Header Critique : INCREDIBLE SHRINKING MAN, THE (L'HOMME QUI RETRECIT)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE INCREDIBLE SHRINKING MAN 1957

L'HOMME QUI RETRECIT 

Scott Carey et sa femme Louise sont en croisière lorsqu'ils traversent une mystérieuse nappe de brume. Si Louise est épargnée par cet étrange phénomène, il n'en est rien par contre pour son mari qui constate six mois plus tard un effet secondaire des plus regrettables. Scott perd en effet du poids mais aussi de la hauteur à une vitesse impressionnante ! Quelques semaines suffisent ainsi pour que l'homme atteigne la taille lilliputienne de 85 centimètres… Devenu dès lors une curiosité aux yeux du monde, Scott s'enferme chez lui, mais aussi en lui, devenant par là même de plus en plus distant avec son épouse. Malgré les efforts de la médecine, le malheureux poursuit sa décroissance jusqu'à ce que son univers si familier lui devienne particulièrement hostile…

C'est en 1950, alors qu'il n'a que 24 ans, que Richard Matheson publie une première nouvelle nommée «Le journal d'un monstre». Cette histoire d'enfant physiquement monstrueux haïssant son père autant que sa mère remporte un vif succès qui l'incite bien entendu à poursuivre dans la voie du fantastique et du suspense. Plusieurs nouvelles voient donc le jour et un premier roman («Jour de fureur») est publié en 1953. Le décidément prolifique Matheson enchaîne alors aussitôt sur ce qui sera sans doute son plus grand roman : «Je suis une légende». On trouve dans cet écrit tout ce qui fait la particularité de l'œuvre de l'écrivain américain, à savoir une volonté de justifier l'inexplicable par des théories médicales aberrantes, une confrontation entre un individu et l'univers dans lequel il évolue, une réflexion sur l'existence de l'Homme et une conclusion dans laquelle se mêlent étrangement fatalité et optimisme… Tous ces éléments, nous les retrouverons en 1956 dans son roman «L'homme qui rétrécit». D'excellente facture, ce roman va permettre à Matheson d'embrasser une seconde carrière, celle de scénariste pour le cinéma. Cet autre pan de la vie du monsieur va d'ailleurs bien vite prendre le pas sur le reste. Il écrira alors de nombreux scénarios à destination de séries télévisées aussi prestigieuses que LA QUATRIEME DIMENSION, ALFRED HITCHCOCK PRESENTE ou encore HISTOIRES FANTASTIQUES. L'homme se charge par ailleurs de réécrire ses propres romans et nouvelles en vue de leur adaptation au cinéma, travaille pour un Roger Corman alors en pleine période « Edgar Alan Poe » (LA CHUTE DE LA MAISON USHER, LA CHAMBRE DES SUPPLICES, L'EMPIRE DE LA TERREUR etc.) et nous livre même les scénarios de films tels que DUEL ou LES DENTS DE LA MER 3

Richard Matheson, auteur incontournable du monde fantastique, s'associe donc à Jack Arnold en 1957 pour porter à l'écran son fameux L'HOMME QUI RETRECIT. Arnold qui, à cette époque, s'est déjà fait un nom dans le domaine de la série B fantastique grâce à de petites merveilles comme LA CREATURE DU LAGON NOIR ou l'énorme TARANTULA

L'HOMME QUI RETRECIT nous propose donc avant tout de partager le destin peu enviable d'un homme exposé aux effets indésirables de l'arme atomique. Une dizaine d'années seulement après l'explosion de la bombe à Hiroshima et alors que les premiers essais nucléaires se multiplient, l'inconnu subsiste et les conséquences effraies. Ray Bradbury nous conte dès le début des années 50, dans ce qui deviendra à l'écran LE MONSTRE DES TEMPS PERDUS (1953), l'histoire d'une créature devenue démesurément grande au contact des radiations. Le gigantesque GODZILLA, suivi par tant d'autres, prendra bien entendu le relais dès 1954 pour devenir le fer de lance de ce que l'on appellera les «monstres atomiques». L'HOMME QUI RETRECIT aborde le problème sous un autre angle et nous propose donc d'assister à la diminution sans limite d'un être vivant exposé au démon nucléaire. Le sujet a, en réalité, déjà été abordé par le DOCTEUR CYCLOPS d'Ernest B. Schoedsack (KING KONG, SON OF KONG, MONSIEUR JOE) en 1940. L'homme mettait alors en scène un petit groupe de quatre scientifiques, accompagné d'un personnage supplémentaire, réduits au cinquième de leur taille des suites d'une exposition au Radium. On trouve par ailleurs trace d'hommes réduits par la science (sans interventions des radiations toutefois) dans l'excellent LES POUPEES DU DIABLE de Tod Browning (1936). Par la suite, le concept de la diminution humaine sera bien entendu réexploité à multiples reprises. Nous citerons pour l'exemple l'insignifiant THE INCREDIBLE SHRINKING WOMAN (premier film de Joel Schumacher en 1981) ou encore la ludique série des CHERIE, J'AI RETRECI LES GOSSES (initiée par Joe Johnston en 1989)… Malgré donc la relative abondance de films mettant en scène des humains aux dimensions réduites, L'HOMME QUI RETRECIT parvient sans mal à sortir du lot pour s'inscrire au rang de film culte.

