GERARDMER 2016: COMPTE-RENDU JOUR 3

10 février 2016 
GERARDMER 2016: COMPTE-RENDU JOUR 3

Gérardmer 2016: Jour 3 - Anne Barbier poursuit ses pérégrinations gérômoises...

Comme chaque année le festival de Gérardmer projette des documentaires. Ce sera LOST SOUL (THE DOOMED JOURNEY OF RICHARD STANLEY'S ISLAND OF DR MOREAU) de David Grégory, l'un des co-auteurs de THE THEATRE BIZARRE -  auquel avait également participé Richard Stanley (HARDWARE). Qui relate le projet de Stanley de porter à l’écran une nouvelle adaptation du roman de H.G Wells, L'ILE DU DOCTEUR MOREAU, et les étapes tumultueuses pour y parvenir. De sa passion pour le roman au financement du projet qu’accepte finalement la New Line au milieu des années 1990, Richard Stanley évoque toutes les entraves qu’il aura dû déjouer avant d’atterrir à Cape Tribulation (Australie) pour commencer le tournage. Celui-ci se transforme en cauchemar entre malchance et bataille d’égos des acteurs dont Marlon Brando et Val Kilmer, Stanley est remplacé en cours de route par John Frankenheimer (PROPHECY, OPERATION DIABOLIQUE) à la réalisation. Ce qui donnera au film une tournure complètement différente par rapport à ce qui était initialement prévu. Outre l’histoire du film en lui-même qui fut un fiasco, David Grégory nous montre l’envers du décor des productions cinématographiques, entre les problèmes de budget, d’acteurs, d’évènements incontrôlables, ce qui donne parfois aux films un résultat à l’opposé de la vision du réalisateur. Le documentaire parle de lui-même sans détour, sans faux-semblants, et c’est ce qui est intéressant car en qualité de spectateurs, nous n’avons que la vision finale qui est portée à l’écran. En espérant que ce documentaire sorte au moins prochainement en DVD. Richard Stanley était d’ailleurs présent à certaines projections du festival, et il aurait été intéressant qu’il puisse venir présenter lui-même le documentaire (les fans auraient certainement apprécié, sans aucun doute !).

FEBRUARY d’Osgood Perkins était également présenté en compétition cette année. Comme son nom l’indique l’histoire se déroule à l’aube des vacances de février dans un pensionnat catholique où Kat (Kiernan Shipka) et Rose (Lucy Boynton) restent bloquées à l’école du fait que leurs  parents sont en retard. Rose est censée veiller sur Kat en attendant l’arrivée de ses parents, mais ceux-ci n‘arrivent pas et une ambiance froide et malsaine va s’installer dans l’école restée vide avec seulement 2 intendantes. Le comportement de Kat devient de plus en plus sombre et troublant et attise la méfiance et la peur de Rose. Parallèlement, Joan (Emma Roberts - SCREAM 4) visiblement perturbée, se retrouve à un terminal de bus et cherche à rejoindre ce même pensionnat. Ce 1er long métrage d’Osgood Perkins aurait pu convaincre de par le jeu des acteurs qui tiennent le film, tout comme l’atmosphère pesante agrémentée d’un décor glacial et d’une musique omniprésente à base de contrebasse. Malheureusement, le scénario accumule des lacunes et le récit accuse des longueurs, rendant l’ensemble peu convaincant - comme la scène de pseudo-exorcisme. Le spectateur baigne dans cette ambiance, qui va crescendo vers le drame, pour se dire au bout du compte : « tout ça pour ça ? ».

Avec PAY THE GHOST d’Uli Edel (LAST EXIT TO BROOKLYN, LE PETIT VAMPIRE) changement de décor et d’ambiance et direction New York. Mike (Nicolas Cage) voit son fils disparaître mystérieusement pendant la parade d’Halloween. Un an après, Mike sent sa présence, persuadé qu’il cherche à entrer en contact avec lui au travers de visions et de rêves. Il a toujours continué ses recherches, et le même message se retrouve sur son chemin : il doit "payer le fantôme". Ce qui va l’inciter à chercher une explication moins rationnelle à cet enlèvement. Nicolas Cage tente de diversifier ses apparitions, mais est tombé depuis quelques années dans l'enchainement de longs métrages de série B qui ne sortent presque plus au cinéma. Une présence qui reste toutefois dans notre rayon de films de genres, enchainant malgré tout le très sympa HELL DRIVER, le plus discutable LE DERNIER DES TEMPLIERS (plus d'un millions d''entrées en France, quand même !) ou encore le très WTF GHOST RIDER 2. Présenté Hors Compétition (parce que DTV?), PAY THE GHOST est une agréable série B qui alterne les scènes d’action et de suspense, et ne laisse pas le spectateur gober les images inlassablement. Même si certaines scènes demeurent prévisibles, il reste un divertissement efficace avec de bons sursauts au programme, accompagné d'effets spéciaux réussis, apparaissant surtout dans le dernier tiers.

