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Critique du film
MUGAMOODI : L'HOMME MASQUE 2012

 

Jeune homme passionné de Kung Fu et grand fan de Bruce Lee, Anand passe le plus clair de son temps à s'entrainer. Le soir, il retrouve ses amis, descend quelques bières et s'amuse même à défier, visage masqué, les meilleurs combattants de l'école rivale. C'est justement lors de l'une de ces petites rixes qu'il rencontre Shakthi, la fille du chef de la police locale. Anand en tombe amoureux et tente de la séduire maladroitement, costumé en Super Héros et répondant au nom de Mugamoodi. Mais le jeu tourne court lorsqu'il se retrouve impliqué dans une tentative de meurtre ainsi qu'une sombre histoire de corruption touchant les hautes sphères de l'administration indienne...

Bien que les Supers Héros nous viennent assez majoritairement des Etats-Unis, il serait bien dommage de passer outre les personnages sauvant veuves et orphelins aux quatre coins du monde. Si l'on se limite au nouveau millénaire, THE PHANTOM nous est par exemple arrivé du Canada, L'ECLAIR NOIR de Russie et CAPTAIN BERLIN d'Allemagne ! Du côté de l'Asie, le Japon nous aura offert quelques héros délirants avec les deux ZEBRAMAN, YATTERMAN, QUEEN BEE HONEY et bien d'autres. De Malaisie, nous aurons eu CICAKMAN alors que les Philippines nous auront invités à découvrir entre autres GAGAMBOY, LASTIKMAN et VOLTA. Jamais en reste, la Thaïlande aura exhibé ses MERCURY MAN, RED EAGLE et autres SCORPION WARRIOR... Difficile dans ce contexte Super-Héroïque d'envisager que l'Inde puisse passer à côté du sujet ! En se limitant toujours aux années 2000 et en laissant de côté les quelques séries télé, KRRISH s'impose en 2006 comme la tête de proue de ces bonshommes masqués. En 2009, le tamoul KANTHASWAMY lui emboite le pas, suivi de VELAYUDHAM en 2011. Puis l'industrie Bollywoodienne tire à nouveau la couverture avec ZOKKOMON et RA.ONE, tous deux sortis sur les écrans en 2011.

Retour donc au Tamil Nadou avec cette année une nouvelle tentative intitulée MUGAMOODI. A l'origine, il s'agit d'un projet aux ambitions assez larges, datant de 2008. La super-Star locale Surya (GAHJINI, LE 7EME SENS, etc.) devait alors incarner le héros castagneur et le budget était estimé à 45 Crores, soit environ 6,4 millions d'Euros. Une enveloppe très confortable qui sera cependant revue à la baisse assez rapidement, la production n'étant pas parvenue à trouver un accord avec l'acteur. Il en sera de même avec Vishal Krishna, autre acteur tamoul également pressenti pour le rôle. Myshkin, scénariste et futur réalisateur du projet, se voit donc contraint de remballer son MUGAMOODI et de passer à autre chose, dont NANDALALA, remake du KIKUJIRO de Takeshi Kitano. En 2011, l'acteur Jiiva remporte un vif succès en interprétant le journaliste du film KO. Il signe alors dans la foulée pour devenir Anand, le héros masqué d'un MUGAMOODI dont le budget n'est plus que de 20 Crores, soit 2,8 millions d'euros. N'y voyons pas cependant une baisse des ambitions, bien au contraire. Quelques jours avant la sortie du métrage sur les écrans indiens, Myshkin annonce en effet qu'il entend bien faire naitre une franchise et enchainer les métrages au rythme d'un par an. Les producteurs confirment dans la foulée une première suite pour 2013, chose assez probable si l'on en croit les premiers résultats au box office...

