Header Critique : FROSCH MIT DER MASKE, DER (LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD)

Critique du film et du DVD Zone 2
DER FROSCH MIT DER MASKE 1959

LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD 

Connu aussi sous le titre anglais THE FELLOWSHIP OF THE FROG et sorti en France sous le nom de LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD, cette «Grenouille Masquée» va déclencher une petite révolution dans le cinéma allemand de la fin des années 50. La firme productrice Rialto va en effet décrocher un succès sans précédent et entraîner le début d'un cycle d'adaptation de romans d'Edgar Wallace pendant près de deux décades. Et ce sans compter les versions télévisée (jusqu'à la fin du XXème/début XXIe siècle), toujours en Allemagne. La mode cinématographique du «Krimi» était alors lancée. Pour rappel, le mot «Krimi» est un terme générique désignant à la base un «Kriminalroman» et par extension un «Kriminalfilm» repris aujourd'hui afin de désigner le cycle de thrillers allemands adaptés ou inspirés d'Edgar Wallace. Cette dénomination est similaire à celle du «Giallo» italien – parti également d'une dénomination littéraire à la base -. Le «Giallo» qui semble d'ailleurs s'être quelque peu inspiré du «Krimi» dans sa forme et sa représentation.

Adapté auparavant en 1937 par Jack Raymond sous le titre plus sobre de THE FROG, DER FROSCH MIT DER MASKE parle d'un mystérieux criminel au masque noir et aux yeux globuleux qui terrorise Londres. Il dirige une bande en charge de fracturer des coffres, assassiner et recourir au chantage afin de parvenir à ses fins. L'inspecteur Elk (Siegfried Löwitz) semble dépassé par le nombre d'actes criminels signés par cette organisation criminelle tout comme son supérieur Sir Archibald (Ernst Fritz Fürbringer). Le neveu de ce dernier (Joachim Fuchsberger) est un détective amateur et semble avoir cependant sa petite idée, aidé en la circonstance par son majordome (Eddi Arent).

DER FROSCH MIT DER MASKE jette les bases de ce que seront les prochains «Krimi» à l'écran. Une bande crapuleuse aux méthodes violentes dont le chef demeure inconnu, avec des intrigues complexes flirtant parfois avec le Fantastique. Le succès aidant, les adaptations suivantes (DER ROTE KREIS, DER GORILLA VON SOHO ou DIE BANDE DER SCHRECKENS, entre autres) se contenteront de reprendre la formule du film d'Harald Reinl, y adjoignant quelques variantes de personnages. Le tout étant également fortement influencé par la série de DR MABUSE initiée par Fritz Lang en 1922. Ce brave docteur trouvera d'ailleurs une seconde jeunesse après le succès remporté par ces adaptations de romans d'Edgar Wallace, avec notamment LE DIABOLIQUE DOCTEUR MABUSE en 1960 et ses séquelles.

Ici, l'origine de cette «grenouille» demeure évasive. Les soupçons se portent de suite sur Harry Lime, un psychopathe retrouvé mort défiguré plusieurs années auparavant, mais dont l'inspecteur Elk (ou Hedge dans la version anglaise) soupçonne d'avoir survécu. Il s'agit toutefois de l'essence même du «Krimi». Dualité, revenants, chantage, soupçons, manipulations… Un «Krimi» made in Wallace est d'abord synonyme d'intrigue particulièrement (et quelquefois artificiellement) alambiquée qui tente de ménager le suspense sur l'identité du tueur, tout en faisant s'entrecroiser des intrigues secondaires. Il s'agit également de morts violentes à tendance sadique. Ce premier opus datant de 1959 surprend par une mise à mort particulièrement brutale d'une jeune femme attachée à une chaise et exécutée à coups de mitraillette. Surprenant et efficace ! Il faut également saupoudrer le tout d'un érotisme discret – pour le moment -, avec un détour dans les bas-fonds de Soho dans un club «Lolita» où la tenancière pousse la chansonnette avec sa robe fendue. Enfin, un humour ironique et mordant de la part du héros-inspecteur complète les règles de base.

Le film d'Harald Reinl installe également quelques figures de la série de films qui reviendront régulièrement. Tout d'abord Joachim Fuchsberger, ici dans la peau d'un héritier américain mais qui sera plus à son aise dans celle d'un inspecteur anglais. Eddi Arent endosse le costume du majordome anglais modèle : il aura du mal à le quitter au fur et à mesure de ses interprétations, la production le cantonnant généralement à ce type de seconds rôles, où il excelle. Siegfried Löwitz incarnera pendant quelques films le héros de Scotland Yard avant de rapidement passer la main à Joachim Fuchsberger ou encore Heinz Drache. Siegfried Löwitz reviendra dans un second rôle pour DER HEXER. Le supérieur reste pour l'instant «Sir Archibald Morton», joué par Ernst Fritz Fürbringer l'espace de trois films, avant de passer la main au personnage de «Sir John» joué dès lors avec beaucoup plus de malice et de second degré par Siegfried Schürenberg… A noter qu'avec les adaptations télévisuelles de 2002, Eddi Arent prend le relais dans le rôle de Sir John. Tout comme le film sera parodié dans la version hommage comique réalisé en 2004 : DER WIXXER. La boucle est bouclée !

