PIFFF 2014 : COURTS-METRAGES FRANCAIS

25 novembre 2014 
PIFFF 2014 : COURTS-METRAGES FRANCAIS

Le samedi 22 novembre, en milieu d'après-midi et entre deux longs-métrages en compétition, nous avons pu découvrir sur grand écran la sélection des courts-métrages français du PIFFF 2014. Le public a ainsi pu découvrir, en même temps que le Jury professionnel, sept courts-métrages pour lesquels il fut possible de voter en fin de séance !

La sélection débutait avec THE SUNBOY qui exposait l'histoire croisée d'un monde merveilleux digne d'un conte de fée et d'un petit garçon vivant sous la menace d'un père abusif et violent. Le court-métrage s'ouvre avec une très belle animation narrant le conte, puis l'on passe au réel, un simple gros plan sur une bouche nous présente le fameux père. Les informations sont succinctes, ce n'est qu'à la fin que l'on comprend les enjeux. Si cela s'avère très joliment fait, le court métrage ressemble avant tout à une bande annonce, tout est raconté assez rapidement, on ne s'attarde pas sur les détails, tout passe très vite, comme si c'était une sorte de résumé pour un film de plus grande envergure. Maintenant le parallèle exposé par le réalisateur en présentant son court semble peu élaboré, on comprend difficilement le lien entre les deux univers, excepté à la toute fin où le chevalier combat la bête au même moment où le gamin est embarqué par son père… Le fait est que l'on a la sensation que cela devient intéressant au moment où le film s'arrête. La thématique est donc loin d'être bien exploitée, d'autant que le parallèle entre monde fantasmé et réalité sordide n'a rien de bien nouveau à l'instar du récent SUCKER PUNCH ou encore de BRAZIL. Le héros invente dans son imaginaire un monde fantasmé qui lui permet ainsi d'échapper à une dure réalité. Le court-métrage nous laisse en tout cas sur notre faim !

THE SUNBOY - Poster  : Bande-annonce

Changement de décor avec SHADOW, un très beau film tourné en Asie. Le court-métrage emprunte d'ailleurs beaucoup à l'imagerie du cinéma asiatique avec de l'onirisme, de la sensualité, de la douceur, une certaine lenteur ainsi qu'une manière d'observer la vie et les personnages. L'histoire de ce jeune homme tombant sous le charme d'une jeune femme, finissant par devenir son ombre n'est pas sans rappeler les histoires des contes de fées. Cependant thématiquement il n'est pas abouti, car il apparaît un peu difficile de comprendre le sens profond de cette histoire un peu tirée par les cheveux. Très beau et poétique, il est un peu comme les autres courts métrages de cette sélection, il souffre d'un manque de sens.

SHADOW (2014) - Poster SHADOW : Bande-annonce

NOCT raconte d'une manière très imagée et très métaphorique la manière dont un homme se débarrasse de son insomnie. Le problème c'est que l'image n'apporte pas de sens à ce qui se déroule à l'écran. Cela reste uniquement au niveau de la simple métaphore sans creuser plus avant ne serait-ce qu'en exposant les raisons de son insomnie et donc les problèmes qui taraudent réellement le personnage. NOCT passe à côté de son sujet, ce qui est peu dommage...

NOCT - Poster NOCT : Bande-annonce

LUNE NOIRE est basé sur une nouvelle d'Edgar Allan Poe, Le Scarabée d'Or. Mais le court-métrage s'éloigne du conte original et renverse complètement l'histoire. Dans la nouvelle de Poe, l'homme que l'on prenait pour un dingue s'avère être très intelligent puisqu'il trouve un trésor de pirate en suivant une logique digne de Sherlock Holmes. Ici, c'est tout le contraire ! Le chasseur de trésor est simplement fou et finit par tuer tout le monde. Hanté par une puissance surnaturelle ou simplement l'avidité, ce concept restera dans le flou. L'histoire s'achève d'une manière très bancale sans offrir de véritable conclusion, et on ne saura donc pas ce qu'est cette créature décapitée qui examine la scène. Vain, ce court métrage ne rempli pas ses promesses d'une aventure surnaturelle !

