GERARDMER 2016: COMPTE RENDU JOUR 1

29 janvier 2016 
GERARDMER 2016: COMPTE RENDU JOUR 1

Pour ce cru du festival 2016 de Gérardmer, nous avions dépéché notre festivalière Anne Barbier, qui a vaillament couru projection après projection... et qui s'est fendue d'un compte-rendu quotidien.

Après la fureur du moment passé, elle revient donc sur les projections.

C'est parti :

 

La 23 édition du Festival du film fantastique de Gérardmer a commencé le mercredi 27 janvier avec en ouverture FRANKENSTEIN, le dernier film de Bernard Rose (PAPERHOUSE, CANDYMAN). L’histoire de Frankenstein revisitée/le « monstre » prend cette fois les traits d’un jeune homme (Xavier Samuel  - THE LOVED ONES) sur qui l’expérience scientifique a été menée. Le jeune homme se réveille dans un laboratoire scientifique comme un enfant qui naît et découvre le monde sombre et cruel après que de nombreux tests lui aient été infligés. Nous n'avons malheureusement pas pu le visionner, mais on y reviendra pour sûr plus tard!

C'est surtout à BONE TOMAHAWK de S. Craig Zahler (auteur du scénario de THE INCIDENT en 2011) d’ouvrir le bal du vendredi 28 janvier;. Malgré la pluie incessante toute la journée et le brouillard, de nombreux festivaliers ont osé braver le mauvais temps pour venir découvrir le programme très diversifié de cette journée.

La salle était presque comble pour voir son 1er long métrage en qualité de réalisateur et scénariste. Deux genres (western et horreur) sont ici réuni, dans lequel le sheriff de Bright Hope campé par Kurt Russell , part à la recherche de plusieurs personnes, mystérieusement enlevés pendant la nuit. Une tribu de Troglodytes sanguinaires vivant reclus dans une vallée non loin de la frontière Mexicaine est soupçonnée. La délivrance des captifs sera le prétexte au voyage transformé en errance à travers le désert d’une équipe d’hommes bien différents. Malheureusement le film se basera plus sur l’étude caractères au détriment de l’action elle-même. En effet, des dialogues souvent inutiles font que l’histoire traine en longueur même s’il y de nombreux traits d’humour bien placés. Le genre western horrifique a déjà été visité par le passé avec des exercices de stule aussi diversifiés que GHOST TOWN ou encore THE BURROWERS. On pense inévitablement à un démarquage de LA PRISONNIERE DU DESERT, agrémenté d'une ambiance parfois glauque. L’action est surtout concentrée à la fin et malgré quelques scènes d’horreur gratuites, le manque de rythme de suffit pas à convaincre l’auditoire. 2H18 assez languides, même si soignées, récompensées de manière inexplicable par le Grand Prix 2016.

La suite du programme fut quant à elle plus légère avec la projection hors compétition de THE SHAMER'S DAUGHTER, le 1er long métrage du Danois Kenneth Kainz. L’histoire se déroule au Moyen-Age dans la cité de Dunark où le roi, son fils et sa femme ont été assassinés. Celui qui en est soupçonné n’est autre que le prince Nicodemus, un alcoolique notoire ivre aux moments des faits. Une clairvoyante et sa fille Dina dotées des mêmes pouvoirs sont conviées au château afin de révéler la culpabilité pas encore prouvée de Nicodemus. Elles sont en effet capables de lire à travers l’âme en révélant ce dont les personnes ont honte. Une épopée à travers Dunark s’en suivra mêlant complots et magie blanche. Tous les stéréotypes du film médiéval apparaissent : le bien contre le mal, Dina qui grandit et apprend à maîtriser et utiliser son pouvoir, la réparation des injustices, le combat contre les préjugés et linévitable présence de dragons qui ressemblent plus à des mini-Godzillas qu'autre chose!

On sent un bon calibrage pour que les adolescents puissent s’identifier aux personnages.
Mais, malgré l’image positive qu’il cherche à transmettre, THE SHAMER'S DAUGHTER n’arrive pas à transporter le spectateur. Bien que ponctué d’action et de rebondissements,  le budget n’a pas été suffisant pour aller au bout des effets spéciaux voulus. On reste au niveau d'une série B, pas désagréable à voir, ceci dit.