Durant la première moitié du film, Scott Carey prend donc conscience du mal dont il souffre, et pour cause : sa taille décroît de près d'un mètre ! L'homme, incarné par un Grant Williams (BRAIN OF BLOOD) irréprochable, se trouve confronté au regard du monde, à la curiosité malsaine de la presse et à l'impuissance de la médecine. Scott est alors diminué aussi bien physiquement que moralement. La rage et l'incompréhension prennent le dessus et peu à peu, malgré lui, il coupe les ponts avec l'humanité. Seul le regard aimant de sa femme demeure tolérable. «Tolérable» seulement car Scott, homme qui nous est présenté comme solide et persuasif dans l'introduction devient dès lors un être fragilisé, pratiquement incapable de survivre sans la bienveillance de son épouse. Touché donc au plus profond de son orgueil masculin, notre petit héros tente de compenser son impuissance en haussant le ton et se montrant même particulièrement sec et autoritaire dans les propos qu'il adresse à son épouse…

Apparaît alors l'espoir. Tout d'abord par le biais de la médecine qui pense avoir trouvé un antidote, puis via Clarice, jeune lilliputienne exhibée dans un cirque ambulant tel l'un des FREAKS de Tod Browning. Scott trouve en Clarice son reflet au féminin avec lequel il pense alors furtivement pouvoir retrouver sa virilité perdue et se récréer un univers "humain" dans lequel il pourrait survivre en mettant de côté sa différence. Mais l'espoir n'est que de courte durée et l'homme amorce une nouvelle phase de rétrécissement, plus impressionnante encore que la première... Dans la seconde partie du film, Scott n'est plus comparable à aucun être humain. Définitivement coupé du monde des Hommes, le malheureux voit l'univers auquel il était si attaché devenir source de terribles mésaventures. C'est ainsi qu'il sera tout d'abord la proie de son propre chat avant de devenir celle d'une araignée (Arnold, décidément attaché aux tarentules, nous en ressert une ici). Remarquablement mis en scène, ces deux affrontements (repris sur les affiches d'époque) forment bien entendu le clou du métrage en terme de performance visuelle. Clifford Stine et Roswell A. Hoffman (déjà complices sur LES SURVIVANTS DE L'INFINI et LE METEORE DE LA NUIT entre autres) associent ici leurs remarquables compétences pour nous offrir le meilleur de l'époque. Même si les incrustations sont la plupart de temps visibles (détourage blanc ou noir, absence d'ombres projetées etc.), force est de constater que l'interaction entre notre homme et les diverses créatures ou humains de taille normale se fait magnifiquement bien. Les séquences de dialogue entre un Scott diminué de moitié et sa femme sont à ce titre de véritables monuments. La conception des décors et accessoires à grande échelle a aussi fait l'objet d'un soin tout particulier, transformant avec brio un clou en arme, une boite d'allumette en refuge, une tapette à souris en piège mortelle et une simple fuite d'eau en véritable raz-de-marée. Du très bel ouvrage qui contribue pleinement à faire de L'HOMME QUI RETRECIT un film réellement hors normes.

