En 1988, sort une mini-série dédiée aux méfaits de JACK L'EVENTREUR, regroupant quatre épisodes de 50 minutes. Réalisée par David Wickes, bénéficiant d'un casting prestigieux, dominé par Michael Caine (L'INEVITABLE CATASTROPHE…), elle réunit, entre autres, Michael Gothard (LES DIABLES…), Armand Assante (PROPHECY…) et Jane Seymour (VIVRE ET LAISSER MOURIR…). Cet excellent téléfilm rencontre un succès international, et vaut même à Michael Caine un Golden Globe. Peu après, David Wickes se remet au travail en écrivant et en réalisant une nouvelle série, adaptée cette fois de la nouvelle "Dr. Jekyll et Mr. Hyde" de Robert L. Stevenson, laquelle venait d'être transposée peu de temps avant pour le cinéma par Gérard Kikoïne, avec son DR. JEKYLL & MR. HYDE. Pour JEKYLL & HYDE, Wickes retrouve Michael Caine, titulaire du double rôle titre. Si la distribution impressionne moins que celle de JACK L'EVENTREUR, on retrouve tout de même de sympathiques vétérans britanniques, tel Joss Ackland (LA MAISON QUI TUE du studio Amicus…) ou Lionel Jeffries (LA REVANCHE DE FRANKENSTEIN de Terence Fisher…).
Le docteur Jekyll, un des médecins les plus reconnus de Londres, provoque, par ses théories audacieuses, des réactions tumultueuses parmi la communauté scientifique. Son plus redoutable adversaire est le docteur Lanyon, un chercheur plus traditionnel. Surtout, Jekyll a été marié à sa fille, mais cette dernière est morte de pneumonie, et Lanyon reproche depuis à son gendre de n'avoir pas su la soigner. Pourtant, Jekyll s'éprend de Sara, l'autre fille de Lanyon, déjà mariée à un marin constamment en voyage. Pendant ce temps, dans les bas quartiers, un personnage difforme, nommé Hyde, sème la terreur…
Comme JACK L'EVENTREUR, JEKYLL & HYDE séduit, dès ses premiers plans, par la qualité de sa production. Les costumes sont sublimes, les reconstitutions sont soignées et les décors, souvent des intérieurs d'époque, sont d'un grand raffinement. Si on ajoute à cela des interprètes d'un très bon niveau et un travail sur la photographie toujours très élégant, JEKYLL & HYDE fait preuve de qualités plastiques que pourraient lui envier bien des productions destinées à une exploitation en salles. Mais, contrairement à la précédente fresque de Wickes, cette série est plutôt courte. Composée de quatre épisodes durant chacun 20 minutes environ, elle ne propose donc qu'un peu plus de 90 minutes d'aventures horrifiques, soit la durée d'un long métrage. Cela se justifie évidemment par le matériel d'origine, qui n'est en fait qu'une nouvelle littéraire.
Pour aborder cette histoire classique, Wickes choisit de se concentrer sur le docteur Jekyll et son environnement social, c'est-à-dire la grande bourgeoisie anglaise de la fin du XIXème siècle. Dans le cadre de sa vie professionnelle, Jekyll est confronté aux idées conservatrices de ses collègues. D'autre part, sa relation naissante avec sa belle-sœur provoque des cancans et des ragots nuisibles, colportés par les hypocrites et les parasites. Mais Jekyll, c'est aussi un savant bourré de bonnes intentions, qui va se livrer imprudemment à des expériences risquées. Il s'injecte ainsi une drogue le libérant de toutes ses inhibitions sociales, drogue qui le transforme en un être brutal et pervers : l'horrible Mister Hyde…
A force de se concentrer sur Jekyll, cette série semble justement oublier Hyde. Certes, ce dernier apparaît suite à des transformations réussies, mais il se contente le plus souvent de traverser l'écran en courant, poursuivi qu'il est par une horde de policiers ou de civils. De même, le récit met en retrait ses méfaits et les descriptions des quartiers sordides où il sévit, ce qui ne peut que décevoir les amateurs d'"horror" gothique, un peu privés d'un de leur "monster" favori. Privilégiant le drame mondain sur le film fantastique, JEKYLL & HYDE paraît alors déséquilibré, trop court pour vraiment développer son potentiel.
Si il n'égale pas JACK L'EVENTREUR, JEKYLL & HYDE reste une production soignée, remarquablement interprétée, et tout à fait à même d'intéresser les amateurs de fantastique classique. Il est reçu moins favorablement que la précédente mini-série de Wickes. Ce dernier dirige pourtant, trois années plus tard, un FRANKENSTEIN, encore pour la télévision.
Sauf erreur, JEKYLL & HYDE, qui avait été distribué en vidéo en France durant l'année 1992, n'a jamais été publié en DVD. C'est donc à une première mondiale que nous convie PVB avec son disque, sorti cette année (2004).
Proposé dans son cadrage d'origine 1.33, cette série peut être visionnée en enchaînant les quatre épisodes à la suite, ou bien en les consultant séparément. Certes, la définition est un peu en retrait, tandis qu'on perçoit un léger bruit vidéo et des petites saletés sur l'écran. Mais, pour une série télévisée relativement ancienne et devenue plutôt rare, le résultat est tout de même de bonne tenue, notamment grâce à des couleurs aux tons naturels.
Ce disque propose plusieurs bandes-son. Le doublage français est disponible ou bien en Dolby Digital 2.0 (et non en 5.1, contrairement à ce qu'indique la jaquette du disque et le menu des options sonores), ou bien en DTS 5.1. Cette dernière solution s'avère, bien entendue, la plus satisfaisante. La version originale anglaise n'est disponible que dans son format mono (d'origine), codé sur deux canaux. A nouveau, cette piste est très honnête, restituant les dialogues avec beaucoup de clarté et sans parasite gênant. Tout juste remarquera-t-on que, dans quelques passages ponctuels du troisième épisode, des pointes de saturation se font entendre, tandis que le décodage Dolby du mono cafouille un peu.
En guise de suppléments, on trouve une filmographie sélective de Michael Caine, quelques bandes-annonces de disques PVB et une petite galerie de photographies de plateau. Le supplément le plus intéressant est une filmographie commentée, dédiée aux adaptations cinématographiques de "Dr. Jekyll et Mr. Hyde" : agréable à consulter, on regrette juste qu'elle soit un peu trop courte.
Sans être parfait ni archi-complet, ce disque permet tout de même de consulter cette mini-série dans de bonnes conditions, et ce pour un prix assez modeste.