Header Critique : GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE, DAS (THE TRYGON FACTOR)

Critique du film et du DVD Zone 2
DAS GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE 1966

THE TRYGON FACTOR 

«Hallo !... hier spricht Edgar Wallace !» cette voix sinistre annonçant qu'Edgar Wallace est en train de parler au spectateur ne résonne pas, cette fois-ci, avec ce DAS GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE, connu aussi sous le titre anglais THE TRYGON FACTOR, ou encore son titre de sortie video FACTOR ONE. Le film est par ailleurs sorti en France en video sous le titre très audacieux de LA PLANQUE, chez Ciné Budget.

«Le secret de la nonne blanche» (traduction littérale) est le second Krimi de la Rialto photographié en couleurs, et le tournage s'étala du 15 août au 7 octobre 1966. D'un caractère particulier car il est réalisé non pas par l'un des réalisateurs maison de la firme Rialto qui a produit toutes les adaptations d'Edgar Wallace sur presque trois décades, mais par l'anglais Cyril Frankel. Ensuite, le générique annonce la couleur : il s'agit d'un film «d'après Edgar Wallace», mais non pas adapté d'un livre en particulier. Donc pas de générique habituel, avec les lettres du nom d'Edgar Wallace apparaissant à l'écran au bruit d'une mitraillette.

L'inspecteur Cooper Smith (Stewart Granger) enquête sur une série de cambriolages mais également sur le meurtre de l'un des ses collègues. Les pistes mènent à une curieuse demeure tenue par Lady Embarday (Cathleen Nesbitt) qui la partage avec des nonnes vivant recluses dans un cloître. L'une des nonnes s'en échappe mais se fait brutalement assassiner dans un hôtel. Il s'avère qu'elle est une ancienne prostituée…

Comme à l'habitude, une multitude d'intrigues gravitent autour de l'histoire principale. Entre le mystérieux cloître qui semble abriter des pratiques plus que douteuses, il y a aussi le meurtre d'un inspecteur de police par un tueur habillé de noir et masqué qui frappera à d'autres reprises, le fils de Lady Embarday qui semble avoir une case en moins et s'habille en clown pour couper les fleurs à coups de serpe, un cadavre qui revient à la vie dans un cercueil, des séances de photos en petite tenue… Il y en a pour tous les genres, du thriller à la comédie jusqu'au Fantastique. Tentant en ce sens d'imiter les précédentes adaptations de romans d'Edgar Wallace, le scénario mêle maladroitement ces multiples genres et sous-genres, se permettant au final de livrer un message bien réactionnaire : si tout cela est arrivé, c'est que papa a eu un fils qui n'était pas un homme et une fille qui a joué les mecs. Chacun à sa place et retour à la niche. CQFD.

On est ainsi assez loin des réalisations d'Alfred Vohrer, cinéaste mêlant subtilement humour noir, angles de prise de vues originaux et maîtrise du suspense. Au contraire de DAS INDISCHE TUCH, Cyril Frankel, sorti de la réalisation de THE WITCHES pour la Hammer, opte pour un ton plus réaliste et le tournage dans les studios de Shepperton n'y est sans doute pas étranger. Il manque cette atmosphère si particulière aux autres adaptations de la Rialto, à savoir la saveur gothique, les éclairages travaillés, le côté «faire anglais plus vrai que nature». La direction d'acteurs y est tout aussi différente. Moins de fantaisie, Siegfried Schürenberg (dans son sempiternel rôle de Sir John qu'il tint jusqu'en 1968) s'y montre peu à l'aise et avec une présence à l'écran beaucoup moins importante qu'à l'habitude.

Deux versions furent tournées en même temps. En effet, il s'agit d'une co-production avec la Grande-Bretagne, d'où des têtes d'affiches anglophones (Stewart Granger, Susan Hampshire, Robert Morley…) dont celle de James Robertson Justice qui interprète le rôle de Sir John dans les copies anglaises du film à la place de Siegfried Schürenberg ! On voit d'ailleurs sur l'un des bonus du DVD de DER UNHEIMLICHE MONCH (vendu séparément ou à l'intérieur du coffret où est aussi regroupé DAS GEHEIMNIS DIE WEISSE NONNE) le tournage de la scène chez l'antiquaire où Stewart Granger donne la réplique aux deux acteurs différents de manière successive.

Si la mise en scène reste sage, cela n'empêche nullement l'écran de montrer des images quelques peu surréalistes. A savoir une nonne faisant du hors-bord sur la tamise, voilette au vent. C'est France Rumilly qui aurait été heureuse ! A un autre moment, le film vire en pleine science-fiction lorsque Emil Clossen (Eddi Arent) décide d'utiliser un canon révolutionnaire afin d'atomiser un coffre de banque pour le dévaliser. Il doit pour cela s'harnacher d'une combinaison jaune rigide avant de pulvériser de munitions explosives ledit canon. Comme si la combinaison pouvait le protéger de quoique ce soit… effet comique volontaire ou non, cette scène défie tout esprit critique.

