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Critique du film et du Blu-ray Zone A
AVALANCHE 1978

 

David Shelby (Rock Hudson) est un promoteur immobilier qui prépare l'ouverture d'un gigantesque centre de loisirs en pleine montagne. Récemment divorcé de sa femme (Mia Farrow) qui vient lui rendre visite, il reçoit en parallèle les avertissements de Nick Thorne, un photographe défenseur de l'environnement (Robert Forster). Le manteau neigeux instable doublé des travaux provoquent des vibrations et risquent de causer une avalanche géante.

En pleine pente descendante du cycle de films catastrophe des années 70, Roger Corman n'avait pas encore apposé sa patte sur ce genre. Il pond donc l'idée d'une avalanche ravageant une ville montagnarde. Evaluant l'ensemble à 1,7 millions de dollars, soit le plus gros budget alloué à un film de la New World Pictures à cette époque, il reçoit le soutien inattendu de CBS, intéressé par le concept. Et qui accepte de verser deux millions de dollars pour le pré-achat. A condition qu'il apporte des têtes d'affiches. Il pu donc engager Rock Hudson, alors sur la fin de sa carrière de tête d'affiche, et Mia Farrow. Robert Forster (VIGILANTE, JACKIE BROWN) lancé par ses soins, rejoint le casting, tout comme Jeannette Nolan et quelques réguliers de l'écurie Corman comme Antony Carbone.

Corman engage Corey Allen sorti tout droit du succès d'UN COCKTAIL EXPLOSIF. Il s'occupe à la fois de la rédaction du scénario, de la mise en scène et de la direction des acteurs. Pour les séquences de montagne et d'avalanches, ce fut Lewis Teague qui prit la place de réalisateur seconde équipe. Il fut ensuite propulsé comme réalisateur chez Corman et gagna ses galons sur la scène internationale avec L'INCROYABLE ALLIGATOR, CAT'S EYE ou encore LE DIAMANT DU NIL. Il n'y a qu'à vivre les séquence de poursuite à ski pour se rendre compte du choix judicieux de Teague. A noter également la présence incongrue de Pierre William-Glenn à la photographie du film. Le terrible réalisateur de l'inénarrable TERMINUS avec Johnny Halliday, et directeur photo émérite de LA NUIT AMERICAINE, LA MENACE ou SERIE NOIRE a réussi à se faire embobiner par Corman pour ce faire!

Les sources divergent quant au réel coût du film et son succès. Dans les bonus du Blu-ray de chez Scorpion, Corman précise que vu l'argent versé par CBS, le film était donc déjà payé - il lui restait en plus les ventes internationales. Ce qui en fit un nouveau succès «très profitable» pour lui. Par contre, le livre Mind Warp : The True Fantastic Story of Roger Corman's New World Pictures précise qu'il ne rencontra pas le succès espéré et que le budget trop élevé (indiqué à 6,5 millions de dollars) ne permit pas de tout recouper. La vérité doit se situer entre les deux mais nul doute que Corman se débrouilla très bien, le film effectua des sorties cinéma à travers le monde. Même en France où il rencontra un résultat très modeste.

Côté film, on reste très très loin des spectaculaires productions à la Irwin Allen. Une production Corman pointe forcément un look plus série B qu'autre chose. Même plus un format télévisuel qu'autre chose. le choix de tourner en 1.85:1 plutôt qu'en format Scope trahit déjà la réduction non seulement budgétaire mais également d'ambitions visuelles d'un film catastrophe. Autre entorse au genre : l'absence de pléiades de seconds rôles. Pas de syndrome Shelley Winters (L'AVENTURE DU POSEIDON) à l'horizon ou de simili Gloria Swanson (747 EN PERIL), Mercedes McCambridge (AIRPORT 80 CONCORDE) et autres stars du passé bonnes à recycler. Il n'y a guère que Jeannette Nolan qui titillera les cinéphiles les plus ardus, héroïne du MACBETH d'Orson Welles. Le reste du casting, entre un chanteur/acteur Rick Moses connu seulement du public américain ou un Barry Primus pas encore vraiment sorti des troisièmes rôles, c'est une morne plaine.

