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Critique du film
MOTHER'S DAY 2010

 

Un couple fête la crémaillère de leur nouvelle maison avec un groupe d'amis. Surgissent alors deux hommes armés tenant dans leur bras leur complice grièvement blessé au torse. L'un des invités, George (Shawn Ashmore), médecin de profession, s'occupe du blessé pendant que les autres sont pris en otage. De fil en aiguille, George comprend que les trois malfaiteurs sont trois frères ayant vécu auparavant dans la maison. Leur mère, celle qui leur a tout appris, est en route pour les retrouver.

Qui se souvient de MOTHER'S DAY de Charles Kaufman ? Réalisé en 1980 par le frère de Lloyd Kaufman, le fondateur de Troma qui produit aussi le film, MOTHER'S DAY était une pellicule fauchée et glauque marchant sur les plates bandes du MASSACRE A LA TRONCONNEUSE de Tobe Hooper ou encore de LA DERNIERE MAISON SUR LA GAUCHE de Wes Craven. L'humour en plus. Le film décrivait le calvaire de trois jeunes filles martyrisées par deux frères débiles sur les ordres de leur vieille matrone de mère. Produit culotté et quasi-amateur typique des petits films d'horreur des années 80, MOTHER'S DAY se concluait sur un plan aussi impressionnant que stupide, calqué sur le sursaut final du premier VENDREDI 13. Il n'en faut pas nécessairement plus pour que MOTHER'S DAY devienne une mini légende de vidéoclub au capital sympathie encore aujourd'hui prégnant.

L'usine à remake qui monopolise le cinéma d'horreur américain de ces dernières années se souvient lui aussi du film de Charles Kaufman et nous propose aujourd'hui une nouvelle version. Cette dernière est réalisée par Darren Lynn Bousman, l'homme qui a enchaîné SAW 2, SAW 3 et SAW 4 avant de s'offrir une récréation avec l'étrange comédie musicale gothique REPO ! THE GENETIC OPERA. Ce remake convoque bien entendu une foule de jeunes comédiens remarqués au cinéma ou à la télévision comme Shawn Ashmore (les X-MEN), Frank Grillo (NCIS, PRISON BREAK), Jaime King (MEURTRES A LA ST VALENTIN) ou encore Briana Evigan (SORORITY ROW). Alors que l'original faisait du personnage de la mère une vieille femme à cheveux blancs, le remake choisit une voie complètement différente en proposant le rôle à Rebecca de Mornay, la superbe call girl qui faisait tourner la tête de Tom Cruise en 1983 dans RISKY BUSINESS, et qui a maintenant passé (avec élégance) le cap de la cinquantaine.

Ce changement d'angle vis-à-vis du personnage de la mère n'est que la première brique d'un film qui a parfaitement intégré l'idée qu'un bon remake doit être une complète réinvention. MOTHER'S DAY ne reprend que le concept de base de l'original (une femme élève ses enfants dans la voie du mal) et repense tout le scénario à partir de zéro. Le film de Bousman n'est donc plus un ersatz campagnard de MASSACRE A LA TRONCONNEUSE. Il concentre une grande partie de son action dans une maison de banlieue américaine à l'occasion d'une prise d'otage extrêmement tendue entre une famille de tordus et les nouveaux occupants. Si l'original versait volontiers dans l'humour et le grotesque, le remake utilise un ton extrêmement sérieux et réaliste. Rebecca de Mornay campe une mère terrifiante mais aussi prête à tout pour protéger ses enfants d'un monde extérieur jugé malsain (elle fait par exemple croire à sa fille qu'elle a une maladie de peau pour l'obliger à rester cachée du regard des hommes).

MOTHER'S DAY est un film bourré de séquences impressionnantes et efficaces, comme une extraction de balle effectué avec les moyens du bord ou encore une partie de cache-cache dans une teinturerie. Mais contrairement aux SAW, ce nouveau MOTHER'S DAY n'est pas qu'un film à scènes chocs. C'est aussi et surtout un film qui brouille les pistes, opposant deux clans ayant chacun ses raisons et ses doutes. Si nous sommes par défaut du côté des opprimés, le film s'amuse à égratigner le vernis de nos héros en montrant que l'instinct de survie n'est pas toujours compatible avec les qualités humaines requises par la société auquel nous appartenons. Cette démonstration est faite par l'un des fils lors d'une sortie à l'extérieur. Il met en joue deux jeunes filles rencontrées au hasard dans la rue. Il donne le choix à l'une des filles : se prendre une balle dans la tête ou bien être épargnée à la condition de poignarder son amie à mort. A peine le fils aura-t-il fini sa phrase que c'est la deuxième fille, non mise en joue, qui s'empare du couteau pour tuer son amie.

Doté d'une mise en scène élégante qui s'amuse avec l'art du huis clos, d'un scénario fort qui multiplie les rebondissements tout en se révélant plus profond que prévu et d'une interprétation solide, MOTHER'S DAY étonne par la qualité du spectacle qu'il nous propose. Rebecca de Mornay livre une excellente performance en rendant crédible son personnage de mère ultra violente mais aussi folle d'un amour maladif pour ses enfants. Alors que nous pensions que cet énième remake ne vaudrait pas mieux que les piteuses nouvelles versions de MEURTRES A LA SAINT VALENTIN ou encore PROM NIGHT, MOTHER'S DAY nous démontre enfin qu'un remake judicieux et bien pensé peux aboutir à un excellent résultat. Assurément l'une des meilleures surprises horrifiques américaines de l'année.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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