1. Premiers pas
Lausanne : ses abords du lac, sa fera, sa nightlife, son chic… enfin, tout ça c'est bien joli, mais sans le Lausanne Underground Film Festival, ça ne serait pas pareil. La 9e édition de ce festival hors norme s'accompagne comme par le passé d'une richesse en diversité visuelle et sonore. Une série d'expérimentations à rendre dingues tous les marteaux et enclumes du monde. Risquant par ailleurs un brûlage généralisé des cornées et le suicide du peu de neurones encore présents. Qu'importe. La remise en questions des sens, des perceptions, des idées (et des idéaux) de beau, on est là pour ça.
La thématique ingénieuse de la campagne de promotion à travers la ville a quelque peu transpiré sur la programmation. Pour les absents, une série de photographies de cadres dynamiques toutes dents dehors qui auraient pris possession du staff du LUFF 2010 ! Bien sous tous rapports, il suffisait cependant de chausser les lunettes rouges disponibles à la cinémathèque de Lausanne afin de voir le vrai visage de ces hommes et femmes d'affaires carnassiers. Pensez INVASION LOS ANGELES et vous aurez une idée du résultat !
COINCIDENCES
  
 La hargne besogneuse de la victoire économique de la mondialisation 
  – et l'absence de défense du citoyen lambda face à cette cannibalisation 
  rampante de notre système trouve écho non seulement dans la campagne 
  de comm' du LUFF mais également dans le sujet de THE DEATH 
  OF ALICE BLUE. Même ton sarcastique, même constat, mais aux 
  résultats peut-être différents : c'est à l'intérieur 
  du système et en épousant ses travers qu'on le combat le mieux ? 
  Ce même consumérisme qui ravage notre mode de consommation et qui 
  a perverti (ou sali) cette notion jusqu'à la contre-culture même. 
  Ne consomme-t-on pas du LUFF comme on boit de l'Ovomaltine ou on mange un salé 
  aux lentilles. Eh oui… depuis l'écroulement du rêve communiste, 
  il n'existe plus de société qui fasse rêver le citoyen en 
  lui donnant envie de vivre autrement qu'en plein cœur du capitalisme et de ses 
  excès en tous genres. Consumérisme galopant, (h)ardeur déployée 
  dans la volonté d'ascension sociale , excès de confiances en tous 
  genre (mais sans Rebecca 
  de Mornay), ironie mordante, remise en question de nos formes de conception 
  cinématographique et musicale. On retrouve pêle-mêle l'ensemble 
  des ces thèmes à travers les différentes sections qui composent 
  la sélection de ce LUFF. Une programmation audacieuse qui témoigne 
  d'une certaine cohérence dans les choix effectués. Suffisamment 
  rare dans le monde des festivals pour être noté.
PARADOXES
  
 L'une des protagonistes de THE DEATH OF ALICE BLUE 
  indique que "le rétro, c'est in". Dans un métrage 
  filmé en DV, ça le fait mal. En fait, cette situation paradoxale 
  montre là aussi un travers de notre beau cinéma. Avec la numérisation 
  des salles qui court ventre à terre, la disparition programmée 
  de l'argentique, des salles de projections 16, 35 ou 70mm, on arrive à 
  une généralisation de l'outil video. DV, HD, SD, Canon Version 
  500 trucs machins II à 79 millions de pixels voire 50 000 fois plus… 
  toute la création culturelle (ou contre culturelle) se dirige vers du 
  tout video. Ce qui donne ce côté schizophrène de la sélection 
  officielle. Processus filmique et projection Betanum sont en majorité 
  en video et il advient des films comme l'exégèse sado-maso incestueuse 
  WOUND de David 
  Blyth, la comédie marketeuse bramstokerisée THE 
  DEATH OF ALICE BLUE ou encore la régurgitation serbo-porno-gore-travelo 
  THE LIFE AND DEATH OF A PORNO GANG, sorte de A 
  SERBIAN FILM avec un vrai propos.