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Critique du film
BODY BAGS 1993

 

À la fin des années quatre-vingts, la chaîne payante américaine HBO connaît un joli succès avec la série télévisée «LES CONTES DE LA CRYPTES». Celle-ci transpose des histoires horrifiques publiées chez l'éditeur américain EC Comics dans les années cinquante. Cette série reprend donc le principe des anthologies d'histoires indépendantes, comme dans «LA QUATRIÈME DIMENSION» ou «ALFRED HITCHCOCK PRÉSENTE». Mais elle rajoute une louche d'humour noir et d'épouvante.

Showtime, réseau concurrent de HBO, envisage une série comparable. Plutôt que d'adapter des histoires ou des Comics préexistants, la chaîne joue la carte des Maîtres de l'Horreur. Elle approche John Carpenter pour qu'il apporte son parrainage prestigieux à l'entreprise. Sortant de l'expérience difficile des AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE, le metteur en scène accepte ce projet en forme de pause dans sa carrière cinématographique. Il se lance dans la création d'un pilote pour cette série : le téléfilm BODY BAGS.

Il réalise donc deux sketchs («The Gas Station» et «Hair») et confie la mise en scène d'un troisième à Tobe Hooper. La carrière du créateur de MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE est alors mal en point. S'étant compromis avec les margoulins de Cannon (sur certains de leurs projets les plus ambitieux comme LIFEFORCE et L'INVASION VIENT DE MARS), il les accompagne alors dans leur déconfiture à la fin des années quatre-vingts. Il se retrouve cantonné à des téléfilms ou de toutes petites productions. Nous le retrouvons ainsi au commande d'un épisode des «CONTES DE LA CRYPTES» en 1990.

BODY BAGS est ponctué de petits sketchs morbides dans la tradition de, justement, « LES CONTES DE LA CRYPTE ». En remplacement du Gardien de la Crypte (une marionnette dans la série HBO), nous trouvons John Carpenter lui-même. Grimé en un insolite médecin légiste, il narre ses contes dans une morgue, dont il explore le contenu macabre des sacs mortuaires – les fameux BODY BAGS !

Dans cette anthologie, nous remarquons des acteurs connus, mais à la carrière vacillante, comme Mark Hamill (LA GUERRE DES ÉTOILES) ou Stacy Keach (vedette de «MIKE HAMMER» au milieu des années quatre-vingts). Toujours dans l'idée d'associer BODY BAGS à des grands noms du cinéma d'horreur, nous constatons les apparitions de célèbres réalisateurs du genre : Sam Raimi (EVIL DEAD), Wes Craven (LES GRIFFES DE LA NUIT) et Roger Corman (LA CHUTE DE LA MAISON USHER).

Dans l'épisode «The Gas Station», une jeune fille doit tenir seule une station-essence la nuit, alors qu'un tueur maniaque sévit dans la région. Il s'agit d'un petit suspense bien fichu, qui évoque immanquablement LA NUIT DES MASQUES, bien que le ton soit plus léger. La fin rappelle ces scènes de siège dans lesquelles Carpenter excelle (l'église de FOG, le commissariat d'ASSAUT). Néanmoins, télévision oblige, la réalisation est conventionnelle. Ce sketch reste néanmoins un bon moment d'horreur sans prétention.

Dans «Hair», un homme, inquiet de sa calvitie, expérimente la méthode Roswell pour la repousse des cheveux. Nous avons là un conte moral, fantastique et comique. Il faut dire que Carpenter vient de réaliser LES AVENTURES D'UN HOMME INVISIBLE, déjà une comédie fantastique. Stacy Keach est ici brillant. Mais l'histoire tire en longueur et le spectateur s'ennuie rapidement. La réalisation manque de nerf.

Dans «Eye», un joueur de base-ball perd un œil dans un accident. On lui greffe l’œil d'un mystérieux donneur. Ce segment signé Tobe Hooper vient clore BODY BAGS. Cette histoire horrifique reprend le thème classique vu dans LES MAINS D'ORLAC de Robert Wiene et ses divers remakes : un pianiste virtuose s'y faisait greffer les mains d'un assassin après un accident. Malgré quelques moments gore, «Eye» est amoindri par une réalisation là aussi plate et par un récit trop banal.

BODY BAGS constitue donc une pause dans la carrière de Carpenter. Mais cette pause manque d'ambition dans sa forme. Heureusement, «The Gas Station» et les sketches de transition sont sympathiques. Ils rehaussent l'ensemble.

Showtime ne sera manifestement pas convaincu puisque la série télévisée que doit inaugurer BODY BAGS est annulée.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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