PIFFF 2014 : JEUDI 20 NOVEMBRE

21 novembre 2014 
PIFFF 2014 : JEUDI 20 NOVEMBRE

Pour ouvrir la journée du 20 novembre, le PIFFF nous proposait de découvrir BAG BOY LOVER BOY. Mais pas seulement puisque le film était précédé d'un court-métrage qui donnait le ton. Dès les premières secondes, aucun doute n'est permis en raison des accents des personnages, INK nous transporte en Ecosse ! Mais Andy Stewart, créateur du film, ne s'intéresse pas spécialement à la culture locale mais plutôt aux mutilations. Ce qui était déjà le cas de ses précédents courts-métrages. Et l'évidence s'impose, le cinéaste tourne un peu en rond et n'offre finalement pas grand chose de plus qu'un type qui se découpe le corps. Seule originalité de INK, celle de nous présenter un fana de tatouage qui a une manière bien à lui d'appréhender cette forme d'art.

BAG BOY LOVER BOY était aussi précédé d'un petit message enregistré par son réalisateur à destination des festivaliers. Andres Torres nous a ainsi parlé rapidement de son cinéma à lui. Et, comment dire ? C'était assez spécial ! Il se présente comme un cinéaste qui fait des films sans prétention et sans message sans oublier d'ajouter qu'il privilégie la quantité à la qualité. Curieux ! Surtout quand un type dit ne pas vouloir faire dans le symbolisme tout en se tartinant le corps et le visage dans une sorte d'happening expérimental. A l'issue de la projection de BAG BOY LOVER BOY, la question se pose… Andres Torres ne se foutrait-il pas un peu de notre gueule ? En effet, BAG BOY LOVER BOY distille un message et fait preuve d'un évident symbolisme. A partir de là, on peut se demander s'il n'est pas bien plus prétentieux qu'il semble le dire. BAG BOY LOVER BOY n'est, en tout cas, pas un film désagréable en soi ! Toutefois, s'il y a un point sur lequel Andres Torres est franc, c'est bel et bien sur sa propension à privilégier la quantité à la qualité. Du coup, sur un film d'environ une heure et quart, le remplissage se fait un peu sentir dans cette satire pas très maline. Subsiste néanmoins la prestation de son comédien principal, Jon Wächter, dans un rôle de benêt pathétique dont l'ambition artistique se limite à vouloir profiter, littéralement, du corps de ses modèles et plus particulièrement celle de la femme dont il est «amoureux».

BAG BOY LOVER BOY - Poster

Le deuxième long-métrage de la journée nous a permis de revoir REVEIL DANS LA TERREUR de Ted Kotcheff. Le passage du film au sein du festival surprend dans le sens où il ne s'agit pas du tout d'un film à connotation fantastique. Il s'agit tout de même d'une œuvre surprenante et à découvrir. D'ailleurs, le film ressort sur les grands écrans français à partir du début du mois de décembre pour ceux qui n'étaient pas à la projection du PIFFF ou qui ne l'avaient pas déjà vu en DVD. Dans ce REVEIL DANS LA TERREUR, il est ainsi possible de suivre l'édifiante errance alcoolisée d'un instituteur de Sydney, égaré au beau milieu d'une petite ville perdue au milieu du désert australien.

REVEIL DANS LA TERREUR - Poster (Ressortie)

Le Fantastique, il sera aussi peu présent dans THE DUKE OF BURGUNDY, présenté en compétition en début de soirée. Le nouveau film de Peter Strickland est en réalité une étude sur un couple de lesbienne entretenant une relation sado-masochiste. Mais à l'instar de BAG BOY LOVER BOY, le film a du mal à tenir la distance, ne proposant au final qu'un voyage sensoriel au cœur d'une passion où le rapport entre l'esclave et la maîtresse est biaisé. La douleur sentimentale et morale est ainsi placée à un niveau plus étonnant et pourrait très bien être transposé dans toute relation amoureuse : homosexuelle ou hétéro, sado-maso ou pas. Le souci, c'est qu'en plaçant l'intrigue du film au sein d'une relation fétichiste, l'attention d'une partie du public ne sera pas orientée dans la bonne direction. Plutôt qu'un amour passionnel d'une puissance confinant à la folie, certains spectateurs n'y ont vu qu'un couple de timbrées sado-maso. C'est en tout cas des propos entendus lors de conversations captées à l'improviste sur le chemin de la sortie. Le Fantastique dans THE DUKE OF BURGUNDY, il se limite à une séquence onirique exposant l'état d'esprit de l'un des personnages mais aussi à un étrange univers confiné où l'homme est totalement absent et où, curieusement, des mannequins s'invitent en arrière plan. Techniquement, il n'y a rien à redire, THE DUKE OF BURGUNDY, c'est du cinéma professionnel. On peut même dire que c'est joliment fait. Mais c'est aussi sacrément chiant sur la longueur !

THE DUKE OF BURGUNDY - Poster

La journée s'est terminée avec une projection dédiée au documentaire WHY HORROR ?. Et, surprise, comme l'année dernière, les auteurs de RAY HARRYHAUSEN : LE TITAN DES EFFETS SPECIAUX sont venus présenter quelques minutes supplémentaires de leur nouveau documentaire, prévu pour 2015 et dédié cette fois aux créateurs de monstres au cinéma. De son côté, WHY HORROR ? avait tout pour être inquiétant. Un fan de cinéma d'horreur se pose la question de savoir pourquoi il aime ce type de cinéma. Cela rappelle le triste souvenir de METAL : A HEADBANGER'S JOURNEY où un chevelus cherchait à comprendre les raisons profondes de l'amour pour le Hard Rock et le Métal. Le bilan donnait surtout l'impression d'avoir suivi un crétin à la rencontre des grands musiciens du genre à travers la planète. WHY HORROR ? suit à peu près la même recette. Mais les auteurs se montrent bien plus intelligents dans la forme et le fond. On pourra reprocher au documentaire de trop simplifier l'histoire du cinéma d'horreur mais cela s'avère ici hors de propos puisque ce n'est pas vraiment le sujet. On pourra aussi lui reprocher de ne pas apprendre grand chose. Mais, en réalité, le véritable défaut, c'est certainement les nombreux extraits souvent bien trop agressifs pour être supporté par des personnes réfractaires au genre. Cela s'avère dommage puisque la conclusion de WHY HORROR ? est en quelque sorte une dédiabolisation de l'horreur cinématographique ! Le documentaire nous présente ainsi des faits avérés, des réflexions d'intervenants sérieux mais aussi et surtout le portrait profondément humain d'un aficionado de l'horreur au contact de sa famille et de son entourage !

WHY HORROR? - Poster WHY HORROR? - Kickstarter Poster

Si la journée de jeudi s'est avérée un poil mitigée, les projections s'avèrent plutôt alléchantes, particulièrement avec les projections de R100 et SHREW'S NEST. A côté, il sera aussi possible de voir ALLELUIA en avant-première ainsi que revoir AVALON.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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