LUNE NOIRE : Bande-annonce

PUZZLE s'avère bien plus abouti et c'est donc assez naturellement qu'il a été choisi comme meilleur court-métrage de la sélection par le public ainsi que le Jury. Il parvient à créer une véritable ambiance anxiogène avec ce vieil homme qui reçoit un puzzle. Celui instaure une mise en abyme puisqu'il le représente en train d'assembler un puzzle, il se sait alors observer ce qui instaure un climat étrange. Le souci, c'est que toute la tension accumulée retombe quand le court-métrage prend une toute autre direction. Si l'on peut éventuellement y percevoir l'idée d'une maladie telle que l'alzheimer, PUZZLE semble surtout exposer un homme ayant perdu son épouse et qui n'attend plus que la mort tout en assemblant maladroitement les derniers fragments de son existence.

PUZZLE - Poster PUZZLE : Bande-annonce

Seul film d'animation de la sélection, ce qui est plutôt rare dans le domaine des courts-métrages français, LA MAISON DE POUSSIERE est franchement une réussite. De tous, c'est le seul qui rempli entièrement ses promesses. L'animation est mignonne et touchante avec une esthétique qui s'accorde assez bien avec la poésie du propos. La thématique du film expose une sorte de défense des grands ensembles à laquelle on a dû mal à se ranger. La nostalgie de cette fable, qui demeure néanmoins très bien faite, s'accorde assez mal avec la réalité des banlieues (ndlr : en tout cas pas celles que nous avons connu).

LA MAISON DE POUSSIERE - Poster LA MAISON DE POUSSIERE: Bande-annonce

Enfin, on termine avec LA MOMIE qui adopte aussi la forme d'une fable. Très court, fait avec peu de moyen, l'ensemble se résume à quelques plans dont l'animation est résolument simpliste et l'esthétique fortement marquée a tendance à renforcer le manque de moyen. Malgré tout l'histoire bien qu'anecdotique est plutôt rigolote. Après il faut adhérer, très pauvre en matière de mise en scène, tout se joue avec une voix off, dont la compréhension de l'histoire reste assez difficile à capter, lâchée en seulement quelques mots à la fin. Ce n'est pas sans rappeler la structure, sous forme de tableaux avec une narration en vers, que le réalisateur adoptait déjà avec MAXIMILIEN, présenté au PIFFF en 2012 (voir notre dossier paru cette année là).

LA MOMIE (2014) - Poster

A l'issue de la projection, une évidence s'imposait. Cette compétition manquait un peu de punch ! Très soft, cela manquait de force dans les messages exposés et puis, surtout, cela manquait un peu de violence et de gore. Cela dit la thématique du festival, fantastique est totalement respectée en offrant diverses facettes du genre, certains plus affirmés que d'autres. On notera aussi que pas mal d'entre eux ont bénéficié d'un financement participatif, on imagine facilement que la technicité très aboutie de tous ces courts métrages n'aurait pas été possible sans cela. L'avenir des courts-métrages s'éloignerait-il des financements plus traditionnels avec boîte de production et aide du CNC ou encore des régions ? Quoi qu'il en soit, et malgré les griefs exposés, reconnaissons que les courts-métrages étaient tous globalement très bon d'un point de vue technique. Mais le format court semble poser pas mal de souci en ce qui concerne l'écriture pour la plupart de leurs auteurs.

Rédacteur : Sophie Schweitzer
Photo Sophie Schweitzer
Passionnée de cinéma et littérature de genre, elle a fait des études de cinéma et travaille désormais comme cadreuse. A côté de son travail, elle écrit des nouvelles fantastiques et horrifiques.
36 ans
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