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Critique du film et du DVD Zone 2
BEYOND RE-ANIMATOR 2003

 

Inventeur d'un sérum fluo ayant la propriété de ramener les morts à la vie (mais dans un état fou furieux), le docteur Herbert West coule à présent ses journées derrière les barreaux de la prison Arkham suite à ses macabres expériences. Fraîchement promu médecin du pénitencier, le jeune Howard Phillips prend le prisonnier West comme assistant pour pallier au manque de personnel. Cette association n'a pourtant rien de spontané puisque Phillips est fasciné par le travail de West depuis qu'il a assisté adolescent au meurtre de sa sœur par un mort réanimé.

Cela fait plus de dix ans que ce troisième volet des aventures d'Herbert West se faisait attendre, sans cesse annoncé, sans cesse repoussé. Difficile en effet de se mettre au niveau du premier RE-ANIMATOR, classique aujourd'hui du cinéma gore des années quatre-vingt, que nous avions précédemment critiqué à l'occasion de sa disponibilité en zone 1. L'impact du film imposera une suite réalisée cinq ans plus tard, BRIDE OF RE-ANIMATOR, reformant un large pan du casting original. Stuart Gordon, réalisateur du premier, laissera ici sa place à son complice producteur Brian Yuzna qui se lance alors dans la mise en scène (il signe SOCIETY juste avant d'entamer cette séquelle).

L'accueil mitigé réservé à BRIDE OF RE-ANIMATOR calmera quelque peu les ardeurs tout en confirmant la popularité de cette histoire vaguement basée d'un récit de H.P. Lovecraft. Ce troisième opus, dès le départ annoncé sous le titre de BEYOND RE-ANIMATOR, ne se concrétisera que grâce à la structure espagnole de la Fantastic Factory, un label de films d'horreurs destiné à l'exportation depuis une base européenne. Appelé à co-diriger les productions avec Julio Fernandez (le patron de Filmax dont la Fantastic Factory est une sous-branche), Yuzna s'installe à Barcelone avec son arlésienne toujours sous le bras. A la recherche de titres phares destinés à soutenir le catalogue du label, BEYOND RE-ANIMATOR verra enfin le jour.

A nouveau sous la direction de Brian Yuzna, devenu garant de la franchise, BEYOND RE-ANIMATOR offre toujours la vedette à l'incontournable Jeffrey Combs, comédien à jamais prisonnier de sa composition d'Herbert West. Si cette suite ne reprend pas d'autres personnages des précédents films (David Gale, qui jouait le docteur Hill, principal adversaire de West, est décédé quelques mois après le deuxième film), elle suit en revanche à la lettre le déroulement de l'original : association de West avec un «candide», expérimentations dans un labo clandestin sur un rat (à l'instar d'un chat dans le premier opus) puis sur les diverses autorités corrompues de l'établissement (ici une prison, initialement une faculté), pour enfin aboutir à un long final où les morts les plus grotesques vont tenter de prendre le pouvoir.

Le chemin est donc balisé tout au long d'un film où les multiples références aux anciens opus ne cessent de s'imposer aux spectateurs. C'est la solution qu'a trouvé Yuzna afin de conserver l'esprit de la saga tandis qu'il serait obsolète de ré-appliquer à la lettre les méthodes gores d'il y a vingt ans. C'est aussi la principale limite de ce BEYOND RE-ANIMATOR. Faire une suite aussi tardive à un film aussi ancré dans son époque que ne l'était le premier RE-ANIMATOR oblige à quelques concessions en terme d'exigences. Mais pourvu que le spectateur en ait conscience, la vision de BEYOND RE-ANIMATOR en devient très recommandable.

Le film ne commence pourtant pas très bien. En bon producteur, Yuzna décide d'accrocher un jeune public introduit au genre par SCREAM avant de les emmener sur le terrain plus fantaisiste des RE-ANIMATOR. En résulte une séquence pré-générique très typée slasher moderne où une jolie blonde est la victime d'un zombi au beau milieu du salon d'une maison de banlieue américaine typique. Heureusement, la suite s'autorise rapidement plus de folie. Les autorités pénitentiaires sont montrées comme des brutes dégénérées (mention spéciale au directeur) tandis que les morts réanimés n'ont rien perdu de leur fougue ou de leurs goûts salaces. Au milieu de ce désordre ambiant, West parvient presque à trouver le remède au comportement ultra violent des réanimés, ce qui nous vaudra de nouveaux rebondissements dans le déroulement de l'intrigue.