La mise en scène d'Harald Reinl ne révèle rien de bien original, contrairement aux œuvres d'Alfred Vohrer. Fonctionnelle, elle s'avère cependant solide dans la mise en avant de décors assez riches et pour mettre sur pied une ambiance parfois inquiétante, voire gothique (la séquence pré-générique en est un bel exemple). Elle cherche également à transposer de manière la plus visuelle qui soit la violence ambiante. Qu'il s'agisse d'un égorgement de policier, d'agressions ou de scènes d'action, la caméra ne semble pas vouloir en perdre une miette. Ainsi, pour 1959, certaines scènes apparaissent sensiblement osées dans la dépiction de la violence mise en scène. D'autre part, la relation entre Richard Gordon et son majordome surprend : ils s'entraînent en effet ensemble à des prises de judo et autres cascades… ce qui n'est pas sans rappeler les suites de LA PANTHERE ROSE avec les joutes entre Kato et l'Inspecteur Clouseau !

Le scénario manie adroitement les doubles personnalités, l'ambivalence de certains personnages tout en ménageant un suspense sur les véritables motivations de chacun. Ainsi le physique fermé et peu avenant de John Bennett (un inquiétant Carl Lange) ne cache t'il pas quelqu'horrible secret dans la valise noire qu'il transporte pendant ses courtes absences ? Quel est la véritable rôle de la charmeuse Lolita (Eva Pflug), séduisant le fils Bennett ? De nombreuses fausses pistes sont bien sûr jetées en pâture au spectateur qui va se perdre en conjectures. Et il faut bien avouer que certains retournements de situations et autres révélations, pour qui n'a pas lu le roman original, se révèlent réellement surprenants. Cependant, la raison qui pousse le criminel semble quelque peu dérisoire par rapport à la complexité de l'ensemble…

En clair, il ne faut pas gâcher son plaisir à découvrir cette grenouille masquée qui servit de modèle aux autres adaptations de l'écrivain à suspense. Le ton demeure peut-être plus sombre, encore emprunt d'un certain respect du genre policier, une ambiance très «Film Noir» à l'anglaise et avec l'influence des métrages de gangs alors en vogue dans les années 50. L'humour y apparaît présent mais discret, avec une lisibilité de l'action et des intrigues qui font plaisir à voir tant le suspense garde une certaine fraîcheur, même quelques 50 ans après sa réalisation. Et même si, hormis le plan d'ouverture tourné à Londres - qui sera d'ailleurs réutilisé dans DIE BANDE DER SCHRECKENS -, les extérieurs ont tous été tournés au Danemark !

Universum initie cette série de «Krimi» avec une édition plutôt complète. La copie présentée au format original (1.33 [4/3]) et en noir et blanc s'avère hautement satisfaisante. Une définition précise de l'image, une stabilité étonnante, surtout aux vues des éditions de DER HEXER ou DER ZINKER parsemées de halos réguliers. Le rendu donne des contrastes agréables, tant dans les scènes nocturnes qu'en intérieur. Pas de poussière notable ni de griffures : le film a bénéficié d'un traitement de choix et cela se voit à l'écran.

Deux pistes sonores s'offrent au spectateur : la version originale allemande et le doublage anglais. Des sous-titres amovibles allemands et anglais viennent aider à la compréhension globale. Les deux versions étant en mono sur deux canaux avec un débit binaire régulier de 224 Kbps, à la tonalité claire et bénéficiant de très peu de souffle d'origine. D'autres films du cycle, à l'instar de DER INDISCHE TUSCH, laissaient transparaître des différences notables dans le mixage sonore entre les versions anglaises et allemande. Il n'en est rien ici, les environnements sonores et musicaux étant quasi-identiques. Ce DVD y adjoint un commentaire audio de Joachim Kamp, grand spécialiste outre-rhin d'Edgar Wallace et auteur du livre référence «Das Edgar Wallace Lexikon». Cependant, la connaissance de la langue allemande demeure obligatoire : aucun sous-titre anglais ou autre n'étant disponible pour ce bonus audio. Il en va de même dans la partie Bonus pour l'interview du producteur Horst Georg Wendlandt qui officia sur la série à partir de 1961 sur DER GRUNE BOGENSCHUTZE. Une galerie photo et le film annonce là aussi uniquement en version allemande complètent le tableau… tout comme l'interminable série de bandes annonces qu'on retrouve sur absolument toute la trentaine de DVD de «Krimi» Wallaciens édités par Universum. Le film est disponible à l'unité, mais également dans le premier coffret de la Collection Edgar Wallace aux côtés de DER ROTE KREIS, DIE BANDE DER SCHRECKENS et DER GRUNE BOGENSCHUTZE. Un livret (entièrement en allemand) reprenant quelques coupures de presse, des notes de production sur les films et autre rapide biographie de l'écrivain est aussi joint au coffret.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
56 ans
1233 news
397 critiques Film & Vidéo
On aime
L’ambiance film noir
Un récit riche en rebondissements
Une certaine brutalité inattendue pour 1959
On n'aime pas
Bonus non sous-titrés
RECHERCHE
Mon compte
Se connecter

S'inscrire

Notes des lecteurs
Votez pour ce film
Vous n'êtes pas connecté !
-
0 votes
Ma note : -
L'édition vidéo
DER FROSCH MIT DER MASKE DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Universum
Support
DVD (Double couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.33 (4/3)
Audio
German Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Allemand
  • Supplements
    • Commentaire audio de Joachim Kramp
    • Interview : Horst Georg Wendlandt
    • Galerie photos
      • Films Annonce
      • Der Frosch Mit Der Maske
      • Der Rote Kreis
      • Der Grune Bogenschutze
      • Die Bande Des Schreckens
      • Die Toten Augen Von London
      • La Soupe Aux Choux
      • Le Grand Blond…
      • Le Magnifique
      • Germanikus
      • Der Wixxer
      • Out Of Time
      • Godsend
      • Blueberry
      • Mindhunters
    Menus
    Menu 1 : FROSCH MIT DER MASKE, DER (LA GRENOUILLE ATTAQUE SCOTLAND YARD)
    Autres éditions vidéo
      Aucune autre édition répertoriée.