutiles pour une projection sans le relief.

L'intrigue se concentre sur une heure et douze minutes ce qui a le mérite d'être assez concis. On reste tout de même un peu sur sa faim à l'arrivée. Pas de mystère, THE MAD MAGICIAN n'est assurément pas un chef-d'œuvre et n'est à conseiller qu'à ceux qui veulent voir tous les films avec Vincent Price ou qui ont été réalisés en 3D.

Le film n'est jamais sorti en salles en France. Pourtant, il a bien un titre francisé, LE TUEUR PORTE UN MASQUE, mais il est issu de sa distribution dans les cinémas belges.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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