Il est amusant de constater que les séquences d'avalanche, provenant d'une production Corman, demeurent quelque peu célèbres à plusieurs niveaux. Il y a certes un beau travail sur les miniatures malgré l'absence criante de budget. Donc certains effets spéciaux dépassent à peine le stade de la médiocrité. Les chutes de blocs de neige/glace qui font penser à du polystyrène expansé, ça va bien deux secondes. Mais pour le fan avide de films catastrophes ou le cinéphile curieux, l'intensité et la durée de l'avalanche géante étonnent. Un climax non-stop de presque sept minutes ! D'autant plus que Corman arrivera à revendre les scènes à plusieurs reprises, et pas que des chutes ou des stocks shots. On reverra des plans entiers dans METEOR ! Corman confie qu'un de ses amis travaillant sur le film de Ronald Neame avait pris du retard : des soucis sur les séquences d'avalanche. Corman lui revendit donc les plans. En fait, on les retrouve dans plusieurs autres oeuvres, dont par exemple en 1982 l'épisode «The Snow Job» de la série L'HOMME QUI TOMBE A PIC avec Lee Majors. Qui reprend à son compte des scènes entières du film, notamment la très belle séquence de l'ambulance chutant dans le vide, avec Mia Farrow et Rock Hudson suspendus. Tout étant fait pour faire correspondre Majors à Hudson quant aux vêtements, sans parler des décors alentours.

Ceci posé, on remarque rapidement aussi que le film manque non seulement de budget et de tension, mais que même l'histoire sent le réchauffé. Corman avait quelques préoccupations écologiques transpirant déjà dans PIRANHAS... AVALANCHE est en fait la version catastrophe de PIRANHAS. Echangez la menace : poissons lâchés par erreur via des industriels peu scrupuleux contre environnement montagnard contrarié par un promoteur immobilier qui ne respecte pas la nature. Avec des victimes en pagailles suite au climax… AVALANCHE n'est ni plus ni moins que les Dents de la Neige. Une combinaison très cormanienne de sauter sur les succès en vogue, d'en faire des copies quasi carbone pour par cher. Non pas que le film soit mauvais, loin s'en faut. Il a le mérite d'être court, de foncer droit au but, d'offrir quelques séquences mémorables à défaut d'un scénario original manquant singulièrement de relief dramatique ou de tension quelconque. On assiste à un spectacle d'un autre temps, un peu paresseux mais jamais ennuyeux à proprement parler. Même si, franchement, la romance entre Mia Farrow et Rock Hudson parait totalement hors de propos. Ce sont plus vers les seconds rôles qu'il faut chercher la satisfaction de personnages bien croqués. Avec toujours ce second degré qui caractérisent les productions New World de cette époque. On n'oubliera pas de mentionner aussi des cascades spectaculaires, un jeune gamin qui boit du champagne et une paire de seins au passage. L'explosion à la 67ème minute qui fait penser à du gag slapstick à la Blake Edwards plus qu'à un drame humain. Et le clin d'oeil au chef/producteur : le cinéma local se nommant «Gaslight» (juste après l'explosion au gaz) diffusant un double programme EAT MY DUST et UN COCKTAIL EXPLOSIF. Corman Fever!

AVALANCHE opère un virage beaucoup plus lisse dans les thématiques et la mise en scène de Corey Allen applique pépiement une formule sans prendre beaucoup de risques. Est-ce le fait de gérer un budget plus important ? Que la télévision ait mis des billes ? Toujours est-il que cette opération Grand Public manque du mordant de Joe Dante pour PIRANHAS, ou le côté sec et direct de Jonathan Demme pour 5 FEMMES A ABATTRE, entre autres exemples. Il n'empêche, le film garde un rythme régulier, quelque scènes font mouche - comme celle de la patineuse qui réussit enfin son programme mais se voit engloutie par le torrent de neige, ou la spectaculaire descente de Rick Moses lors de la seconde avalanche, l'ambulance sautant dans le vide... Y compris la tension permanente existant dès la 55ème minute. Donc même si la neige est parfois bleue - du au rendu image d'effets spéciaux lancinants, on peut chausser ses skis Haute Définition sans souci pour surfer non pas sur une piste noire à bosses, mais une belle verte sans grand risque, mais sûre de son chemin.

