Header Critique : DON'T TORTURE A DUCKLING (LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME)

Critique du film et du DVD Zone 1
DON\'T TORTURE A DUCKLING 1972

LA LONGUE NUIT DE L\'EXORCISME 
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Dans le sud de l'Italie, un petit village de montagne est plongé dans la terreur : de jeunes garçons se font mystérieusement assassiner et la police semble avoir du mal à identifier le meurtrier. Les pistes sont nombreuses, mais aucune ne semble réellement aboutir. La tension monte au sein de cette petite communauté...

On ne présente plus Lucio Fulci, proclamé "pape du gore" par les amateurs du genre et à qui l'ont doit une inoubliable trilogie sur les zombies ( L'ENFER DES ZOMBIES, FRAYEURS et L'AU-DELA ), à laquelle on peut même ajouter un autre film de revenants très réussi : LA MAISON PRES DU CIMETIERE. Mais Lucio Fulci n'a pas réalisé que des films de morts-vivants. Il a aussi notamment signé quelques westerns plutôt bons, ainsi que des thrillers et giallos... LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME est d'ailleurs la preuve éclatante que cet italien était un grand réalisateur.

Même si l'histoire se calque sur la trame classique d'un giallo (meurtres violents en série, coupable inconnu, police impuissante...), LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME se démarque nettement des gialli habituels par certains choix originaux. Première remarque (et pas des moindres) : les scènes de meurtres sont éludées ! Seul le début de l'attaque d'une des victimes nous est montré. Ici, l'atrocité n'est pas générée par la mise en scène violente des meutres, mais simplement par le choix des victimes : des enfants.

Mais les différences ne s'arrêtent pas là. Alors que les gialli de Mario Bava ou Dario Argento prenaient tous place dans un milieu urbain, celui de Lucio Fulci est situé en pleine zone rurale. Dans ce village perdu aux confins de l'Italie, la seule trace de modernité est ce tronçon d'autoroute tortueux qui surplombe la vallée et semble aussi insaisissable qu'un serpent...

Ces villageois sont le coeur du film. Ils sont tous plus suspects les uns que les autres, ignorants, superstitieux et sans doute aussi dangereux que le tueur... L'interprétation est d'ailleurs de qualité, ce qui (admettons-le) n'est pas monnaie courante dans les films de Lucio Fulci. Et quel casting ! Tomas Milian (futur interprète des QUATRE DE L'APOCALYPSE, du même Lucio Fulci) campe un journaliste crédible qui semble difficilement résister aux charmes de la vénéneuse Barbara Bouchet, citadine exilée dans ce trou perdu. Même le curé du village (Marc Porel, qui retrouvera Lucio Fulci pour L'EMMUREE VIVANTE, en 1977) semble envoûté par la belle Barbara... Georges Wilson (grand acteur de théâtre français et, accessoirement, papa de Lambert) interprète quant à lui l'étrange ermite vivant sur les collines. Mais le personnage le plus mémorable reste sans doute la bohémienne jouée par Florinda Bolkan (déjà héroïne du VENIN DE LA PEUR), celle que les villageois appellent la "sorcière". Couverte de boue et de crasse, l'actrice n'en est pas moins belle et fascinante.

Tous ces personnages hauts en couleurs donnent une tonalité incroyablement malsaine au film. L'idiot du village s'improvise maître-chanteur, une ex-toxicomane cherche de nouvelles sensations auprès de jeunes garçons... Aucun villageois n'est épargné par la caméra de Lucio Fulci. Il en profite même pour multiplier les fausses pistes, plus crédibles les unes que les autres. Sa mise en scène, parfaite, est glaciale et bien plus sobre qu'à l'habitude.


Car dans cette communauté, personne n'est épargné. Même les enfants assassinés ne sont pas présentés comme de simples et innocentes victimes. En effet, dès le début du film, après avoir cruellement tué un lézard, les garnements vont hypocritement prier à l'église... puis vont se rincer l'oeil en espionnant des prostituées venues de la ville ! Pourtant, comme les enfants de la scène d'ouverture de LA HORDE SAUVAGE de Sam Peckinpah, les garnements de Lucio Fulci ne font qu'imiter les adultes qu'ils cotoient et qui les éduquent. Ainsi, lorsque, durant une scène d'une violence et d'une cruauté inouïes, des villageois exécutent sauvagement la personne qu'ils estiment coupable, le comportement des jeunes vauriens paraît à la fois bien anodin et parfaitement logique. Cette scène remarquable restera d'ailleurs gravée dans la mémoire du spectateur. La musique choisie, très décalée et provenant de l'autoradio d'un des agresseurs, aura probablement donné des idées à Quentin Tarantino pour la célébre séquence de RESERVOIR DOGS où Mr. Blonde torture sadiquement son otage...

La réussite de Lucio Fulci réside dans son exploitation parfaite du contexte social. Rivalités, convoitises, rancoeurs, superstitions... tout porte à rendre l'atmosphère irrespirable au sein de cette petite communauté excessivement repliée sur elle-même. Bien plus qu'un giallo, LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME est donc un drame rural troublant et malsain. Dix ans plus tard, Lucio Fulci se penchera à nouveau sur les recoins les plus obscurs de l'âme humaine et réactualisera son contexte en signant le très urbain, mais encore plus malsain, EVENTREUR DE NEW YORK. Ce film est le pendant citadin de LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME. Car à New York, dans les années 80, les meurtres ne choquent plus vraiment. L'indifférence s'est substituée à l'indignation et à la colère, et c'est donc la violence graphique qui rend cette fois les meurtres insoutenables. Mais ceci est une autre histoire...

Le DVD présente le minimum sur le plan des qualités techniques, mais c'est globalement suffisant. Le transfert vidéo est au format et anamorphique. La qualité de l'image est loin d'être irréprochable, mais elle reste toujours satisfaisante. Une seule piste sonore, en mono, est proposée : la version post-synchronisée en anglais. On pouvait difficilement espérer mieux de la part d'Anchor Bay. En outre, comme la plupart des productions italiennes des années 70, LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME présente un casting très international et ne dispose sans doute pas de véritable version originale. Comme toujours chez Anchor Bay, aucun sous-titrage n'est disponible. Les suppléments brillent aussi par leur absence et c'est bien regrettable. Seule une pseudo-biographie de Lucio Fulci nous est proposée et on n'a même pas droit à la bande-annonce et aux photos d'exploitation habituelles...

C'est donc une édition minimaliste qui nous est proposée ici. Mais ne faisons pas la fine bouche car avoir ce film en DVD, dans une copie impeccable, est déjà une merveilleuse surprise. Car s'il ne s'agit pas du film le plus populaire de Lucio Fulci, LA LONGUE NUIT DE L'EXORCISME est peut-être bien le meilleur film du maître du gore ou, du moins, son plus abouti. Ce giallo intelligent et malsain est à voir absolument.

Rédacteur : Francis Trento
9 critiques Film & Vidéo
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Un giallo intelligent et troublant
Les personnages
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Pas de sous-titrage
Pas de vrai bonus
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NON SI SEVIZIA UN PAPERINO DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Support
DVD (Simple couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h42
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
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