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Critique du film
MAKE OUT WITH VIOLENCE 2008

 

Patrick et Carol sont deux frères jumeaux venant juste de terminer leurs études universitaires. Ils vivent dans une petite ville américaine de banlieue avec leur jeune frère Beetle. Un jour, la belle Wendy, une amie de l'université, disparaît. Un moment difficile pour les deux jumeaux, secrètement amoureux de la jeune femme. En se baladant dans les bois, les frères vont tomber sur le cadavre de Wendy. Un cadavre, mais vivant… Les jumeaux vont alors ramener la jeune femme chez eux et essayer d'en prendre soin en secret.

MAKE-OUT WITH VIOLENCE est un petit film indépendant, produit sur cinq ans par une poignée de jeunes passionnés originaires de Nashville. Le film est réalisé par les Deagol Brothers, un pseudonyme cachant deux amis d'enfance : Andy Duensing et Christopher Doyle (non, pas le célèbre chef opérateur, c'est un homonyme). Les Deagol Brothers peuvent aussi être vus comme un collectif car d'autres collaborateurs viennent jouer un rôle important dans le processus de création du film. C'est le cas des musiciens Eric et Jordan Lehning, les deux frères responsables de la superbe musique du film. Musique dont la composition débuta dès l'écriture du scénario et qui influença énormément le développement du projet.

MAKE-OUT WITH VIOLENCE est un très étrange film mixant les genres et les ambiances. Bien qu'il mette en scène un mort-vivant, le film n'est pas pour autant un film d'horreur. C'est également une comédie, un film sur «l'adolescence», un film romantique aussi. L'histoire nous plonge dans le quotidien de deux frères s'apprêtant à quitter l'adolescence pour entrer dans l'âge adulte. Le film se déroule durant l'été où ils achèvent leurs études. Une période de temps suspendu où ils vont profiter une dernière fois de leur environnement avant d'être (peut-être) séparés par le passage au monde du travail. Ces deux frères ne sont pas pour autant les deux personnages principaux du film. L'histoire adopte le point de vue de leur jeune frère, Beetle. Un garçon qui va, quant à lui, quitter le monde de l'enfance pour entrer dans celui de l'adolescence. Témoin à la fois passif mais essentiel du film, Beetle charpente toute la narration du métrage grâce à une voix off douce et mélancolique.

Il est donc plus ici question de «passage» que de mort-vivant. Wendy, la belle zombie, peut être interprétée comme la métaphore d'une adolescence que l'on ne parvient pas à quitter. Bien entendu, les auteurs s'amusent avec les codes du genre en réinventant certaines situations sous l'angle très «réaliste» de leur narration, le tout avec beaucoup d'humour. En essayant de s'occuper d'elle et de la nourrir, les jumeaux découvrent qu'elle a perdu ses réflexes de mastication. Ils vont donc mixer différents types d'aliment avant de découvrir que sa voracité se décuple face à des animaux vivants. Le gore et l'horreur n'intéressant pas les Deagol Brothers, nous n'assisterons pas à des scènes d'attaque de Wendy contre ses bienfaiteurs. Wendy est une morte-vivante très passive et ayant besoin d'assistance. MAKE-OUT WITH VIOLENCE préfère plutôt se concentrer sur un espèce de triangle amoureux entre les jumeaux et la belle jeune femme, ces derniers étant finalement ravis de pouvoir s'occuper de leur amour secret. Encore faudra-t-il trancher dans la rivalité qui va s'installer dans ce trio «amoureux».

Aérien, touchant, profondément mélancolique, MAKE-OUT WITH VIOLENCE fait beaucoup penser à VIRGIN SUICIDE de Sofia Coppola ou encore STAND BY ME de Rob Reiner. La voix-off omniprésente du jeune Beetle crée cette étrange distance avec l'histoire, une distance qui semble nous dire que l'été décrit par le film sera quoi qu'il arrive celui où les trois frères se diront au revoir. La formidable bande son du métrage est pour beaucoup dans l'émotion procuré par le film. Alternant pop et nappes chaudes et enveloppantes, la musique de MAKE-OUT WITH VIOLENCE est très inspirée par les films de Wes Anderson ou encore Sofia Coppola. Une petite sensation de réchauffé qui est vite balayée par la puissance sensitive des mélodies. MAKE-OUT WITH VIOLENCE se révèle donc une très bonne surprise, même si le film souffre de quelques longueurs qu'un montage moins délié aurait pu corriger. Le pari du mélange des genres est cependant remporté haut la main. On ressort du film d'autant plus séduit que ce dernier s'achève sur un final absolument magnifique, aussi bien en terme d'image que d'émotion. En ces temps d'embouteillage de films de morts-vivants, MAKE-OUT WITH VIOLENCE est une bulle de fraîcheur et de créativité.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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