Header Critique : JEU D'ENFANT (CHILD'S PLAY)

Critique du film
JEU D'ENFANT 1988

CHILD'S PLAY 

Karen, une jeune veuve, offre à son fils Andy une poupée "Nice Guy" pour son anniversaire. Un soir, une de ses amies qui garde le garçon est assassinée. Andy prétend que le jouet est capable de se déplacer et d'agir comme s'il avait une volonté propre...

Dans un premier temps, le Slasher est un genre inspiré des films de Psycho-Killers comme PSYCHOSE ou LES FRISSONS DE L'ANGOISSE. Wes Craven lui donne un coup de fouet salvateur en 1985 avec LES GRIFFES DE LA NUIT, la première aventure de Freddy Krueger, incluant une forte dose de fantastique. De nouveaux Boogeymen marqués du sceau de l'étrange font leur apparition, comme le fantôme de CANDYMAN ou le mort-vivant MANIAC COP. Le dernier des tueurs du genre à avoir vraiment émergé avec succès de cette période est le petit Chucky, poupée tueuse semi-parodique, vedette de JEU D'ENFANT.

JEU D'ENFANT est un projet qui émerge chez United Artists, studio autrefois indépendant et devenu une filiale de MGM en 1981. Au long de son histoire, United Artists n'a jamais été un studio porté sur la production de films d'horreur - à quelques exceptions près, notamment CARRIE.

Cherchant des succès populaires et commerciaux, United Artists donne néanmoins sa chance à JEU D'ENFANT, projet porté par le jeune scénariste Don Mancini et le réalisateur-scénariste Tom Holland.

Initialement acteur, Tom Holland se reconvertit dans l'écriture de scénario à la fin des années soixante-dix, œuvrant sur le film de loup-garou LES ENTRAILLES DE L'ENFER. Puis il donne dans le cinéma sécuritaire avec le sensationnaliste CLASS 1984. Il contribue ensuite au PSYCHOSE 2 de Richard Franklin. Toujours pour Richard Franklin, il signe le scénario du suspense JOUER C'EST TUER avant de réaliser son premier film : VAMPIRE... VOUS AVEZ DIT VAMPIRE ? avec Chris Sarandon. Cette réussite de 1985 participe d'une vague de films de vampires modernisés, comme GÉNÉRATION PERDUE ou AUX FRONTIÈRES DE L'AUBE. La seconde réalisation de Tom Holland est le thriller FATAL BEAUTY avec Brad Dourif.

Dans JEU D'ENFANT, il redonne les rôles principaux à Chris Sarandon dans le rôle d'un policier, et surtout à Brad Dourif qui incarne le tueur sadique Charles Lee Ray et prête sa voix à Chucky. C'est d'ailleurs le premier métrage qui fait vraiment de Brad Dourif une vedette récurrente de films d'horreur, revu dans TRAUMA de Dario Argento ou URBAN LEGEND.

Pour donner vie à Chucky, il est fait appel à Kevin Yagher, maquilleur et technicien d'effets spéciaux s'étant illustré sur LES GRIFFES DE LA NUIT et ses suites. Il rivalise ici d'astuce pour permettre au jouet maléfique d'interagir avec les acteurs de JEU D'ENFANT.

Lors d'une poursuite mouvementée, le sadique Charles Lee Ray est mortellement blessé par un policier. Adepte de la magie noire, il a le temps de transmettre son âme à un corps qui se trouve à côté de lui : malheureusement, il n'a à sa disposition qu'une poupée ridicule de la série des "Nice Guy" ("Brave gars") ! Faute de mieux, son esprit s'incarne dans Chucky, inepte pantin de chiffon. Mais Charles Lee Ray compte bien transmettre à nouveau son âme malfaisante, cette fois dans le corps d'un enfant, afin de recommencer une existence criminelle.

Le thème du jouet animé, terrifiant et dangereux, est répandu dans l'épouvante. Nous le trouvons à la même période dans les productions Empire comme DOLLS de Stuart Gordon ou PUPPET MASTER de David Schmoeller. Il est à rapprocher de l'histoire fondatrice de la marionnette et du ventriloque vue dans le classique de l'horreur britannique AU CŒUR DE LA NUIT.

Chucky a pour originalité d'avoir sa personnalité bien à lui. Sa forme de joujou niais contraste avec l'agressivité physique et verbale dont il est capable. Il assène des grands coups de couteaux aux gêneurs ou lance de vigoureux "Fuck you!" à ceux qui raillent son allure grotesque. La vulgarité de son langage et son sens de l'humour noir en font un proche cousin de Freddy, si populaire à l'époque.

JEU D'ENFANT présente des personnages attachants. Catherine Hicks interprète une maman courageuse et touchante, tandis que Chris Sarandon propose un sympathique flic de série B.

La réalisation directe et énergique de Tom Holland est efficace, mais elle est aussi conventionnelle. De même, les effets spéciaux sont inégaux : certaines utilisations de marionnettes sont amusantes (le visage de Chucky grimaçant de haine, l'improbable petit frère de TERMINATOR dans le final), mais certaines transitions entre un acteur en costume et un pantin mécanique sont trop flagrantes. Le récit de JEU D'ENFANT manque parfois de rythme.

Néanmoins, JEU D'ENFANT reste un film plutôt réussi, grâce à ses interprètes sympathiques, à son humour noir et à son méchant convaincant, énergiquement incarné par Brad Dourif.

A sa sortie en salles, JEU D'ENFANT ne trouve pas son public en France, mais il est un joli succès aux USA. Toutefois, MGM/UA connaît une période très tourmentée. Pour dégager rapidement des fonds, le studio se sépare des droits des aventures de Chucky en faveur de la Major Universal. Laquelle donne rapidement deux suites amusantes à JEU D'ENFANT : CHUCKY, LA POUPÉE DE SANG et CHUCKY III.

L'aventure aurait pu s'arrêter là en 1991, en plein moment de déconfiture du cinéma d'horreur américain. Mais la persévérance du scénariste Don Mancini va entraîner diverses renaissances de Chucky. Le petit personnage va continuer à semer la terreur dans plusieurs suites au cours des décennies. Encore aujourd'hui, il officie dans la série Syfy Channel «CHUCKY», toujours doublé par Brad Dourif !

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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