AVALANCHE fait ses débuts en HD via Scorpion Releasing. En 1080p, MPEG4-AVC et au format 1.78:1. La durée totale est de 93mn35 et il s'agit de la première sortie officielle du film au format respecté ! Dès les premières minutes, la copie effraie. Le générique affiche des griffures, saletés en tous genre qui font craindre le pire. Passé cette mauvaise surprise, on assiste à une haute définition bien meilleure qu'espérée pour un produit tourné à si peu de frais. Un joli sens des détails, perceptible surtout dans les scènes d'intérieurs. Avec des couleurs chatoyantes, des teintes relativement douces. Même dans les scènes d'extérieur - voir celle de la construction du chalet à 16mn20 : bleu du ciel resplendissant, contour des personnages et teinte de peau naturelle. Le transfert réussit à séduire - voire en ce sens la séquence où le skieur Bruce Scott (Rick Moses) sort au milieu de la foule. Un rouge qui tranche et un niveau de détails (visage, cheveux, vêtements) qui surprennent dans le bon sens. Indéniablement, un beau travail - si l'on met bien sur de côté les images des stock-shots d'avalanche pétris de rayures noires, que Corman aura ajouté pour appuyer les effets de désastres naturels provenant de sources documentaires pas vraiment optimales. Voire même certains moments d'incrustation d'effets spéciaux que la haute définition rend désastreux, comme la première avalanche à 18mn20.

Une piste audio anglaise en DTS HD Master Audio 2.0, en mono de bonne tenue, manquant fatalement de dynamisme quant aux scènes d'action. Mais des dialogues clairs et la partition atmosphérique de William Kraft se diffusent de la meilleure manière dans les enceintes. Voir en ce sens le générique de début, parfaite entrée en la matière. On peut toutefois regretter l'absence de sous-titres quel qu'il soit.

Le menu fixe fait pauvret, à l'instar ce qui a a été pondu pour METEOR. Un peu d'emballage supplémentaire ne ferait pas de mal au ressenti général. Pour les suppléments, Scorpion propose deux interviews intéressantes et en haute définition. Un véritable mieux en termes de qualité audio et visuelle par rapport à celle, par exemple, de Paul Mantee pour leur Blu-ray de DAY OF THE ANIMALS. Tout d'abord avec l'inoxydable Roger Corman, intarissable sur le film, au discours ramassé et précis (à l'image de ses productions!)- toujours avec beaucoup d'humour. Et ne faisant que des éloges à faire sur les forces en présence. Robert Forster n'est pas en reste, même si moins volubile que Corman. Surtout quant à la perspective d'un tournage en pleine montagne qui ne le ravissait guère ! Plaisant à suivre et très professionnel. Notamment sur sa rencontre avec Lewis Teague, pour sa participation (non créditée au générique) sur DU ROUGE POUR UN TRUAND, qui mena selon lui à l'un de ses meilleurs films : L'INCROYABLE ALLIGATOR. Le film annonce original en haute définition complète l'édition, qui bénéficie également d'un menu pop-up, dans la continuité de ce qui a été élaboré pour METEOR.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
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397 critiques Film & Vidéo
On aime
Roger Corman et Robert Forster en interview
Une définition agréable
Une série B au climax principal prenant
On n'aime pas
Un visuel parfois trop téléfilm
Un menu anémique
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L'édition vidéo
AVALANCHE Blu-ray Zone A (USA)
Editeur
Scorpion
Support
Blu-Ray (Simple couche)
Origine
USA (Zone A)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.78 (16/9)
Audio
English DTS Master Audio Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Interview Roger Corman (6mn40)
    • Interview Robert Forster (12mn29)
    • Film annonce original (2mn13)
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