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Critique du film
SORORITY ROW 2009

 

1983 : Mark Rosman écrit et réalise un sympathique slasher appelé THE HOUSE ON SORORITY ROW qui rencontre un petit succès. 2009 : à l'affût de recyclages de films dont le public jeune aura oublié jusqu'à son existence, la société Summit Company décide la mise en chantier d'un remake et de le sortir sous le titre SORORITY ROW. Petit budget, petit succès… petites ambitions ? L'intrigue reprend ainsi la fil conducteur de la sororité qui couvre, en jurant le secret, un meurtre accidentel de l'une d'entre elles pour se voir poursuivie huit mois après par un tueur en série qui décide de les éliminer une par une, ayant lui aussi été le témoin de l'accident.

La réalisation fut confiée à Stewart Hendler, auteur d'un WHISPER plutôt intéressant et de quelques courts-métrages remarqués. S'inspirant à la fois du scénario original de Mark Rosman ("Seven Sisters"), il fallut trouver un angle d'attaque qui soit à la fois suffisamment original pour sortir du lot tout en respectant les règles de base du slasher. C'est une quadrature du cercle que rencontrent régulièrement les auteurs engagés pour ce type de produits ces dernières années. L'approche post-moderne de Wes Craven / Kevin Williamson ayant déjà été usitée pour SCREAM et ses séquelles, il faut soit opter pour une vision plus sérieuse du sujet (à la SOUVIENS-TOI L'ETE DERNIER dont l'argument ressemble curieusement à l'original de Mark Rosman, par ailleurs….), la parodie pure et simple, le visuel agressif… ou une voie avançant prudemment à la fois sur un terrain horrifique en ayant conscience de ses limites.

Il s'agit précisément du chemin emprunté par SORORITY ROW. Si le cinéphile amateur remarque les discrètes touches faisant référence à l'original (le nom du Collège est Rosman, le plan sur la canne dont le pommeau est un canari, etc...) et si l'intrigue demeure la même, le traitement s'avère radicalement différent. L'adaptation au XXIème siècle oblige (et un classement «R» par la MPAA, le comité de classification de films américain), le remake se veut plus sexy, plus violent et plus vachard mais surtout plus exagéré dans ses propos et ses personnages. Tellement qu'il en devient drôle !

Le ton employé pour la direction d'acteurs va diviser l'auditoire. Suivant la trajectoire et le schéma narratif de HEATHERS, voire JAWBREAKER, le sextette d'actrices va jouer la pleine carte de la saine vulgarité et de la grossièreté assumée. Dialogues crus, vacheries «dans ta face», on assiste à un festival de saloperies toutes plus humiliantes les unes que les autres pour les protagonistes. Pousser la logique de l'original jusque dans ses retranchements et exagérer ses travers... D'où certains meurtres extravagants : l'une des jeunes filles couche avec son psychanalyste et finit une bouteille enfoncée au fond de sa gorge grande ouverte. Mention spéciale à Leah Pipes pour qui les termes «salope spectaculaire» ont été inventés. Elle excelle dans tous les registres (insultes, coup-bas, manipulation…) et bat à plate coutures ses congénères. Elle réussit même à éclipser l'héroïne du film jouée par Briana Evigan. Mais la palme des dialogues et de l'interprétation revient sans aucun doute à Carrie Fisher qui, armée d'un fusil à canon scié, menace le tueur en lâchant «Ne pense pas que tu me fais peur. Je dirige une maison avec 50 salopes tarées». On apprécie !

Mêmes les mises à mort tentent l'originalité… Et elles y parviennent parfois. Voir à cet effet celles du bain de mousse et du corps coincé dans le monte-plat. L'objet du délit est un cric de voiture qui a servi à tuer l'étudiante au début. Le tout transformé en arme mortelle, chaque extrémité étant devenue une lame contondante ou pointue. Ce qui occasionne quelques morts bien sanglantes filmées frontalement, avec une nette emphase sur le côté sexuel de l'ensemble. On pourra aussi gloser sur le long plan séquence d'ouverture avec son quota de fesses, seins, nudité frontale, alcool, musique assourdissante j'en passe et des meilleures… entre violence et sexe, le film assume son interdiction aux moins de 17 ans. Contrairement aux remakes lisses et strictement sans aucun intérêt comme WHEN A STRANGER CALLS ou encore l'épouvantable PROM NIGHT de sinistre mémoire, SORORITY ROW assume sa filiation, le genre auquel il se rattache, et saute à pieds joints dans ses travers.

Qu'on ne s'y trompe cependant pas. Le film ne dépasse jamais l'effort médiocre de se raccrocher au wagon de l'exploitation d'un filon juteux. Son intérêt demeure limité et ne fait jamais vraiment peur. Stewart Hendler excelle dans la mise en scène d'un certain chaos visuel et pyrotechnique (vive le Scope utilisé judicieusement !), axant la réalisation sur une photographie relativement sombre, nombre de séquences se déroulant en pleine nuit. Les éclairages sont savants et savent mettre en valeur les décors amples tout comme les déplacement dans l'espace de ses personnages. Le tout couplé à une direction d'actrices qui enfonce le clou du second degré et de l'exagération. Les corps s'empilent avec grâce et méchanceté et dans la grande tradition de la "blague qui tourne mal avec le tueur cherchant à se venger". A ce petit jeu, le scénario ménage de multiples pistes. Certes, la plupart d'entre nous ont déjà vu et revu ce type de formule, cela peut s'avérer un peu lassant. Mais Stewart Hendler réserve quelques meurtres bien sales répartis entre les attaques verbales et corporelles. Alors, oui, on nage en plein «déjà-vu». Mais le film s'y baigne avec une telle délectation et offre à ses personnages un peu plus de substance qu'à l'habitude, parfois limite. On appréciera, par exemple, la garce à moitié bourrée qui insulte son petit ami de l'instant, ce dernier refusant de faire l'amour sous prétexte qu'elle sent le vomi ! Du coup, la pilule passe sans aucun souci. Les filles mènent la danse, sautent cul-nu sur un trampoline, jurent comme des charretiers, boivent comme des trous, baisent à tout-va et manient des armes. Vraiment fun !

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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