GERARDMER 2015 : JEUDI 29 JANVIER

30 janvier 2015 
GERARDMER 2015 : JEUDI 29 JANVIER

Après la présentation d'EX-MACHINA en ouverture, le festival commença donc les choses sérieuses sous un monceau de neige ininterrompu. Il y avait tout d'abord l'inauguration du nouveau système de billetterie : enfin! Il en résulte une bien meilleure organisation, une meilleure fluidité des files d'attente... reste à voir comment cela fonctionnera avec des salles pleines. Car elles sont loin de l'être pour le moment.

Début en fanfare avec le film autrichien GOOD NIGHT MOMMY, traduction de vendeur de soupe assez maladroite de ICH SEH ICH SEH. Une production Ulrich Seidl, écrite et réalisée par Veronika Franz et Severin Fiala. Où deux jumeaux Lukas (Lukas Schwartz) et Elias (Elias Schwartz) attendent le retour de leur mère (Susanne Wuest) qui revient la tête entourée de bandages. Une opération qui semble faire suite à un accident. Mais les jumeaux se persuadent petit à petit qu'elle n'est pas leur vraie mère. Et dans cette maison isolée, la tension monte entre les 3. Juste un mot : impressionnant. Un concept basique puisque le film n'autorise que l'irruption momentanée de deux autres personnages (de manière drôle mais totalement inutile). Mais qui réussit à construire une atmosphère potentiellement viciée, étouffante pour glisser vers l'horreur absolue. Maitrise du cadre, un jeu troublant sur la gemellité imparfaite et la notion de maternité pour aboutir a quelques scènes parfois insupportables. Jusqu'au-boutiste avec des images qu'on se prend en pleine face.

GOOD NIGHT MOMMY - Poster GOOD NIGHT MOMMY : Bande-annonce

Si l'on a commencé avec ce qui semble être un des points forts du festival, il en fut tout autrement avec OUT OF THE DARK, co-production hispano-colombienne réalisée par Lluis Quilez. Qui a également supervisé les effets spéciaux. Il aurait mieux fait de rester couché ce jour là. Cette histoire de deux parents (Julia Stiles en mode cochon qui fait la moue et Scott Speedman) arrivant en Colombie pour prendre la tête d'une usine tenue par Stephen Rea ne tient pas du tout la route. Encore une nième fable avec des fantômes d'enfants qui viennent mettre le bocson dans leur vie. Visuellement laid, enfilant tous les clichés possibles et imaginables du film d'enfants-fantômes et de suspens fantastique. OUT OF THE DARK est d'une connerie assez monumentale, ne faisant jamais peur, provoquant l'hilarité des spectateurs aux moments supposés cruciaux. Les effets spéciaux sont ratés, la tension inexistante… un ratage total dont on se demande bien comment il a pu être fait et sélectionné dans ce festival.

OUT OF THE DARK : Bande-annonce

On remonte la pente avec ELECTRIC BOOGALOO, le fameux documentaire de Mark Hartley (MACHETE MAIDENS présenté il y a quelques années à Gérardmer aussi) sur les belles heures de la firme Cannon. Enjoué, drôle, vif et rythmé, le film revisite via des interviews d'acteurs, producteurs, auteurs, réalisateurs… comment la Cannon naquit, vécu et mourut de ses excès. Mehanem Golan et Yoram Globus apparaissent comme des véritables amoureux du cinéma, des passionnés à la fois fous furieux et de grands enfants. Mais surtout, semblant incapables de véritablement comprendre les besoins et la culture du cinéma hollywoodien qu'ils comptaient conquérir. A l'image de la firme, ELECTRIC BOOGALOO est joyeux, débordant d'énergie mais un peu fourre-tout. pas vraiment de ligne directrice hormis la tentation de suivre la chronologie des événements. Frustrant car il manque une multitude de détails, et qu'on voit trop peu d'images des intervenants qu'on aurait aimé entendre un peu plus. Mais il reste 107 minutes passionnantes d'une ère absolument hallucinante!

ELECTRIC BOOGALOO : Bande-annonce

Retombée de soufflé avec CUB, là aussi traduction internationale de WELP (= Louveteau), production belge en langue flamande d'un groupe de scouts s'aventurant dans une forêt où vit Kai, un enfant sauvage un peu psychopathe sur les bords... mais surtout une forêt truffée de pièges mortels manipulés par une mystérieuse ombre souterraine. Cette réécriture de DETOUR MORTEL ou encore MASSACRE A LA TRONÇONNEUSE sauce belge possède une certaine maitrise technique, de jolis éclairages... mais d'une absence totale de subtilité. Limite débile dans son approche, avec des personnages insupportables, des situations éculées. Qui plus est, s'adonnant joyeusement à la brutalité animale qu'il justifie de manière curieuse mais surtout d'un racisme anti-wallon positivement ahurissant. On peut comprendre le souci de communication entre les deux communautés belges, mais ici ça tourne à un règlement de compte anti-francophone. Les wallons sont invariablement des obèses débiles, des jeunes idiots violents ou des psychopathes dégénérés. Ahurissant de connerie, énervant de bêtise et surtout inutile. A la Poubelle.

CUB - Poster CUB : Bande-annonce

Enfin, on boucle la boucle avec THE SIGNAL co-écrit et réalisé par William Eubanks. Où la notion d'humanité et de machine se voit nouvellement traitée, comme un miroir inversé d'EX-MACHINA. Trois amis en partance pour la Californie suivent le signal d'un dénommé Nomad déclarant pouvoir hacker n'importe quel serveur ou ordinateur à leur insu. Il en résulte une nuit de cauchemar où ils se retrouvent face à des scientifiques, dont un Laurence Fishburne sous Xanax, qui indiquent à Nic (Brenton Twaithes) qu'il a été en contact avec une intelligence extra-terrestre, qui l'aurait contaminé. Un récit curieux, articulé de manière à priori inoffensive pour son premier tiers et virant au cauchemar SF tendance CONTACT MORTEL, doublé d'influences hype de LA QUATRIEME DIMENSION et qui fait penser à un épisode étiré inutilement sur 97 minutes. Maitrise assez incroyable des effets spéciaux, un indéniable flair visuel pour une histoire nébuleuse, avec une révélation finale qui laisse perplexe et surtout, trop peu expliquée. Un scénario reposant sur une série d'idées audacieuses mais sous-développées et un film qui repose sur son visuel. Dommage, car trop abstrait au final malgré des ambitions démesurées.

SIGNAL, THE : Trailer

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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