Bien que très soigné malgré son budget visiblement très maigre, BEYOND RE-ANIMATOR n'en reste pas moins assez académique dans sa mise en scène, un défaut imputable au style de Brian Yuzna qui donne parfois l'impression de s'ennuyer dès lors que le grotesque a déserté l'écran. Heureusement, le film fait la part belle aux dérapages en consacrant un bon tiers de son métrage à son final bordélique où morts et vivants s'affrontent. Le bilan est alors des plus réjouissants : course poursuite avec un homme coupé en deux, injection explosive de sérum dans les veines (production espagnole oblige, le génial Santiago Segura a les honneurs de cette séquence bien craspec), ablation d'un pénis a coup de dents, crise de foi sur une paire de seins…

Sans transcender la série qu'il poursuit, BEYOND RE-ANIMATOR est un très sympathique divertissement, généreux dans ses moments de bravoures bien qu'un peu plat dans ses accalmies. Le pari de Yuzna est néanmoins remporté, puisque le réalisateur parvient au terme du film à laisser son spectateur dans un état de stupeur incroyable. Non pas que la fin (ouverte pour d'éventuelles nouvelles séquelles) soit révolutionnaire, mais ce dernier à l'idée tordue d'inclure dans les crédits une vraie séquence de malade : un rat qui fait du kung-fu face à un pénis réanimé. Yuzna justifie une telle scène en déclarant qu'il s'agit d'un hommage à Disney et à ses vignettes durant les génériques. Rien que pour cela, le culte de Brian Yuzna doit absolument continuer !

Inédit dans nos salles, BEYOND RE-ANIMATOR nous arrive directement en vidéo via un prix de vente d'ailleurs réduit. Il ne faut pas s'attendre non plus à un produit au rabais puisque l'éditeur fait ici un très bon travail. Rien à redire sur l'image qui est au format. Idem pour les pistes sonores qui proposent à la fois en version originale et française des mixages en stéréo ou en 5.1.

L'édition n'intègre malheureusement pas les bonus que l'on pouvait trouver sur ses homologues américain et espagnol. Dommage pour le commentaire audio de Yuzna ou encore le Making Of. Nous bénéficions en revanche d'un documentaire d'une vingtaine de minute sur le cinéaste / producteur. Très rythmé, ce dernier alterne les propos du réalisateur ainsi que de ceux qui ont travaillé avec lui (le producteur Julio Fernandez, Christophe Gans qui a co-dirigé le film à sketches NECRONOMICON avec Shusuke Kaneko et Yuzna). Sans atteindre de profondes révélations sur le personnage, le document s'avère suffisamment riche en anecdotes pour nous faire regretter sa courte durée.

Autre initiative française, l'ajout du court-métrage JOHN 32 d'Erico Cherriero (déjà réalisateur du documentaire susnommé). Pourquoi ce court en particulier dans les bonus de BEYOND RE-ANIMATOR ? Parce que ce dernier offre un rôle de journaliste à Brian Yuzna en plus de se réserver quelques connivences d'inspirations avec l'univers de RE-ANIMATOR (avec une ablation chirurgicale du visage à ne pas piquer des hannetons). Le film met en scène le fameux John du titre, un nabab du porno qui va avoir fort à faire avec ses relations mafieuses. Le court mixe donc ambiance sulfureuse, gunfight made in Hong Kong, girlfight en tenue fluo, gore et (léger) discours social. Doté de moyens non négligeables, JOHN 32 est un court haut de gamme, avec à la clef quelques séquences très efficaces (comme une fusillade bien sentie). Dommage que l'intérêt se tasse quelque peu vers la fin du métrage.

Sans arriver à transposer le choc de l'horreur old school du premier RE-ANIMATOR dans une cinématographie plus contemporaine, Brian Yuzna livre avec BEYOND RE-ANIMATOR un très bon divertissement. Honnête et soigné, on retiendra surtout une poignée de scènes hallucinantes destinées à squatter pendant un long moment le panthéon des scènes les plus «out» du monde.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Une bonne suite
Les coups de folie sur certaines scènes
Une édition soignée et à petit prix
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Dommage pour les bonus du zone 1
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L'édition vidéo
BEYOND RE-ANIMATOR DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Hell & Gore, documentaire sur Brian Yuzna (26mn16)
      • JOHN 32 de Erico Cherriero, court-métrage (27mn38)
      • Présentation par son réalisateur (1mn23)
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