Header Critique : ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES (ABRAHAM LINCOLN : VAMPIRE HUNTER)

Critique du film
ABRAHAM LINCOLN : CHASSEUR DE VAMPIRES 2012

ABRAHAM LINCOLN : VAMPIRE HUNTER 

Dès ses plus jeunes années, Abraham Lincoln aura été confronté au racisme, à l'esclavagisme, à la mort de ses parents et... aux vampires ! Devenu adulte, Abraham retrouve enfin l'assassin de sa mère et tente de se faire justice. Mais tuer un vampire nécessite des talents bien particuliers, des armes adéquates et un entrainement à la hauteur. Henry Sturges, un mystérieux individu, va offrir tout cela à Abraham et en faire un authentique tueur de vampires. Le jeune homme consacrera dès lors une partie de son existence à l'éradication des créatures nocturnes, avant d'embrasser une carrière politique qui le mènera jusqu'à la présidence des Etats-Unis. Malheureusement, ce n'est pas parce qu'on est arrivé en haut de la pyramide sociale qu'on ne doit plus se salir les mains. Alors que la guerre de sécession fait rage, Abraham Lincoln reprend donc les armes et part trancher dans le vif...

La carrière de Seth Grahame-Smith commence assez tôt, dès 2000, alors qu'il sort tout juste de son école de cinéma. Il écrit et produit alors deux séries que sont VENDETTAS et HISTORY'S MYSTERIES avant de basculer sur une troisième, intitulée CLARK AND MICHAEL, qu'il ne fera que produire. Le bonhomme n'en lâche pas sa plume pour autant et débute alors une carrière littéraire. Il enchaîne dès lors des livres improbables aux titres à rallonge comme "The Big Book of Porn : A Penetrating Look at the World of Dirty Movies" ou "How to Survive a Horror Movie : All the Skills to Dodge the Kills". Le ton est décontracté et Seth Grahame-Smith prend un malin plaisir à mêler quotidien et culture populaire. Il poussera le bouchon avec son roman suivant, dans lequel il reprend quatre-vingt cinq pour cents du texte d'"Orgueil et préjugés" de Jane Austen. Les quinze pour cents restants permettront d'intégrer au récit des morts-vivants, les arts-martiaux et des ninjas. Publié sous le titre "Orgueil et préjugés et zombies" en 2009, le bouquin remporte un vif succès qui incite l'auteur à poursuivre dans cette voie. L'année suivante déboule donc aux Etats-Unis une fausse autobiographie du Président Abraham Lincoln, supposément basée sur son journal intime. Lincoln y raconte alors comment toute sa vie, il n'a cessé d'oeuvrer contre les créatures de la nuit, les vampires...

Dans la foulée, Tim Burton décide de produire l'adaptation cinématographique de "Abraham Lincoln vampires hunter". Il faut dire que le roman s'est rapidement imposé comme un Best-Seller. La même année, en 2010, Seth Grahame-Smith sera d'ailleurs convié à la réécriture du scénario de DARK SHADOWS ! ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES est donc sur les rails avec aux commandes le russe Timur Bekmambetov. Aujourd'hui, ce dernier est essentiellement connu pour son sympathique WANTED : CHOISIS TON DESTIN mais il est bon de rappeler que le monsieur a débuté en réalisant des spots publicitaires. Et pas qu'un peu puisqu'il oeuvrera pour plus de cinq cent marques en quinze ans ! C'est d'ailleurs ainsi qu'il sera repéré par Roger Corman qui, dès le début des années 90, produisait des séries B en association avec des sociétés basées dans les pays de l'Est. A l'aube des années 2000, trois métrages d'héroïc-fantasy naitront de cette alliance : L'immonde BARBARIAN, KEEPER OF TIME et THE ARENA, également connu sous le nom GLADIATRIX sur lequel Bekmambetov fera ses armes. A l'époque, le bonhomme n'avait de toute évidence pas compris comment dynamiser son action et agitait maladroitement sa caméra, ne parvenant pas à masquer l'incompétence de ses actrices.