Toujours hors compétition, de manière quand même assez scandaleuse, la projection de BURYING THE EX de Joe Dante (GREMLINS, PIRANHA) avec Alexandra Daddario (TEXAS CHAINSAW 3D):  un vrai moment de bonheur dans cette journée pluvieuse ! Max (Anton Yelchin) travaille dans une petite boutique des horreurs et s’installe à L.A avec sa petite amie Evelyn dont il est très différent. Malgré l’amour, Evelyn est très jalouse et possessive, ce qui finit par faire douter Max de leur avenir. Au moment où il est près de rompre, Evelyn meurt accidentellement et rend Max coupable et inconsolable jusqu’au moment où il rencontre la belle Olivia avec qui il a tout en commun. C’est sans compter sur le retour improbable d’Evelyn d’entre les morts ce qui plonge l’histoire dans le délire et le burlesque le plus total, caractéristique stylistique de Joe Dante. Max va devoir composer avec Evelyn devenue une zombie et adolescente attardée qui refuse de lâcher son petit ami. BURING THE EX est un film hommage aux séries B et autres films qui ont bercé les années 80! Les fans y reconnaîtront de nombreux signes : les affiches de films Italiens tels ceux de Mario Bava, ainsi que les films avec Christopher Lee que Max regarde en continu. Le film bascule dans la comédie horrifique avec quelques scènes aussi hilarantes que gore ! Gros regret que le film ne fisse pas partie de la sélection comme THE VOICES ou WHAT WE DO IN THE SHADOWS en 2015... à se demander quelles sont vraiment les intentions des sélectionneurs.

La soirée se poursuit avec SOUTHBOUND, en compétition, réunissant plusieurs histoires dont les réalisateurs ne sont autres que les collaborateurs de V/H/S. SOUTHBOUND possède un trait commun car toutes les histoires se déroulent dans le sud des USA à proximité de la Vallée de la Mort. Chaque personnage cherche à fuir son passé et recherche, à travers le sud, une rédemption, un nouveau départ. Du groupe de rock féminin ayant perdu une de ses membres au père qui cherche à venger sa fille morte, ou au frère qui recherche sa sœur disparue depuis longtemps. L’originalité est de relier les histoires entre elles car elles se déroulent successivement ou même parallèlement avec un fil conducteur : la radio, tout comme c’était le cas dans THE FOG de John Carpenter. Et l’hommage ne s’arrête pas là : la musique ressemble à du Carpenter, et se transforme en sons dissonants lorsque les scènes basculent dans l’horreur. Tous les personnages prisonniers dans cette vallée de la mort hostile semblent avoir basculé dans la 4E DIMENSION : un autre hommage de taille. Les émotions, l’horreur, l’angoisse y sont très bien représentées et assez efficaces, même si certains spectateurs ont été dérangés par la succession d’histoires apparemment sans lien. Plongés dans SOUTHBOUND, on tourne inlassablement en rond comme dans la 4ème dimension… Le film a par ailleurs reçu le Prix du Jury Jeunes 2016.

Cette journée s’achève sur une note complètement différente avec THE WITCH, film Américain en compétition. Encore un 1er long métrage signé Robert Eggers qui avait précédemment réalisé un court métrage sur Hansel et Gretel, sorte de prélude à THE WITCH.

Dans la Nouvelle-Angleterre du XVIIème siècle, une famille de colons est volontairement bannie afin de mener un vie plus en phase avec leur religion chrétienne, plus stricte et austère. Le couple vit désormais à la lisière d’une forêt avec leurs 5 enfants, tentant de cultiver leur parcelle de terre. Tout bascule lorsque leur bébé Samuel disparait mystérieusement alors que leur fille ainée Thomassin s’occupait de lui. Les soupçons vont se porter sur la jeune fille accusée de sorcellerie par sa propre mère. puis par ses jeunes frère et sœur. La situation empire avec une récolte improductive, la pauvreté, le chagrin, et l’ombre de la malédiction qui plane sur la famille toute entière.

THE WITCH est un long métrage non seulement sur les croyances religieuses de l’époque où le mal et la sorcellerie étaient présents à chaque évènement inexpliqué, mais également sur la vie fondée sur la religion. Et si la sorcellerie était bel est bien présente sous les formes stéréotypées que nous lui connaissons : une vieille sorcière tapie au fond des bois, un bouc qui chuchote aux enfants symbole du démon ? Ce film s’inspire remarquablement des récits témoignages et croyances du nouveau monde à cette époque, et pose vraiment le doute jusqu’au bout. Les dialogues eux-mêmes sont repris des ces récits, ce qui donne un côté encore plus authentique à ce monde manichéen.

Le film arbore une éesthétique particulière très réussie, au ciel gris voire pluvieux oppressant, semblant même être tourné en noir et blanc, tellement le directeur photo et le décorateur jouent sur les jeux d’ombres et de lumière. Comme l'impression de contempler un tableau de Vermeer ou du Caravage, comme la scène où William dit le bénédicité, juste devant l’âtre. Une musique basée sur la contrebasse, également omniprésente,  accentue la sensation de mal-être croissant de la famille maudite. Un film résolument d’ambiance à travers lequel le récit évolué vers une issue inéluctable, mais qui se trouve son explication qu'en toute fin. A noter, pour cette fin de 1e journée, que THE WITCH a remporté le Prix SyFy.

 

 

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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