Header Critique : DOGS (LES CHIENS FOUS)

Critique du film et du DVD Zone 2
DOGS 1976

LES CHIENS FOUS 

Ce que cherche le professeur Michael Fitzgerald, c'est avant tout la tranquillité. Dans ce but, il part s'isoler et accepte un poste dans une petite ville universitaire du sud ouest des Etats Unis. Mais alors qu'il se familiarise peu à peu avec son nouvel environnement, le professeur et son ami Harlan Thompson sont confrontés à d'étranges attaques animales. Bien vite, ils devront se rendre à l'évidence : Les chiens, du plus gros des dogues allemands au plus ridicule des caniches de mamie, se liguent pour dévorer leurs maîtres, leurs voisins et, à dire vrai, tout ce qui leur passe sous les crocs. Est-ce là un phénomène lié à l'accélérateur de particules linéaires qui sévit dans les laboratoires de la ville ? N'est-ce là qu'une simple rébellion de nos amis velus ? Et par-dessus tout, quelles que soient les causes de cette vague de sauvagerie, comment y survivre ?

C'est en 1976 que les chiens de DOGS font aux Etats-Unis leur carnage sur les grands écrans. Le petit monde des productions à base d'animaux tueurs venait alors d'être chamboulé, un an plus tôt, avec l'arrivée du requin de Steven Spielberg. L'influence des DENTS DE LA MER se fait encore aujourd'hui sentir dans la plupart des films de bestioles et pourtant, ce n'est pas là que DOGS va puiser son inspiration…

En effet, Burt Brinckerhoff, jeune réalisateur essentiellement télévisuel qui travailla entre autres sur les séries cultes ALF et SUPERMINDS, s'inspire pour son drame canin d'un autre grand classique, datant cette fois de 1963. C'est bien entendu du magistral LES OISEAUX d'Alfred Hitchcock dont il est question. Plus qu'une inspiration, nous pouvons même parler d'hommage tant le concept de DOGS est proche de l'œuvre du maître du suspense… Evoquons tout d'abord le cadre puisque dans les deux cas l'histoire prend place au sein d'une petite ville a priori tranquille, isolée et loin des tourments de la violence… Vont alors survenir des attaques, inexplicables dans un premier temps, et qui vont dévoiler une réalité des plus effrayantes. Des animaux pourtant familiers s'organisent en meutes pour mener de sanglantes attaques. La filiation avec LES OISEAUX ne s'arrête bien entendu pas là et se fera sentir jusque dans la fin du métrage, n'offrant que peu de possibilités et montrant l'humain dépassé, condamné à fuir.

Ajoutons de plus que l'une des agressions du film fait clairement référence à la fameuse scène de la douche de PSYCHOSE du même Hitchcock. La structure de la séquence est donc la même avec, fort logiquement, une mâchoire aux dents monstrueuses en guise de poignard. La victime hurle, le rideau de douche est arraché et le sang coule... DOGS est donc un film référentiel dans lequel le réalisateur n'hésite pas à montrer son amour pour le thriller Hitchcockien. N'allons pas croire cependant qu'il en perd toute identité, loin s'en faut...

Ainsi dès le générique, particulièrement bien vu, tout est dit. Nous assistons à la folle cavalcade d'un chien de compagnie qui, sans raison apparente entreprend de traverser la ville au pas de course. Bien vite, le chien est rejoint par d'autres camarades tous aussi sympathiques qui finissent par former une meute. Bien qu'individuellement inoffensifs, ces chiens se déplaçant en bande semblent soudainement devenir une entité unique parcourant son territoire : une ville vidée de tout habitant humain. Le chien est roi, ou en passe de le devenir… Notons cependant que malgré la présence supposée de trente chiens (déclarée dans les bonus), la horde sauvage ne semble à l'écran en compter qu'une petite dizaine. Si le réalisateur a sans aucun doute atteint son objectif avec cette première scène, il semblerait donc qu'il n'ait pas réussi à lui donner toute l'ampleur qu'il désirait… L'ensemble du film sera du reste à l'image de cette séquence d'introduction, à savoir que nous avons là de brillantes idées au service d'une mise en image souvent maladroite plombant quelque peu l'ensemble.

Cela sera notamment le cas lors des séquences d'attaques par exemple. Très bien amenées, celles-ci sont généralement précédées d'un instant significatif durant lequel Burt Brinckerhoff prend grand soin de faire monter la tension. Ces séquences de «stress» sont bien entendu suivies d'une ou plusieurs attaques qui seront le plus généralement mortelles. Cependant, lors des agressions en elles-mêmes, le découpage n'est pas exempt de défaut et se montre trop classique, trop placide, ne faisant que rarement ressortir la sauvagerie supposée. Un défaut regrettable qui tend donc à atténuer ce qui aurait dû être le clou du film. Ajoutons à cela que ces scènes sont presque exclusivement nocturnes et exagérément sombres, rendant par moment l'action bien peu lisible... Ne soyons cependant pas trop dur, reconnaissons que l'ensemble fonctionne plutôt bien et que certaines séquences parviennent même à sortir clairement du lot. L'attaque sous la douche ou celle d'un homme au visage lacéré en sont de bons exemples. La fuite de très jeunes enfants devant leurs propres chiens devenus violents ainsi que le chaos final dans l'université sont eux aussi de grands moments d'horreur. Car en effet, bien que maladroit par instant, le film n'hésite en aucun cas à se montrer particulièrement désespéré voire apocalyptique. Les cadavres d'adolescents jonchent le sol, toute fuite semble vouée à l'échec et les forces de l'ordre elle-même succombent sans résistance aux crocs acérés des chiens fous…

