ERRANCES A BOLLYWOOD : PARTIE 2

21 juin 2013 
ERRANCES A BOLLYWOOD : PARTIE 2

Nous faisons aujourd'hui suite à notre précédent billet datant du 19 juin, lequel vous dévoilait la place du cinéma au cœur des rues de Mumbai, les différents Studios de la ville ainsi que le tournage d'une série télé en extérieur…

Cette seconde partie se veut plus pratique en vous livrant quelques «bons plans» qui vous permettront de dégoter de belles pépites, ou de profiter d'une projection dans l'un des nombreux cinémas de la ville. Car dans une ville où l'amour du cinéma s'affiche à chaque recoin, assister à une projection est une expérience unique, dynamique, et incroyablement vivante. Le public se déplace bien souvent en famille et se montre particulièrement actif. Hurlant de rire, encourageant les amours naissants, soutenant les héros lors d'improbables séquences d'action, ou applaudissant les apparitions de Stars dévoilant leur «Six-Pack» ! Difficile donc pour le touriste de passer à côté d'une telle immersion, et ce même si l'absence de sous-titrage sera bien évidemment un frein à la compréhension…

Sans surprise, le spectateur curieux de «vivre» un film lors de son périple à Mumbai aura l'embarras du choix. Nous laisserons cependant de côté les multiplexes luxueux mais impersonnels pour favoriser les cinémas historiques de la ville. Il est ainsi bon de savoir que la plupart de ces salles ont été construites ou converties durant les années 30, décennie au cours de laquelle le cinéma indien a connu un véritable essor. Au rang de ces cinémas historiques, nous citerons tout d'abord le «Eros Theatre» dont les portes sont ouvertes depuis 1938, avec une programmation exclusivement indienne. Idéalement situé près de la gare de Church Gate, le Eros cultive sa façade Art Déco et son entrée rougeoyante, mais offre un intérieur confortable et techniquement au point. Non loin se trouve le «Regal Cinema» dont le premier film projeté en 1933 fut THE DEVIL'S BROTHER, mettant en scène Stan Laurel et Oliver Hardy. Sa façade saumonée n'est pas du meilleur goût mais elle masque une unique salle au look délicieusement rétro avec balcon, et accessible pour un prix modique.

ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 12 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 08 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 03 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 11

Nommé «Metro Cinema» à son ouverture en 1938, ce complexe que l'on doit au Studio Hollywoodien MGM (Metro Goldwyn Mayer) fut renommé «Metro BIG Cinema» en 2006, suite à un gros chantier de rénovation. Il a alors perdu de son charme mais dispose aujourd'hui d'une installation de pointe, de six belles salles et se targue même de disposer d'écrans parmi les plus grands d'Inde… Datant de 1930, le «Plaza Cinema» a lui aussi été rénové. Mais là où le Metro Big l'a fait en raison de sa fréquentation en chute libre, le Plaza a été contraint de le faire suite à l'explosion d'une bombe. Cet édifice, doté d'une unique salle de 880 places, a en effet fait parti des treize lieux publics touchés par les explosions terroristes qui eurent lieu le 12 mars 1993. Nous noterons à ce sujet que depuis 1993 et ses 257 morts, les attentats à la bombe sont malheureusement assez nombreux et qu'une véritable psychose s'est emparée de la population. Les détecteurs de métaux, services de sécurité et fouilles au corps sont donc obligatoires à l'entrée des (rares) centres commerciaux, des musées et des cinémas. Le moindre objet suspect ou objet électronique sonnera comme une interdiction pure et simple d'entrer dans une salle obscure et pourra entraîner une «mise au point» assez énergique…

Toujours au rang des cinémas emblématiques de Mumbai, nous citerons le «Liberty Cinema» qui doit son nom à l'année de son ouverture : 1947. Une date phare sonnant bien évidemment l'indépendance de l'Inde. Tout comme le Plaza, il s'agit d'un cinéma doté d'une unique salle publique pouvant tout de même accueillir 1200 spectateurs. S'ajoute à cela une toute petite salle dédiée aux projections presse. Il faut dire qu'au fil des années, le Liberty a su s'imposer comme un haut lieu de cinéphilie, accueillant des avant-premières prestigieuses et se jouant d'une programmation un peu particulière. C'est ainsi que MOTHER INDIA s'invita pour une année complète à l'affiche, alors que HUM AAPKE HAIN KOUN..! prit racine durant 847 jours, pour un total de 2341 projections ! Un film qui resta durant sept années le plus grand succès de l'histoire du cinéma indien !

Citons enfin pour les amateurs de beaux monuments le «Capitol Cinema», situé en face du splendide Victoria Terminus. Tout comme cette gare classée au patrimoine de l'Unesco, le Capitol adopte un style Victorien, en opposition donc aux autres cinémas précédemment cités, tous pensés selon la mouvance Art Déco. Il faut dire que le bâtiment date de 1879, et que sa conversion en cinéma ne s'est faite qu'en 1928. Vous l'aurez donc compris, le Capitol s'impose comme l'un des plus anciens cinémas de la ville, un lieu à découvrir…

ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 01 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 05 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 07 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 09 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 10