La vision du métrage ne fait du reste que conforter le propos. Car si MUGAMOODI est un film totalement autonome, se suffisant à lui-même, il est aussi le récit de la naissance d'un héros. Le costume tel que mis en avant sur l'affiche n'arrive donc qu'en fin de métrage et se veut l'aboutissement d'une succession d'événements subis par notre héros. Avant cela, nous aurons droit à une aventure plutôt curieuse, mêlant l'inévitable romance «à l'indienne» avec ce que l'on a pu voir dans SUPER, KICK-ASS ou même la première moitié de THE AMAZING SPIDER-MAN. Héros hésitant, décalé, costume approximatif et ringard seront donc de la partie ! Mais plus que tout, MUGAMOODI calque sa structure sur celle de nombreux films de Kung-Fu hongkongais. On retrouve donc l'affrontement de deux écoles, l'arrogance d'un personnage principal assez sûr de ses compétences, les Maîtres-frères ennemis et l'apprentissage de quelques techniques secrètes. D'une certaine manière, Anand est ici le pendant du Chen Zen de LA FUREUR DE VAINCRE, prompt à user de ses poings pour l'honneur et la sauvegarde de son école. Une référence finalement assez logique puisque le personnage principal ambitionne avant tout d'être le Bruce Lee tamoul, au point de se faire appeler comme lui ! Ce dernier point sonnera d'ailleurs de manière quelque peu ridicule en début de métrage, et ce d'autant plus que Jiiva n'a rien d'un artiste martial. Les quelques semaines d'entrainement nécessaires au rôle en ont fait un combattant honnête à l'écran, mais en aucun cas le félin ou le dragon qu'il est supposé incarner.

Ne soyons pas trop durs cependant, car les altercations de MUGAMOODI sont plutôt bien orchestrées. L'une d'elle, purement hongkongaise, se déroule au sein d'un marché et offre le spectacle réjouissant d'un affrontement entre notre héros et une horde de poissonniers armés de hachoirs ! Bien évidemment, le métrage avance et l'action prend un jour nouveau, allant jusqu'à lorgner tantôt vers l'infiltration, tantôt vers l'usage de gadgets. Le film de Myshkin révèle alors assez clairement sa seconde influence majeure, à savoir celle du Batman version Nolan. Le grand-père adepte de robotique et l'oncle costumier deviendront dés lors des aides précieuses et, bien que décalées, assez sympathiques. Ces trois qualificatifs pourraient également définir la ravissante Pooja Hegde (Shakthi dans le film), demoiselle convoitée non sans mal par notre maladroit héros. La jeune femme distille quelques moments de comédie qui font mouche, martyrisant son prétendant à l'aide d'une foule d'ustensiles, dans la pure tradition des animés de Tex Avery...

S'étirant sur une durée de deux heures et trente cinq minutes, MUGAMOODI se montre suffisamment vif et généreux pour que l'on n'ait pas à penser à sa montre. La mixtion des genres fonctionne plutôt bien et les réfractaires aux passages chantés seront rassurés d'apprendre que le film n'en comporte que deux. Le premier s'avère d'ailleurs assez étonnant puisqu'il s'agit en quelque sorte d'une ode à l'alcool et aux bars, lieux de convivialité permettant d'oublier le quotidien. Lorsqu'on sait que l'alcool est globalement mal perçu en Inde, voir prohibé (le territoire de Pondichéry), et que la consommation rime généralement avec alcoolodépendance, il y a tout de même de quoi écarquiller les yeux face à ce «clip» plutôt sympathique ! A contrario, nous noterons qu'à chaque cigarette allumée pendant le film, un petit message anti-tabac (incrusté à l'image) fait son apparition durant quelques secondes. Au chapitre des petites curiosités, signalons également que comme beaucoup de films indiens, nous avons droit ici à un entracte. MUGAMOODI est sorti en France le 31 août, tout comme en Inde. La combinaison de salles était très réduite chez nous, deux seulement ! Nous saluerons le Mega CGR d'Evry qui a choisi de respecter ce fameux entracte, à la grande surprise des plus jeunes spectateurs ! Quelques jours après avoir été mis à l'affiche, MUGAMOODI était déjà retiré et donc invisible sur notre territoire. Le film demeurant agréable, nous ne saurions trop vous conseiller de guetter la sortie du DVD indo-britannique, laquelle survient généralement deux à trois mois après la sortie dans les salles...

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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