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Critique du film et du DVD Zone 2
BARBARIAN 2003

 

Kane est un aimable barbare solitaire passant le plus clair de ses journées à s'entraîner au maniement de l'épée ou à pourfendre quelques malotrus violeurs de damoiselles… Une nuit, alors qu'il vient de goutter au repos du guerrier dans les bras d'une naïade peu farouche, notre valeureux héros est dérangé par une sorcière qui s'immisce dans ses songes. Celle-ci lui explique les bases du monde dans lequel il évolue et lui apprend l'existence de trois reliques : L'amulette de la vie, l'épée de la justice et enfin le calice, lui aussi dit « de la vie ». Réunis, ces différents objets offrent à leur porteur le pouvoir d'établir une paix durable. Cependant, placés entre de mauvaises mains, ils pourraient bien provoquer un chaos des plus regrettables… Munkar, grand méchant certifié 100% odieux, est fort logiquement intéressé par les trois bibelots et se trouve du reste déjà en possession de l'un d'eux. Il est donc urgent d'agir et de partir en quête des deux autres... Kane, ayant été désigné par la sorcière squatteuse de rêves, n'a dès lors plus d'autres choix que de mener à bien cette terrible entreprise, aidé en cela par un homme peluche et une amazone impudique.

Roger Corman nous étonnera toujours. Réalisateur d'une bonne cinquantaine de films, producteur sur près de quatre cents métrages, acteur à ses heures perdues, scénariste et, bien entendu, découvreur de talents (Francis Ford Coppola, Joe Dante, James Cameron, Martin Scorsese…), Corman est tout simplement un incontournable dans le milieu du Bis. Série B seulement toutefois car notre homme possède une ligne directrice bien à lui : Faire au mieux avec le moins possible. C'est sur ce principe a priori simpliste que naîtront de nombreuses œuvres de qualité bien évidemment très variable. La filmographie du monsieur (tous postes confondus) oscillera donc gaiement entre le très convenable, via par exemple ses adaptations de Edgar Allan Poe (sur lesquels nous retrouvons Richard Matheson au scénario), et le ridiculement mauvais via… énormément de films ! Reste que l'homme est toujours là et continue de faire parler de lui depuis maintenant plus d'un demi siècle. Les raisons d'une telle longévité dans le métier n'ont cependant rien d'un secret : Corman a su, au fil des années, s'adapter pour toujours proposer au spectateur des divertissements dans l'air du temps, nous exhibant ainsi des dinosaures quand ce fût la mode (les CARNOSAUR, RAPTOR et DINOCROC), de fiers combattants hérités des années 80 (la longue saga BLOODFIST), des super-héros hauts en couleurs (BLACK SCORPION) et bien entendu de l'horreur à foison (THE UNBORN, PIRANHA)… Récemment, ses productions adoptèrent même l'imagerie numérique bon marché et se tournèrent vers une autre source d'économie potentielle : Les pays de l'Est. Bien qu'ayant déjà acquis quelques métrages de science fiction Russes dans les années 60, ce n'est qu'une trentaine d'années plus tard que Corman décide de s'associer à quelques maisons de productions locales (Mosfilm et Anatoly Fradis entre autres). De ces alliances naîtront donc des films tels que le quatrième volet de la série DEATHSTALKER (1990), BURIAL OF THE RATS (1995), HELLFIRE (1995) ou encore MARQUIS DE SADE (1996). Fort de ces concluantes expériences, le producteur frénétique passe à la vitesse supérieure dans les années 2000, récupérant un film de guerre (ESCAPE FROM AFGHANISTAN) et produisant pas moins de trois films entrant dans la catégorie médiéval / fantastique : THE ARENA (2001), KEEPER OF TIME (2004) et le BARBARIAN qui nous intéresse présentement…