Les hostilités sont déclarées en soirée avec le très attendu JERUZALEM, second film des Israéliens Doron & Yoav Paz, et qui était en compétition. Rachel (Yael Grobglas) et Sarah (Danielle Jadelyn) sont deux américaines qui décident de passer leurs vacances en Israël. Elles se retrouvent à Jérusalem pendant le fête du Yom Kippour. Dès lors, les choses vont empirer car une des portes de l’enfer s’ouvre sur la vieille ville, libérant des forces maléfiques pour le Jugement Dernier. L’originalité de JERUZALEM est déjà le lieu du tournage dans la vieille ville de Jérusalem qui donne immédiatement une dimension spirituelle. Le film est cependant un nième "found footage", cette fois avec des lunettes connectées que porte continuellement Sarah, et non plus avec une caméra à l’épaule. Cela nous renvoie immédiatement à [REC], mais avec une méthode plus moderne ! Nul doute que ce film s’adresse directement à la jeune génération, d’autant plus qu’il est ponctué de clins d’œil humoristiques. Les effets spéciaux sont également très réussis, et là le spectateur est gâté avec les créatures de l’enfer qui lui sont proposées. Par contre le point noir est le scénario. L’histoire a  beaucoup de mal à démarrer : le début est principalement consacré aux jeunes Américaines qui font la fête, draguent... mais l’action, elle, peine à se mettre en place. On voit venir d'assez loin les rebondissements, qui rappellent également ce qui se passe dans [REC], Sans oublier les stéréotypes sur le conflit entre Juifs et Musulmans. Pour l'originalité, il faudra repasser... Néanmoins, on passe quand même un bon moment. Le jury a adhéré puisque JERUZALEM lui a dédié son Prix, ex-aequo avec EVOLUTION (dont nous vous avions déjà parlé lors de sa présentation au PIFFF 2015)

La soirée s’est terminée en beauté avec la projection en Hors Compétition de SUMMER CAMP d’Alberto Marini. A se demander d'ailleurs si les meilleurs films ne se trouvaient pas Hors Compétition... Quatre jeunes Américains partent dans une colonie de vacances en Espagne pour y être moniteurs, et arrivent avant les enfants afin de tout préparer. Malheureusement, un virus inconnu les contamine à tour de rôle, les rendant violents et incontrôlables. Dès lors, ils luttent à mort entre eux et contre eux-mêmes, essayant désespérément de survivre et de trouver l’explication à ce virus. SUMMER CAMP est le 1er long métrage d’Alberto Marini, venu pour présenter le fim, dont Jaume Balaguero est le producteur exécutif. Marini s’est d'ailleurs défendu de faire un spin-off de [REC], et malgré l’affiliation reconnue avec Jaume Balaguero, SUMMER CAMP n’a rien à voir. L’action prend place dès le début,  les scènes d’action et de suspense se succédent, ne laissant aucun répit au spectateur ! Heureusement, SUMMER CAMP évite le syndrôme du film de couloir et la tremblotte : pas de caméra à l’épaule. Il possède une identité propre,tout en étant orchestré de manière très efficace. L’originalité du film réside surtout dans les retournements de situation incessants, puisque les jeunes infectés par le virus sont en proie à une rage meurtrière, puis redeviennent eux-mêmes au bout d’un moment sans avoir aucun souvenir de ce qui s’est passé,  perplexité à la clé. Malgré quelques irrégularités du scénario, SUMMER CAMP s'avère très rythmé, agrémenté de bons effets spéciaux, et tient en haleine jusqu’au bout. Bref il a été largement plébiscité par le public... mais étant malheureusement Hors Compétition, cela fait coup d'épée dans l'eau pour sa reconnaissance.

Quelques chroniques et videos de films précités :

 

 

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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