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Critique du film et du DVD Zone 2
DER HEXER 1964

 

DER HEXER (traduction : «Le magicien») demeure probablement l'adaptation la plus populaire d'un livre d'Edgar Wallace, s'appelant The Gaunt Stranger et travaillé en pièce de théâtre sous le nom de The Ringer. Il connut d'abord plusieurs adaptations cinéma par Walter Forde : THE RINGER en 1931, puis de nouveau en 1938 sous le titre de THE GAUNT STRANGER… une autre version allemande en 1932, DER HEXER par Carl Lamac, deux versions télévisuelles allemandes en 1956 et 1963 avant d'être adapté pour le cinéma en 1964 (et la liste n'est pas exhaustive !). Si populaire que film connut une séquelle deux ans après, NEUES VOM HEXER… et un remake/hommage/parodie en 2007 avec DER WIXXER. Non pas que l'originalité du film soit criante, loin de là, mais le ton général et une fin inhabituelle ont fait de ce magicien une adaptation populaire.

Gwenda Milton (Petra Von Der Linde), secrétaire chez l'avocat Messer (Jochen Brockmann), est assassinée. Gwenda se révèle être la soeur d'Arthur Milton, dit «Le Magicien», chassé d'Angleterre de par les suicides qu'il aurait provoqué via son spectacle. L'inspecteur Higgins (Joachim Fuchsberger) est persuadé qu'il va revenir d'Australie venger sa sœur. Maître du déguisement, personne ne connaît son visage, pas même l'Inspecteur Warren (Siegfried Löwitz) qui a faillit l'arrêter quelques années auparavant. L'arrivée à Londres de Mme Milton (Margot Trooger), la présence incongrue d'un scénariste australien (Heinz Drache) qui a la faculté de se trouver au bon endroit au bon moment et la ravissante idiote fiancée d'Higgins (Sophie Hardy) vont venir tout compliquer.

Septième métrage d'inspiration Wallacienne pour le réalisateur, Alfed Vohrer. DER HEXER n'échappe pas à la règle de sa malice habituelle. Qu'il s'agisse de la direction d'acteurs en permanence sur le second degré (voir l'inénarrable Sigfried Schürenberg dans le rôle de Sir John qui se met à draguer sa secrétaire après avoir vu une photo suggestive) ou l'audace visuelle (ici la caméra placée derrière un cadran téléphonique pendant qu'un acteur compose un numéro), on sent le réalisateur à l'aise avec son sujet. Cette perception amusée du récit où le spectateur semble complice, ainsi qu'un sens aigu du détail change radicalement des films réalisés par Harald Reinl, par exemple, totalement dépourvus d'humour ou d'audace. En fait, dans la démarche chaloupée et décontractée d'Heinz Drache, lui aussi décomplexé dans le rôle d'un scénariste australien ( !) travaillant sur Le Magicien, l'œil pétillant d'Eddi Arent – fidèle à la série et indispensable second rôle - ou dans la séduction classe de Margot Trooger, chaque acteur donne la pleine mesure de son talent dans des personnages qui sont tous à double facette.

C'est ce qui intéresse de prime abord dans cette histoire a priori simple mais qui se complexifie au fur et à mesure de sa progression narrative. Personne ne semble être ce qu'il parait et de cette confusion nait les multiples pistes sur l'identité du Magicien. Car contrairement à des intrigues comme LA PORTE AUX SEPT SERRURES (autre belle réussite du genre !), ce ne sont pas des meurtres qui rythment le récit, mais une recherche de la véritable identité d'un homme qui possèderait la faculté de faire se suicider des hommes et qui change d'aspect. Vrai ? Faux ? Peu importe, l'argument est laissé en début de métrage, ce dernier s'attachant surtout aux rebondissements et autres poursuites. L'ambiance joue sur un aspect plutôt «Cluedo» que Krimi. Le film joue le jeu jusqu'au bout, d'ailleurs, car l'acteur jouant le Magicien ne sera révélé qu'au tout début du générique de fin. La scène finale ouvrant la possibilité d'une suite qui verra le jour l'année suivante avec la même équipe : NEUES VOM HEXER. On pourra également rapprocher le mécanisme du suspense jusqu'au-boutiste à une autre œuvre d'Alfed Vohrer de 1963, DAS INDISCHE TUSCH, qui fonctionnait sur le même principe.

D'un point de vue strictement éthique, DER HEXER peut étonner du fait de son caractère d'autodéfense. En effet, le Magicien exécute un par un les auteurs du meurtre de sa sœur. Il déjoue à la fois les criminels mais également la police qui ne peut l'arrêter. La révélation finale, par ailleurs dotée de jolis effets spéciaux, surprend en ce sens et reste à contre-courant de la série d'adaptations de Krimi d'Edgar Wallace produite par la Rialto entre 1959 et 1972.

