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Critique du film
SADAKO 3D 2012

 

Un illuminé parvient à créer une nouvelle vidéo maudite en ravivant l'esprit de Sadako. Cette vidéo, le montrant se sacrifier en plan fixe, condamne quiconque la regarde à un sort funeste. Akane (Satomi Ishihara), une jeune professeur de lycée, va se retrouver harcelée par la terrifiante séquence suite à la propagation opérée par ses étudiants sur leurs smartphones.

On ne présente plus RING de Hideo Nakata, l'une des dates du cinéma fantastique dont le succès engendrera une saga fleuve au Japon (et ailleurs) en conditionnant bien dix ans de cinéma horrifique asiatique. A l'origine de ce succès, nous trouvons le roman «Ring» de l'écrivain Koji Suzuki. Le livre est d'abord adapté en téléfilm en 95 avec RINGU : KANZEN-BAN avant d'être porté au cinéma en 1998 par Nakata avec RING et le triomphe que l'on sait. Quasiment simultanément se tourne une première séquelle cinéma, RASEN réalisée par Joji Iida (et parfois renommée THE SPIRAL). Du côté de la télévision, RING et RASEN sont transformés en 99 en deux minis-séries : RING : SAISHUUSHOU et RASEN. Toujours en 99, c'est une «deuxième» séquelle qui est portée à l'écran par Nakata et titrée RING 2. Tandis que les Coréens dégainent un premier remake la même année (RING VIRUS de Dong-bin Kim), un troisième film japonais vient clore la «trilogie» en 2000 avec RING 0 de Norio Tsuruta. C'est ensuite au tour des américains de proposer leurs remakes avec LE CERCLE de Gore Verbinski en 2002 puis LE CERCLE 2 de Hideo Nakata en 2005.

SADAKO 3D est donc un quatrième film (ou cinquième si l'on compte RASEN) rattaché aux films japonais. Un ultime volet décidé à relancer une série phare désormais étouffée par l'effet de mode qu'elle aura elle-même lancée. Un ultime volet surtout décidé à s'approprier une 3D que Takashi Shimizu avait été le premier à roder au Japon avec SHOCK LABYRINTH en 2009. Car s'il y a bien un film qui justifie à lui seul la 3D, c'est bien RING ! Pensez-donc, le fantôme de la saga a pour habitude de s'extirper justement des écrans de télévisions pour atterrir dans le salon de ses victimes. Un concept idéal pour justifier des effets stéréoscopiques. Ne reste plus qu'à bricoler un semblant de film autour de la 3D.

En tant que film pur, SADAKO 3D n'a pas grand intérêt. Nous suivons dans cet opus les déambulations d'une nouvelle héroïne «avec un terrible secret» le long d'un scénario classique dont la seule initiative est de mettre à jour la saga au niveau des moyens de diffusion. Car si les images maudites du premier RING se transmettaient de main en main depuis une vieille VHS, le «virus» se propage maintenant à très grande échelle sur internet pour être constamment à portée de main avec les smartphones. L'occasion pour le film de nous démontrer à quel point nous sommes maintenant littéralement «harcelés» par l'image, totalement à la merci des messages (vidéos) envoyés en flux tendus par nos téléphones. Et lorsque l'héroïne du film parvient à faire le vide des écrans autour d'elle, ce sont les murs d'images de Shibuya ou encore les innombrables vitrines de magasins de télévisions qui sont autant de menaces potentielles.

Sur ce canevas moderne et oppressant, SADAKO 3D parvient pourtant à rater le coche. La faute est à reporter sur une cinématographie absolument indigente, malheureusement symptomatique des productions japonaises très récentes. Le film ne ressemble pas à un «film» mais à un téléfilm tant la mise-en-scène est aseptisée et mécanique, tant la photographie est basique, sans âme, sans goût, sans idée. Les comédiens principaux sont tous campés par des jeunes premiers, pour certains chanteurs avant d'être acteurs. Aussi jolie soit-elle, Satomi Ishihara n'est pas crédible en professeur de lycée tout simplement parce que la comédienne est âgée de 25 ans et qu'elle s'adresse à des étudiants joués par des acteurs à peine moins âgés. Le couple qu'elle forme avec Koji Seto (23 ans au compteur) ne donne pas l'impression d'un couple marié tant leur relation est asexuée, superficielle, voire adolescente. Il faudra donc attendre le final du film, il est vrai généreux en terme de suspens, pour que SADAKO 3D ressemble (un peu) à un film de cinéma en lâchant son héroïne aux prises avec une Sadako évoluant sous une forme (et une propagation) inédite.

Pas désagréable pour autant, SADAKO 3D est un film bien terne. Du cinéma encore plus faible si on le compare à la maturité du RING de 98. Heureusement, SADAKO 3D c'est surtout : Sadako en 3D ! La promesse de ce nouveau film est donc entièrement dans le titre : voir Sadako jaillir littéralement de l'écran de cinéma pour nous agripper. Le film se montre donc incroyablement généreux avec les effets de jaillissement du fantôme. Loin de faire le timide, le métrage nous abreuve de mains perçant l'écran pour nous attraper le visage, de mèches de cheveux traversant la salle, de corps remontant la profondeur abyssale d'un puit pour se jeter sur nous. Les effets 3D sont absolument excellents et nous bondissons sans cesse dans notre fauteuil. Le contraste entre la piètre qualité du film et la géniale efficacité des effets 3D n'en devient que plus saisissant au fil du visionnage : SADAKO 3D n'est finalement qu'un train fantôme. Ce n'est pas réellement un film mais une très amusante (et parfois flippante) attraction de fête foraine autour de l'univers de RING. Pour une fois, voici une œuvre qui ne peut être vue qu'en 3D et rien qu'en 3D.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
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