BARBARIAN (à ne pas confondre avec le BARBARIANS de Ruggero Deodato) nous conte donc les mésaventures d'un barbare entraîné dans une quête aux retentissements bien évidement planétaires. Le héros en question, vague ersatz du CONAN de John Milius, est ici interprété par un Michael O'Hearn en pleine tentative de reconversion. En effet, à l'image du musculeux Arnold Schwarzenegger, O'Hearn est un athlète qui fût reconnu tout d'abord pour ses talents de culturiste récompensés par, entre autres, trois titres de Monsieur Univers. Il fût par ailleurs modèle pour des couvertures de roman roses et pseudo-combattant dans le show télévisuel américain «Battle Dome». Un curriculum vitae qui le destinait bien entendu, un jour ou l'autre, à chausser des sandales et se munir d'une épée de plastique pour les besoins d'un direct-to-video vite emballé ! Notre homme se promène donc, sur son cheval nommé «Tornado», dans un monde fort heureusement fictionnel au sein duquel interviennent sorcières, princesses, créatures étranges et vauriens de tous poils. Face à ce héros à la coupe de cheveux parfaite se dresse fort logiquement le maître des dits vauriens en la personne de Munkar, ici interprété par le particulièrement souriant Martin Kove (coutumier des rôles de «Bad Guys» et éternel méchant de la trilogie KARATE KID). Bien que l'artiste ne brillât jamais réellement au firmament des acteurs, il est tout de même attristant de le retrouver ici dans un rôle aussi navrant… Munkar est en effet un être vil tout ce qu'il y a de classique : Il sourit lorsque de braves gens meurent sous ses yeux, kidnappe une princesse qu'il menace ensuite à l'aide d'une horrible créature (en réalité une chaussette verte enfilée sur une main mais chut : Faisons semblant !), se monte un harem et souhaite bien entendu prendre le contrôle du monde par la force. Surjeu terrifiant et propos affligeants seront malheureusement les principaux attributs de ce personnage que nous oublierons bien vite au profit d'autres, largement plus réjouissants.

Attachons nous pour commencer au personnage de Wooby (en version originale), fidèle larbin de notre glorieux héros, le grand Kane. Wooby est un peu à BARBARIAN ce qu'un Ewok est au RETOUR DU JEDI : Une petite créature velue a priori crispante qui compensera toutefois en se montrant fort dévouée. Mais ne nous y trompons pas car cet attachant personnage est bien plus qu'un simple faire-valoir... Il est aussi un être dont le visage ne bouge pas lorsqu'il parle, une bestiole au regard lubrique doublé par maître Yoda et surtout, il est une boule de poils sur laquelle on distingue clairement de grosses rustines rectangulaires ! Il ne fait à ce propos aucun doute que le nom, en version française, du personnage (Maclou) est un vibrant hommage à la sainte chaîne de distribution de moquettes d'où semble provenir le patchwork surnaturel qui nous est fièrement exposé… Vous l'aurez compris, Wooby (ou Maclou…) est donc un véritable affront à l'intelligence du spectateur, doublé d'une violente attaque frontale à son seuil de tolérance.

Fort heureusement, il y a dans BARBARIAN bien d'autres sources de réconfort que cette étrange bestiole velue. Abordons donc tout simplement le cas des amazones, princesses et autres esclaves du harem de ce décidément très méchant Munkar… BARBARIAN respecte à leur sujet parfaitement le précepte instauré par Roger Corman au tout début de sa carrière : Alimenter de manière régulière le spectateur en action ou en nudité afin de le maintenir aux aguets. C'est donc fort logiquement que chacune de ces demoiselles (et elles sont nombreuses) se verra à un moment ou un autre dénudée partiellement ou totalement. Le premier film du jeune réalisateur texan Henry Crum se montre ainsi particulièrement généreux en exhibitions et autres cadrages serrés sur de bien généreuses courbes… Allons même jusqu'à annoncer fièrement qu'il surclasse aisément en ce domaine le pourtant bien doté THE ARENA réalisé dans de très similaires conditions en 2001. Tellement similaires du reste que l'amateur de Cormaneries médiévales retrouvera sans mal quelques stock-shots du film de Timur Bekmambetov réemployés ici pour un rapide flash-back historique d'introduction. Au chapitre des stock-shots, mentionnons aussi les nombreux plans de DEATHSTALKER (toujours une production Corman datant cette fois de 1983) ici repris pour les besoins d'une scène d'orgie qui tournera rapidement à l'affrontement, bien entendu dénudé, dans la boue. A l'occasion de cette folle séquence, nous pourrons donc et avec joie retrouver les personnages de Codille (héroïne du film de James Sbardellati incarnée par Barbi Benton) et de l'homme-cochon aux forts accents de garde Gamoréen…