Peu de violence ou d'effroi, l'intérêt ne se situe pas dans ces départements-là. Alfed Vohrer a plutôt voulu recréer un aspect serial à la Fantômas. D'ailleurs, la base secrète de l'organisation de traite des blanches ressemble un peu à celle de Fantômas, avec son mini sous-marin qui largue les cadavres dans la Tamise. On retrouve les passages secrets, explosions, coups de théâtre, masques en silicone qu'affectionnent à la fois Edgar Wallace et les créateurs de la série de films, ce qui ajoute grandement au charme parfois suranné du métrage. Vohrer se paie même le petit clin d'œil final du «Fright Break» avec un carton demandant aux spectateurs s'ils ont deviné qui était le Magicien. Sans compter un érotisme discret mais de plus en plus présent à l'écran parmi les seconds rôles féminins de plus en plus déshabillés. Le spectateur remarquera aussi une certaine habileté dans les scènes d'action. Ainsi une poursuite nocturne sur les toits de Londres est filmée de manière adroite, avec cascades à l'appui… dont la dernière ressemble étrangement à l'une de celles qu'effectue Jean-Paul Belmondo dans PEUR SUR LA VILLE, qui reprend même certaines idées visuelles.

Une fois de plus, le compositeur habituel de la série, Peter Thomas, s'en donne à coeur joie sur l'expérimentation musicale. Dès le générique (qui est lui en couleurs, à l'instar de DAS INDISCHE TUSCH), la tonalité criante et mystérieuse va résonner, ce qui ira de pairs avec ses créations mélodiques tout au long du métrage : Une marque de fabrique définitive. Pour terminer sur les dénominateurs communs qui sont décidément bien nombreux avec cette série de films, la présence de l'actrice française Sophie Hardy, à la trajectoire assez curieuse. Présente en Allemagne dans WINNETOU III, elle reviendra dans un autre Krimi : LA PLANQUE, après un détour dans LA BAIE DU DESIR de Max Pecas, une comédie musicale THREE HATS FOR LISA, deux Eddie Constantineries (DES FRISSONS PARTOUT et CARTES SUR TABLE) avant de disparaître aussi vite qu'elle apparut. Elle représente ici l'incarnation de l'actrice sexy inutile, un peu comme Mylène Demongeot dans les FANTOMAS, justement, à qui rien n'est demandé hormis de faire joli. Typiquement l'esprit des années 60 dans la représentation de la femme, toujours en retrait, en danger, déshabillée et très rarement une héroïne à l'égal de son partenaire masculin.

Comme avec CHAMBRE 13, par exemple, la copie en noir et blanc d'origine présentée de DER HEXER présente un manque de stabilité d'image. On remarque des flous de manière récurrente voire des dédoublements de personnages floutés (à 27mn54, par exemple), et de plans régulièrement surexposés. Ce qui contraste là aussi avec la précision de certains détails lors de gros plans. Le film fut aussi tourné en Ultrascope comme CHAMBRE 13, présenté ici dans son format d'origine avec un transfert 16/9ème.

Le DVD offre deux pistes sonores en mono et encodées en 2.0, allemande d'origine et un doublage anglais. Des sous-titres allemands et anglais sont également disponibles. On remarquera quand même que les sous-titres anglais prennent quelques libertés avec la langue de Goethe (à la 21ème minute, par exemple, le chiffre «4» devient «3» dans la traduction, lors de la scène du bouquet de fleurs). La piste anglaise, comme pour d'autres éditions de la collection, parait étouffée et reste exempte d'un environnement sonore alors qu'il est généralement riche sur la piste allemande (bruits de fond et effets sonores).

On peut également trouver DER HEXER dans le quatrième coffret EDGAR WALLACE édité par Universum films (avec CHAMBRE 13, DER SCHWARZE ABT et DAS INDISCHE TUSCH). Hormis ces quatre films, le coffret offre un livret de 24 pages à propos de chacun des métrages : photos et affichettes d'époques, textes originaux… le tout hélas seulement en allemand. Y est ajouté les plannings de travail originaux de DER HEXER et DER SCHWARZE ABT. Les bonus sont cependant moins importants qu'espérés. Hormis l'habituelle louche de bandes-annonces en allemand de LA SOUPE AUX CHOUX, LE GRAND BLOND AVEC UNE CHAUSSURE NOIRE, LE MAGNIFIQUE, BLUEBERRY, DER WIXXER, GERMANIKUS… rien de relatif au film. Pour voir un documentaire d'époque sur le tournage de DER HEXER, il faudra se tourner vers la galette de CHAMBRE 13 qui offre cette possibilité.

DER HEXER demeure l'un des meilleurs porte-drapeaux des adaptations d'Edgar Wallace effectuées outre-rhin. Des qualités techniques indéniables, la fantaisie générale, le flair visuel d'Alfed Vohrer et des acteurs qui suivent le rythme d'une histoire qui sait restée concentrée sur son argument initial sans se laisser parasiter par des intrigues secondaires envahissantes. Dommage que la copie présentée ne lui rende pas plus hommage que cela, mais la curiosité aidant, le spectateur avisé pourra passer un excellent moment de détente et de suspense.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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La présence de piste et sous-titres anglais pour le film
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L'édition vidéo
DER HEXER DVD Zone 2 (Allemagne)
Editeur
Universum
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Allemagne (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
2.35 (16/9)
Audio
German Dolby Digital Mono
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Anglais
  • Allemand
  • Supplements
      • Bandes Annonces
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