Les plus incisifs diront que Timur Bekmambetov n'avait toujours pas appris de ses erreurs lorsqu'il mettra en scène NIGHT WATCH et DAY WATCH, en 2004 et 2005. Avec WANTED, le russe franchit honorablement les portes d'Hollywood. Mais ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES nous le montre encore aujourd'hui, le clipper peine à filmer proprement... En entrant dans les salles obscures, il faudra donc accepter le fait que tout ne pourra pas être compris. Le montage des séquences d'actions est proprement hystérique, alternant plans larges, cadrages rapprochés, ralentis, accélérations, effets numériques et personnages réels dans une bouillie réclamant un véritable effort de la part du spectateur. La 3D n'arrange bien évidemment pas nos affaires et les migraineux ophtalmiques peuvent d'ores et déjà faire le stock d'ibuprophène. Comme ce fut le cas pour CONAN 3D par exemple, ce souci de lisibilité devrait certainement s'estomper une fois que le film sera accessible en DVD ou Blu-Ray, et en 2D. La photographie n'en sera cependant pas moins hideuse, et les autres défauts du film demeureront...

Car en effet, ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES se voit handicapé par deux problèmes de taille. Le premier a même un nom : Benjamin Walker. Assez fade, très limité dans ses expressions et tout simplement incapable de faire passer des émotions, le jeune homme trimballe sa grande silhouette sans jamais parvenir à emporter le spectateur. Son personnage se fera balader sans réfléchir durant ses jeunes années, et ne fera guère étalage de son charisme une fois quinquagénaire et Président des Etats-Unis. Un comble, mais reconnaissons que l'acteur n'est pas aidé par le personnage qu'on lui offre, celui-ci étant particulièrement mal traité par le scénario… Et mine de rien, nous tenons donc là le second point noir de cette aventure !

ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES est une aventure décomposée en trois périodes, correspondant chacune à une tranche de vie du héros. La première, assez courte, nous présente l'enfance d'Abraham ainsi que le contexte historique lié à l'esclavage. La seconde représente le gros morceau du métrage, traitant de la période active du personnage en tant que chasseur de vampires. La dernière enfin occupe une demi-heure de pellicule et nous dévoile Lincoln Président pour un final sur fond de guerre de sécession. Si l'idée est séduisante sur le papier, il semble évident que personne n'a songé qu'il pourrait être intéressant de lier ces trois parties. On saute donc du coq à l'âne, sans comprendre ce qu'il est advenu du héros, sans même qu'on nous explique comment un commis épicier avec des poches sous les yeux devient Président barbu trente ans plus tard ! Que sont devenus les vampires durant ces trente années ? Que faisait notre héros ? Ses comparses ? L'apprentissage d'Abraham au "métier" de chasseur de vampires était déjà bâclé via quatre coups de hache en début de métrage, mais la suite ne fera qu'alourdir le constat. ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES est un véritable gruyère scénaristique, alignant les séquences sans donner une chance à ses personnages de connaître une évolution logique et pire, sans leur laisser la possibilité de devenir attachants.

Visuellement douteuses nous l'avons dit, les scènes s'alignent sans qu'on comprenne la logique globale. Quelques idées surnagent comme cette poursuite au milieu d'un monstrueux troupeau de chevaux lancés en plein galop ou cet amusant attachement du héros pour l'arme désuète et peu maniable qu'est la hache... Mais au final, l'émotion et l'implication du spectateur sont absents, tout autant que l'humour et la dérision qui caractérisent pourtant les écrits de Seth Grahame-Smith. Car curieusement et contre toute attente, le métrage de Timur Bekmambetov se prend très au sérieux et ne met aucune distance vis-à-vis de son révisionnisme historique. Le patriotisme étant omniprésent, on en viendrait presque à trouver le propos douteux. L'esclavagisme, le racisme et la guerre de sécession ne seraient en réalité pas du fait des braves américains, mais bel et bien de ces salopards de vampires ! Pourquoi pas... Reste que si ABRAHAM LINCOLN, CHASSEUR DE VAMPIRES n'est pas le divertissement attendu, s'il déçoit et se montre aussi plat que bordélique, la faute n'est certainement pas imputable à de quelconques créatures imaginaires !

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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