On ne saurait toutefois passer sous silence le très beau travail sur les couleurs et la photographie lumineuse d'Harry Waxman. La demeure choisie pour le tournage possède une décoration intérieure aux tons pourpres et rouges. On retrouve ainsi des dégradés de cette couleur dans l'ensemble des vêtements portés par les acteurs tout au long du film, les meubles et agréments de décorations. Le comptoir de la banque est rouge, tout comme la couverture posée sur les cadavres… Des univers délimités de par la prépondérance chromatique en présence, à savoir que dès la porte du cloître franchie, la couleur bleue devient la dominante. Rien n'est laissé au hasard.

Surprise, on y trouve une ancienne gloire hollywoodienne venue cachetonner pour l'occasion : Stewart Granger dans le rôle du héros. Sorti d'un autre film allemand tourné la même année (DAS GEHEIMNIS DER GELBEN MONCHE), il naviguait alors dans les eaux des productions européennes thriller-peplum-espionnage, comme beaucoup de ses collègues vieillissant. Maquillage quasi outrancier (ou cramé aux UV, allez savoir), il promène sa dégaine de manière nonchalante et montre qu'il a de beaux restes. Bagarres rythmées, œillades en coin pour la jolie française, visage solide et présence indéniable devant le reste du casting. Un vrai pro. Il n'est pas en Rodier, mais il assure.

Hormis Siegfried Schürenberg dans le rôle de Sir John ou encore Sophie Hardy jouant la française de service et ayant fait une apparition dans DER HEXER, le seul acteur de la série originale qui se retrouve ici est Eddi Arent. Loin de ses interprétations de second couteau et faire-valoir comique (le majordome dans DAS INDISCHE TUCH, entre autres), il donne ici une autre facette plus inquiétante de son talent. Celui du chef de la bande organisée qui procède à l'ensemble du trafic et, hélas, sa dernière participation aux films de la série. Il est toutefois amusant de constater qu'aujourd'hui, Eddi Arent tient le rôle de Sir John dans les adaptations télévisées des romans d'Edgar Wallace. Pour finir avec les réguliers, la partition musicale est encore assurée par Peter Thomas. Pour l'anecdote, il partagea (avec Martin Böttcher) le loisir de composer plus de la moitié des musiques originales de la série.

Rialto ayant abandonné en 1965 le noir et blanc et l'UltraScope noir et blanc, la copie présentée ici est en couleurs et au format original 1.66 avec un transfert 16/9. Il s'agit tout bonnement d'une des plus belles copies qu'Universum a pu proposer pour la réédition en DVD de cette collection ! Richesse de texture des couleurs, définition précise de l'image, les stigmates du temps ne semblent pas avoir altéré le matériau d'origine et le télécinéma donne le maximum de son potentiel. Une belle compression confirme cette impression d'autant plus qu'on ne remarque que très peu de poussières ou de griffures liées aux presque quarante ans qui séparent le tournage de la sortie du DVD. Ce qui représente un véritable plus, tant les copies DVD des autres films de la série ne brillaient pas par leur qualité (bien au contraire).

En cas d'achat du sixième coffret Edgar Wallace ou du DVD à l'unité, cette édition est une des rares à ne bénéficier que du doublage allemand et de sous-titres dans la même langue (à l'instar de DER BLAUE HAND mais contrairement à DER BUCKLIGE VON SOHO et DER UNHEIMLICHE MONSCH). La piste sonore offre, comme pour tous les autres films, la version allemande en mono sur deux canaux. Des dialogues clairs et audibles, peu de souffle et pas de saturation. C'est aussi une règle générale par rapport aux autres films de la série, tant les pistes sonores allemandes bénéficient d'un traitement spécifique, qui tient à bien mettre en avant les moindres détails de la bande–son (voir DAS INDISCHE TUCH ou encore ZIMMER 13). Le seul (gros) regret, c'est l'absence de piste anglaise, alors que le film fut tourné en anglais, ou de quelconques sous-ttres anglais. La compréhension de la langue de Goethe est donc obligatoire pour visionner ce film

Côté bonus, c'est désormais une habitude, peu de matériel propre au film. Une série de bandes annonces de films disponibles chez Universum et toutes doublées en allemand. La chance sourit cependant aux heureux possesseurs du sixième coffret de la collection, car il vient avec un livret (toujours en allemand) qui dispense des notes de production et quelques anecdotes sur le film ainsi que des photos et la reproduction en noir et blanc de la couverture du magazine «Illustrierter Film Kurrier» de DAS GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE.

Le spectateur germanophone amateur de Krimi aura donc droit, paradoxalement, à une édition de qualité quant au traitement réservé au film… mais si les rebondissements sont indéniables et le suspense fonctionnant jusqu'au bout, le fait de vouloir un film «à la manière d'Edgar Wallace» n'est pas vraiment convaincant. Le professionnalisme de chacun n'est pas à mettre en doute, tant le soin apporté à l'image est évident. Mais cet enchevêtrement de micro-histoires n'arrive pas à rendre le métrage passionnant. Cela devient une foire aux suspens et on finit par attendre la fin de manière distraite. Non pas que ce DAS GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE soit inintéressant mais il est juste dommage qu'il reste insignifiant avec le matériau et les talents impliqués.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
Une superbe copie
On n'aime pas
Une intrigue trop complexe
Pas d'anglais (sous-titres ou doublage) comme sur d'autres DVD de la même collection
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L'édition vidéo
DAS GEHEIMNIS DER WEISSEN NONNE DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Universum
Support
DVD (Double couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h24
Image
1.66 (16/9)
Audio
German Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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