Header Critique : TOUR DU DIABLE, LA (TOWER OF EVIL)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA TOUR DU DIABLE 1972

TOWER OF EVIL 

Après avoir découvert un nombre impressionnant de cadavres sur l'Ile de Snape Island, la seule survivante est retrouvée en état de choc. Suspectée d'avoir tué tout le monde, des séances d'hypnose vont tenter de révéler la vérité sur le groupe d'amis venus passer quelques jours de repos sur cette ile loin de tout… supposée recueillir en son sein un trésor phénicien, mais également une créature qui semble rôder.

Sorti du tournage de LA VALLEE DE GWANGI avec Ray Harryhausen, le réalisateur/scénariste Jim O'Connolly embraye sur un film radicalement différent. Un vrai 180 degrés : du film d'aventures familial au croisement improbable entre le western et le fantastique, vers un slasher horrifique mâtiné de culte ancien. Pas étranger au film de genre, puisqu'ayant tourné un assez rigolo et sanglant LE CERCLE DE SANG pour Herman Cohen (et qui marcha très bien) avec Joan Crawford, tout comme il co-écrit le scénario de THE NIGHT CALLER, une série B de SF réalisée par John Gilling. LA TOUR DU DIABLE, titre français de TOWER OF EVIL, connaîtra divers noms, avec LE VAMPIRE DE L'ILE DU DIABLE, un HORROR ON (ou OF, selon les sorties) SNAPE ISLAND, BEYOND THE FOG pour sa ressortie (après le FOG de Carpenter). Et ses innombrables traductions rocambolesques à travers le monde… dont un «POURQUOI LE DIEU PHENICIEN TUE ENCORE?» en Italie, marchant sur les pas de L'ETRUSQUE TUE ENCORE d'Armando Crispino, qui remporta un très gros succès à sa sortie. Logique commerciale propre à chaque pays!

Côté acteurs, les habitués du film de genre britannique auront tôt fait de reconnaître Bryant Hallyday, l'inquiétant ventriloque de LA POUPEE DIABOLIQUE, ainsi que la sexy Jill Haworth de THE HAUNTED HOUSE OF HORRORS. Doublement intéressant puisque cette TOUR DU DIABLE prolonge la thématique des maisons hantées, en la transportant sur une ile et faisant du phare et ses recoins ultimes, un endroit propice à de nouvelles horreurs. D'autres visages familiers font surface, comme Robin Asquith, héros du HORROR HOSPITAL d'Antony Blach, de nombreuses sexy-comédies britanniques, ou de la version libérée de KING KONG : à savoir QUEEN KONG, où il prend la place de Jessica Lange dans les bras d'une gorille géante très en forme! On retient aussi la figure de Jack Watson, tutélaire second rôle inquiétant de nombre de films de genre, de THE GORGON à KONGA, en passant par FRISSONS D'OUTRE TOMBE ou SCHIZO : indispensable acteur!

La structure narrative choisie par O'Connolly demeure étrange : des aller-retours entre passé et présent via des séances d'hypnose de la seule survivante du massacre de Snape Island. Autant dire que de suspense il n'y a point ou presque, hormis sur les nébuleuses raisons des meurtres. Ces séances d'hypnose rappellent quelque peu les machines déjà utilisées dans IPCRESS DANGER IMMEDIAT ou les stroboscopes multicolores de THE SORCERERS. Commençant avec une aura de mystère (et une très belle séquence d'ouverture), continuant avec un schéma de « jeune adulescents venant faire la fête dans un endroit où il ne faut pas », doublé de créature hantant l'ile maudite et les exécutant un par un.

LA TOUR DU DIABLE ménage une histoire et une violence aux réminiscences de LA BAIE SANGLANTE, oubliant au passage l'ironie que Mario Bava apportait à l'ensemble. O'Connolly part dans une direction opposée, tenant plus de l'exploitation des éléments sexe et gore que d'autres choses. Il tente de faire exister en parallèle une vague histoire d'archéologues et de Dieu Phénicien, ainsi qu'un hypnose de fille catatonique… mais, bon, personne n'est dupe. La partie de chasse du tueur et du découpage de ses victimes s'avère la plus excitante et la mieux mise en valeur. Les histoires de coucheries entre les protagonistes rallongent la sauce mais, franchement, on n'en a pas grand chose à battre. Inutile, en fait, puisque le réalisateur s'en sort avec les honneurs dans la construction du suspense et la mise en images des morts. Il reste intéressant de pointer qu'un film suivra quelque peu ce cheminement : HUMONGOUS de Paul Lynch. Tout comme il aura pu servir de matrice à nombreux slashers qui fleuriront quelques années après, tout comme pour certains maquillages et thème de MASSACRES DANS LE TRAIN FANTOME. Une petite pensée à l'ANTHROPOPHAGOUS de Joe d'Amato, qui offre comme un certain clin d'oeil à LA TOUR DU DIABLE.

Pour le contenu, on nage en pleine sexploitation britannique. Un peu comme si le slasher tendance gothique s'était emparé de la comédie sexy britannique avec une bonne louche de moralité - et un peu hypocrite au passage. Les règles du slasher (sexe = mort violente, entre autre) sont déroulées sans aucune surprise, avec ce que l'époque supportait de décapitation, meurtres violents et scènes de nudité gratuite. Nul doute de les auteurs ont poussé aussi loin que ce que la censure britannique de l'époque permettait. On observe le casting féminin à des degrés divers de déshabillage complets… y compris, et ça c'est une vraie surprise, une partie des acteurs du film. On passe sur la mode de l'époque aux jeans particulièrement moulants, jusqu'à des plans appuyés de John Hamill. Avec certains effets spéciaux ingénieux, permettant un timide gore , mais relativement efficaces et innovants pour l'époque.