Hors normes, il l'est aussi dans sa conclusion, très métaphysique et, contrairement au reste du film, pleine d'espoir. Scott n'est plus un homme. Il a accepté de renoncer définitivement à son humanité pour devenir autre chose, la créature d'un Dieu pour lequel les barrières n'existent pas, un aventurier de l'infiniment petit, un être unique qui s'apprête à découvrir ce qu'aucun autre homme n'aura pu découvrir avant lui. Jusqu'où son destin extraordinaire le mènera t'il ? Pourra t'il accéder aux fondements de la vie même ? Nous n'en saurons rien mais une chose est sûre : A l'image de Robert Neville, dernier humain du roman «Je suis une légende», Scott Carey prend conscience de ce qu'il est devenu et accepte son sort non sans une certaine ironie…

Très attendu par les amoureux du cinéma fantastique, L'HOMME QUI RETRECIT pointe sa petite silhouette de l'autre côté de la Manche, en Angleterre. Le disque zone 2 édité par Universal est donc accessible à la plupart d'entre nous, d'autant qu'il propose de nombreuses pistes sonores. Parmi celles-ci, nous citerons bien entendu la version originale (avec sous-titres français entre autres), proposée dans un mono sur deux canaux parfaitement clair, et la piste française, elle aussi d'époque et tout à fait appréciable. Concernant cette seconde piste, nous noterons toutefois à la 68ème minute un changement de doubleur qui n'intervient que le temps d'une simple réplique : «Toutes mes peurs ressurgissaient comme dans une immense nuit de cauchemars». Une petite curiosité (sans doute là pour palier une erreur de traduction) que nous retrouverons aussi sur la piste allemande mais cette fois-ci à plusieurs reprises. A noter aussi que la piste russe est proposée en «Voiceover». Comprenez par là qu'il s'agit d'un doublage russe, réalisé par seulement deux doubleurs (un homme et une femme pour tous les rôles), qui vient se superposer à la version anglaise…

Concernant l'image, nous sommes heureux de constater que le film est encodé en 16/9ème, proposant un cadrage (1.78) proche du format d'origine (1.85). L'image est certes granuleuse mais il s'agit là d'un grain normal et non dénué de charme. Contraste et définition sont excellents et seuls quelques artéfacts viendront ternir notre plaisir de redécouverte. A noter que le master utilisé est le résultat d'une restauration datant de 1985. Sans doute aurait-il été bon de réaliser une nouvelle restauration avec les moyens disponibles aujourd'hui pour éliminer les quelques rayures disgracieuses. Reste que c'est un véritable plaisir que de pouvoir profiter du film dans ces conditions. Malheureusement, tout n'est pas aussi appréciable sur ce DVD et l'absence totale de bonus vient clairement entacher l'ensemble. Le nombre de concernés ou de passionnés susceptibles de réaliser une intervention pertinente semble pourtant élevé et la bande annonce d'époque existe bel et bien. Pourquoi n'avoir pas fait dans ce cas un petit effort éditorial ? Faute de mieux, nous nous consolerons de cette bévue en reconnaissant que le prix de l'objet le rend accessible à toutes les bourses… Notons que le même disque serait sorti en France mais de façon plutôt confidentielle.

Avec L'HOMME QUI RETRECIT, nous sommes donc en présence d'un véritable classique de la science fiction. Pointant du doigt avec une certaine intelligence l'incompétence des spécialistes à contrôler (ou même comprendre) les effets du nucléaire, la ghettoïsation des freaks et le poids écrasant du jugement de la presse, le film de Arnold est aussi un entraînant voyage dans le monde du minuscule. Un métrage à double facette donc, qui pourra sans doute ravir aussi bien les grands que les tous petits…

Rédacteur : Xavier Desbarats
Photo Xavier Desbarats
Biberonné au cinéma d'action des années 80, traumatisé par les dents du jeune Spielberg et nourri en chemin par une horde de Kickboxers et de Geishas, Xavier Desbarats ne pourra que porter les stigmates d'une jeunesse dédiée au cinéma de divertissement. Pour lui, la puberté n'aura été qu'une occasion de rendre hommage à la pilosité de Chuck Norris. Aussi, ne soyons pas surpris si le bougre consacre depuis 2006 ses chroniques DeViDeadiennes à des métrages Bis de tous horizons, des animaux morfales ou des nanas dévêtues armées de katanas. Pardonnez-lui, il sait très bien ce qu'il fait...
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L'édition vidéo
THE INCREDIBLE SHRINKING MAN DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h18
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Francais Dolby Digital Mono
German Dolby Digital Mono
Italian Dolby Digital Mono
Spanish Dolby Digital Mono
Russian Dolby Digital Mono
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