Mais tentons de voir au-delà de cet étrange casting et de l'aspect «bricolé» que BARBARIAN ne manque pas de dégager. Le film se veut être une aventure d'héroïc-fantasy classique avec options quête, princesse Gretchen à libérer et combats à profusion. Sur ce dernier point, nous ne pourrons là encore qu'être particulièrement sceptique. Si Michael O'Hearn s'en sort très honnêtement lorsqu'il s'agit de faire tourner une épée entre ses mains, il n'en est rien de ses malheureux adversaires… Aucun des acteurs en présence n'a manifestement manié ou même approché une arme avant le «On tourne !» du réalisateur. Ceux-ci semblent en effet avoir été parachutés contre leur gré au cœur de molles altercations durant lesquelles les bons mots prévalent sur l'action. Le résultat est donc, sans surprise, affligeant. Ajoutons par ailleurs que la présence d'armes factices de bien piètre qualité (un marteau en polystyrène…) n'aide en rien les malheureux qui donneront cependant le meilleur d'eux-même lors d'un tournoi organisé par le vicieux Munkar. Cette compétition sera, plus encore que le reste du métrage, l'occasion pour le réalisateur de nous démontrer son incroyable incompétence. La caméra semble en effet placée de manière à faire systématiquement ressortir les faiblesses des costumes, les coups ne portant pas et les expressions inappropriées des comédiens. La plupart des plans du film coupent par ailleurs la tête des personnages principaux, leur voilent le visage lorsqu'ils parlent (pratique pour le doublage !) ou nous montrent des acteurs partiellement cachés par d'énormes piliers flous. Tant d'amateurisme pourrait sembler volontaire mais il n'en est malheureusement rien : Henry Crum semble bien être là l'un des plus beaux incompétents de ce début de siècle…

A film laid, DVD laid. C'est bien là ce qu'a dû penser l'éditeur français qui n'ose pas s'identifier sur la jaquette et qui nous propose un disque tout en simplicité. L'image en plein cadre d'origine est donc à la fois granuleuse, baveuse et mal encodée. Pratiquement le carton plein pour un film qui, rappelons-le, date pourtant de 2003… Pour accompagner cette image, nous n'aurons droit qu'à un unique doublage français plutôt je-m'en-foutiste, plombant clairement un film qui n'avait besoin de personne pour cela. Le menu, bien entendu très minimaliste et figé, nous proposera d'accéder à la bande annonce du métrage, présentée elle aussi en version française. Nous noterons par ailleurs que cette bande annonce méritait amplement sa place sur le DVD puisqu'elle parvient à réaliser l'impossible : Proposer une succession d'images nerveuses laissant presque à penser que BARBARIAN est un film intéressant. Grand bravo donc au monteur de ce film annonce…

Vous l'aurez sans doute compris, BARBARIAN est un métrage d'héroïc-fantasy incroyablement bâclé, cumulant le non jeu d'acteurs et ce qui se fait de pire en matière de réalisation… Cependant, tant d'incompétence, d'action molle et d'érotisme gratuit semblent si étonnant que le disque, proposé pour un sou symbolique, pourrait fort bien trouver son public parmi les amateurs d'échecs sur bobines. Le film de Henry Crum pourrait bien à ce titre détrôner les bien piteux ATOR 2 et BARBARIAN QUEEN II : THE EMPRESS STRIKES BACK. Avis donc aux connaisseurs…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
BARBARIAN DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h30
Image
1.33 (4/3)
Audio
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Aucun
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