Un bel effort pour l'ensemble des décors : il apparait clair que les extérieurs ont été reconstitués en studio (ceux de Shepperton, de ce fait). Du premier plan de la miniature du phare , avec un travelling circulaire autour de la construction, menaçant… jusqu'au climax explosif bouclant la boucle. Ceci ajoute à l'ambiance très particulière du film se déroulant sur l'ile. Très disruptive avec ses éclairs de violence au milieu de moments de sexualité à priori libre et tranquille. L'ensemble reste magnifié par une splendide photographie et des éclairages savants de Desmond Dickinson, l'homme derrière les images & couleurs travaillées de SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L'EVENTREUR, CRIMES AU MUSEE DES HORREURS et celles éclatantes du CERCLE DE SANG, justement.

Au final, LA TOUR DU DIABLE s'avère une série B bien plus fun que son aspect bricolé et claudiquant ne laisse transparaitre. Il faudra passer sur une écriture lâche menant, entre autres maladresses, certains protagonistes à une mort atroce grâce à une stupidité remarquable. Mais que serait le film d'exploitation sans ces contrepoints? C'est également en cela qu'ils sont indispensables à notre culture. Sans imperfection, point de plaisir. Peu de surprises ici, et le fait de savoir qui survit ou non n'est pas son fort. Un facteur nostalgie 70's et une sensation de kitsch font aussi beaucoup pour le charme suranné qui entoure le film à l'atmosphère parfois impressionnante. Mais cette TOUR DU DIABLE reste diablement bien montée pour son âge!

LA TOUR DU DIABLE était bien disponible depuis plusieurs années via le zone 1 de chez Elite ou en Grande Bretagne chez Simply Media en 2006. Mais rien en France : un oubli enfin réparé! En effet, le long métrage de Jim O'Connolly arrive pour la première fois en DVD sur le sol français via Artus Films, dans sa collection British Horror. Le tout d'une durée totale de 86mn24, au format 1.85:1, avec 16/9e. Une présentation dans un digipack s'ouvrant sur les affiches US et espagnole en intérieur, et le recto reprenant à son compte le design de l'affiche anglaise. Un accès via un menu statique, reprenant en fond sonore un morceau inquiétant de la bande originale du film. Choix des versions, accès via 8 chapitres ainsi que la partie suppléments. Et à voir la qualité globale du master utilisé, on ne peut que regretter qu'Artus ne se lance pas dans la HD, comme l'éditeur US Scorpion Releasing qui avait sorti en juillet 2013 sur le territoire américain un joli Blu Ray. Ou Odeon Entertainment au Royaume Uni en octobre 2015. Un très bon niveau de couleurs, voir les gros plans avec les niveaux de rouge resplendissants des costumes, par exemples. idem pour la définition des visages, les traits des acteurs. Le rendu général est d'un très bon niveau, malgré quelques petites griffures blanches ça et là (vers la 25e minute, la traversée en bateau, p.ex) et certains noirs bouchés dans des scènes trop peu éclairées. Pour ceux possédant, comme moi, le DVD Elite, il n'y a pas photo : un sacré bond qualitatif. Un bémol cependant, puisqu'on note des images dépixellisées à plusieurs reprises : vers 22mn47, de manière assez brève. Pour se poursuivre à partir de la 57e minute, pour pour environ 85 secondes.

Du côté de l'audio, deux pistes anglaise et française en Dolby Digital 2.0 encodées sur deux canaux mono d'origine. Côté anglais, on sent qu'il est enregistré un peu bas. Une montée du son règle l'éventuel souci, mais les dialogues semblent en retrait, presqu'étouffés. La très belle partition de Kenneth Jones bénéficie d'une assez belle mise en avant et un bon équilibre avec l'ensemble de l'environnement sonore. Pas de souffle proéminent ni de distorsions à noter. Possibilité d'ajouter des sous-titres français optionnels. La piste française possède des dialogues plus clairs, très en avant, et largement plus audibles. Par contre, certains effets sonores disparaissent selon les scènes, comme à 24mn18: les cris des oiseaux lors de la traversée en bateau (qui sont eux audibles sur la piste audio anglaise). Mais à tout choisir, la version française bénéficie d'un net avantage.

Enfin pour la partie suppléments, on retrouve Eric Peretti, de chez Sueurs Froides, déjà présent sur d'autres éditions d'Artus Films ainsi que chez Le Chat Qui Fume. Il s'enthousiasme pour cette TOUR DU DIABLE et revient largement sur le film, sa production et son contexte pendant un peu plus de 25mn. A noter que le bonus tourné spécifiquement pour l'occasion bénéficie d'une agréable mise en scène, différente des autres suppléments tourné par Artus : réalisé en extérieur devant une tour médiévale en ruines fort à propos, entrecoupé d'extraits du film. Un diaporama et les films annonces de la collection British Horror complètent l'édition.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
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Un slasher gothique stylisé
Une très jolie copie
On n'aime pas
Quelques scènes dépixellisées
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L'édition vidéo
TOWER OF EVIL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h26
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Derrière la Brume : Entretien avec Eric Peretti (25mn21)
    • Diaporama (1mn)
      • Films annonce
      • La sang du vampire
      • La nuit des maléfices
      • Horror Hospital
      • La tour du diable
      • La poupée diabolique
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