Mais outre les chiens, ce sont aussi bien entendu les acteurs qui assurent le spectacle. La tête d'affiche est du reste brillamment interprétée par l'excellent David McCallum, bien connu pour avoir été l'un DES AGENTS TRES SPECIAUX ou encore le premier HOMME INVISIBLE affublé d'une coupe au bol ! Toujours très juste dans son jeu, l'acteur nous livre ici une performance d'homme tour à tour renfermé, inquiet puis traqué. A ses côtés, le non moins sympathique George Wyner, débutant alors, incarne avec aisance un professeur quelques peu dépassé par les événements… Et reconnaissons que les événements en question ont de quoi dérouter ! Le film est très rythmé et ne laisse guère le temps au spectateur de s'ennuyer, ce qui palie du reste grandement le manque de moyens et le jeu douteux de certains seconds rôles. L'essentiel est donc bien là, le spectacle est clairement au rendez-vous et nous tenons avec DOGS l'un des meilleurs films, quoi que fort daté, d'attaques canines aux côtés du THE PACK de Robert Clouse ou du TRAPPED de Frank De Felitta

L'édition DVD du film se montre quant à elle surprenante à plus d'un titre… L'image tout d'abord nous est proposée dans un format plein cadre (1.33 [4/3]). En plus donc de ne pas respecter le format d'origine (1.85 lors de sa sortie cinéma), le transfert s'avère plutôt sale et sombre. Les artefacts sont nombreux et viennent polluer ce qui, de plus, est mal encodé. Bien dommage mais le pire n'est pas là. En effet, la galette édité par Edito ne propose à nos chères oreilles qu'une piste audio française stéréo proprement hallucinante. Le doublage dans la langue de Molière se révèle en effet être une véritable horreur, discréditant les personnages et plus particulièrement femmes et enfants. Ces voix nasillardes ont de plus une bien étrange particularité : Elles prennent le pas sur les effets sonores, grognements et hurlements... Entendez par là que lorsque l'un des protagonistes s'exprime, le silence se fait autour de lui, ce qui, durant les scènes d'attaque est particulièrement grotesque. Puisqu'il est question des scènes d'attaque, notons aussi que les cris des victimes ne sont pas systématiquement doublés. Certains appels au secours resteront ainsi en version originale anglaise ! Outre la surprise, ceci nous permet de vérifier, lors de ces brefs passages, que les attaques en version originale ont bien plus d'impact qu'avec ce doublage français désespérément plat…

Si le film n'est donc visible que dans de bien piètres conditions, les bonus sont quant à eux bien présents. Alors que la jaquette n'indique strictement rien, nous serons donc heureux de découvrir que les suppléments de l'édition Zone 1 ont été conservés et sous-titrés. Nous aurons ainsi droit à un documentaire d'une demi-heure narrant l'historique de la société American Cinema, de ses débuts avec LE COMMANDO DES TIGRES NOIRS ou LA FUREUR DU JUSTE jusqu'aux horrifiques FONDU AU NOIR et LE SILENCE QUI TUE. Les dirigeants de cette société nous expliquent en outre ce qui fit leur succès, comment ils passèrent de 5 à 250 employés alors que les budgets des petits films se voyaient multipliés par 50 ou 100… Ils pointent par là même du doigt la folie Hollywoodienne qui eut raison d'eux et évoquent le bon temps aujourd'hui retrouvé puisqu'ils ne sont à nouveau que cinq employés ! Un bonus quelque peu hors de propos qui nous permet toutefois de nous familiariser avec ces quelques intervenants que nous retrouverons dans le bonus suivant...

Le Making-Of en version originale sous-titré français dure un peu moins de vingt minutes. Point d'image d'époque mais plutôt quelques souvenirs évoqués avec nostalgie. Les acteurs George Wyner et Eric Server nous livrent à cette occasion quelques anecdotes comme par exemple l'attaque d'un dresseur par son propre chien durant le tournage. L'ambiance d'alors est décrite comme très familiale et, à la vue des propos tenus, nous sommes tout à fait enclin à le croire. D'un intérêt quelque peu limité, ce Making-Of est cependant l'occasion de redécouvrir furtivement la superbe affiche d'époque exhibant fièrement une mâchoire canine des plus spectaculaire… A ces cinquante minutes de bonus s'ajoutent enfin l'un des spots télévisé diffusé lors de la sortie cinéma d'une durée de trente secondes et la bande annonce en version originale sous-titrée.

DOGS est donc un film aux qualités indéniables, proposant un très bon duo d'acteurs, une poignée de séquences mémorables et un hommage appuyé à l'œuvre d'Alfred Hitchcock. Dans ces circonstances, les quelques maladresses de la part d'un réalisateur alors débutant sont tout à fait pardonnables. Ce qui l'est moins en revanche, c'est la qualité de cette édition DVD. Honnête sur le plan éditorial, elle s'avère tout simplement honteuse en terme de qualité vidéo. Découvrir DOGS dans de telles conditions, c'est l'assurance de passer totalement à côté d'un film pourtant agréable et nerveux…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
47 ans
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On aime
Les chiens qui mordent leurs maîtres
L’hommage appuyé à Hitchcock
Le rythme assez soutenu
On n'aime pas
Une certaine mollesse lors des scènes d’action
Des chiens manifestement gentils…
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L'édition vidéo
DOGS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Edito
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.33 (4/3)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Making-Of (19mn)
    • Bande annonce
    • Spot TV
    • Documentaire sur American Cinema (28mn)
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