Une fois que vous aurez goûté au plaisir d'une séance en salle, vous n'aurez bien évidemment qu'une seule envie : Plonger à la découverte du cinéma Bollywoodien ! Pour cela, quelques sous-titrages ne seront pas un luxe et à la vue du peu de films projetés en France, le DVD semble une bonne option. Reste que contrairement à ce que l'on pourrait penser, trouver son bonheur n'est pas tâche facile. Les revendeurs se font rares et la grande majorité des disques vendus dans la rue sont soit des DVD pirates (gare à la qualité et aux sous-titres !), soit des VCD. L'amateur de cinéma et d'éditions viables arpentera donc les rues à la recherche des quelques boutiques à vocation culturel. Pour notre part, après avoir arpenté 250 km de trottoir à pied, nous n'en avons trouvé que quatre, dont deux seulement réellement dignes d'intérêt. La première se nomme «Rhythm House» (http://www.rhythmhouse.in/) et se trouve à l'intersection entre K. Dubash Marg et VB Ghandi Marg. Assez dense, vous y trouverez aussi bien de la musique que du cinéma. En termes de support numérique, 30% des films sont proposés en VCD, 60% en DVD, et 10% en Blu-Ray. Une petite moitié des métrages commercialisés sont occidentaux et si les productions américaines sont alors très majoritaires, nous serons quand même surpris de dégoter du Godard, Melville et autres. Sans surprise en revanche, la boutique ne dispose d'aucun film indien provenant d'un état autre que le Maharashtra. Inutile donc de fureter dans l'espoir de mettre la main sur la dernière pépite tamoule, télougou ou bengali, vous ne la trouverez pas ! Ce que vous trouverez en revanche, ce sont des centaines de références Bollywoodiennes vendues au prix normal ou en promotion. A titre indicatif, un Blu-Ray coûte en général 799 roupies (11,40 euros), un DVD récent entre 299 et 399 roupies (de 4,30 à 5,70 euros) et un plus ancien entre 129 et 249 roupies (de 1,80 à 3,50 euros). De quoi se faire plaisir donc, d'autant que la boutique vend également en ligne et aux mêmes tarifs…

L'autre boutique incontournable de Mumbai se nomme Crossword (http://www.crossword.in/) et fait partie d'une chaîne de magasins à vocation culturelle. Le choix y est moins éclectique et, à l'image de notre «Agitateur de curiosité français (toasters et machines à café en moins), on y trouvera essentiellement les produits phares, populaires… Bref, ceux que le marketing nous impose ! Reste que c'est aussi l'occasion de dégoter quelques coffrets «collectors», des doubles disques, éditions rares ou encore de profiter d'offres propres à la chaîne et plutôt avantageuses. On notera également que les rayonnages sont ici vastes et clairs, et que vous ne serez pas bousculés par la foule. Les produits culturels restent en Inde un véritable luxe et si les 5 euros d'un DVD sonnent pour nous comme une aubaine, ils sont malheureusement un impensable investissement pour le monsieur tout-le-monde indien… Les boutiques Crossword sont assez nombreuses à Mumbai mais seules certaines commercialisent des DVD ou Blu-Ray. Et de ce que nous avons vu, seule celle qui se situe sur Ridge Road dispose d'un choix pertinent. Elle a par ailleurs l'avantage de se situer dans un quartier à voir, notamment pour son jardin suspendu, et les fameuses Tours du Silence où les pratiquants du zoroastrisme abandonnent leurs défunts afin qu'ils soient dévorés par les vautours ou d'énormes corbeaux…

Les bras chargés de DVD aux visuels éblouissants, l'amateur de cinéma pourra bien s'estimer comblé. Mais ce ne fut pas notre cas et nous vous proposons de clore cet article sur deux véritables pépites particulièrement ardues à dégoter ! Il s'agit bien sûr de deux micro-boutiques commercialisant des affiches originales datant pour certaines de plus de 40 ou 50 ans ! Il nous aura fallu plusieurs heures de marche et l'assistance de nombreux (et toujours sympathiques) locaux pour parvenir à mettre le pied dans ces échoppes miraculeuses au sein desquelles s'entassent sans logique des centaines d'affiches, photographies, lobby cards ou synopsis de films. Deux authentiques cavernes d'Ali Baba qui combleront à n'en pas douter le passionné. La première se trouve au milieu de Mutton Street et s'étale sur environ 8m2. Difficile de consulter les différentes pièces tant l'ensemble est étroit et bordélique ! Le vendeur n'est guère arrangeant et fixe ses prix selon son inspiration du moment. On pourra néanmoins trouver des affiches originales de SHOLAY pour 1000 roupies (14,30 euros), ZANJEER ou DEEWAAR pour 800 roupies (11,40 euros). D'excellentes affaires mais la boutique suivante, située à quelques pas (à l'angle de Mutton Street et Yakub Ln) se montre plus intéressante. Bien qu'elle ne fasse que 4m2 et dispose d'un choix plus restreint, son stock est de bien meilleure qualité (conservé sous plastique) et étonnamment moins cher. Le vendeur est patient et agréable, en plus de connaître son sujet. Si l'occasion se présente donc à vous, n'hésitez pas à y faire un tour et quelques emplettes. De notre côté, nous avons investi dans quelques affiches colorées et « vintages », souvenir de nos errances et des fantastiques rencontres qu'elles ont occasionnées…

Xavier Desbarats

ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 02 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 06 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 13 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 14 ERRANCE A BOLLYWOOD 2 -  Photo 15

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
10302 news
570 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire