PIFFF 2013 : MERCREDI 20 NOVEMBRE

21 novembre 2013 
PIFFF 2013 : MERCREDI 20 NOVEMBRE

Après la soirée d'ouverture, la troisième édition du PIFFF, Paris International Fantastic Film Festival, est rentrée dans le vif du sujet au début de l'après midi du mercredi 20 novembre. Car contrairement aux années précédentes, cette fois, le festival a fait le choix de ne pas se contenter des soirées en semaine. Le programme est donc resserré sur une durée plus courte mais toujours aussi riche comme les festivaliers ont pu le constater dès cette première journée ! S'il y a du changement dans le planning, les bonnes initiatives perdurent. Ainsi, certaines séances sont précédées de programmes courts. Ce fut le cas dès 14 heure avec le premier long-métrage en compétition, LOVE ETERNAL, qui était précédé de SLEEPWORKING réalisé par le britannique Gavin Williams. Une quinzaine de minutes qui débutent de manière brillante en anticipant notre éventuel futur monde du travail. Mais ce qui aurait pu être une excellente critique sociale tourne assez vite à l'exercice de style qui gâche un peu son sujet qui aurait mérité mieux. SLEEPWORKING n'en reste pas moins un court-métrage extrêmement soigné visuellement à défaut d'être entièrement satisfaisant. Soigné, LOVE ETERNAL l'est aussi. Et ce dès les premières images d'un générique, pourtant simpliste, qui mène, par la suite, à découvrir un personnage étrange mais attachant. Image et musique s'accordent à merveille, nous entraînant dans un univers entièrement ancré dans notre quotidien et pourtant vu avec regard décalé. Typiquement le genre de film dont le charme se briserait de manière frustrante si le son venait à être coupé ne serait-ce qu'un instant tant le montage et la narration sont une pure merveille, au moins dans ses deux premiers tiers. Charmant, ce n'est pourtant pas le terme que l'on aurait posé sur un film comme LOVE ETERNAL qui parle de deuil, de suicide et de solitude. C'est d'autant plus surprenant puisque le film de Brendan Muldowney, d'après une œuvre originale de Kei Oishi, se montre tour à tour émouvant, tragique et même carrément amusant ! Dans son dénouement, le métrage deviendra plus grave mais sur un versant assez inattendu qui fait de LOVE ETERNAL un film totalement à part et singulier.

LOVE ETERNAL - Poster

Tranchant radicalement avec LOVE ETERNAL, le festival nous donnait l'occasion de redécouvrir un fleuron du cinéma gore. Ceux qui n'avaient jamais eu la chance de voir le film lors de sa sortie dans les salles obscures en 1986 ont ainsi pu se rattraper en découvrant sur un écran géant RE-ANIMATOR. Trente ans plus tard, le film de Stuart Gordon n'a pas vraiment pris de ride. L'humour noir fonctionne autant que ses invraisemblables délires sanglants… Cette projection «Séance culte» portait effectivement bien son nom ! On en profites pour vous remettre un lien vers notre chronique du film ci-dessous...

En début de soirée, nous avons pu voir le deuxième film en compétition, THE BATTERY. Le film était précédé d'une présentation vidéo de son réalisateur, comme LOVE ETERNAL, enregistrée spécialement pour le PIFFF. Une introduction hilarante de la part de Jeremy Gardner qui valait certainement à elle seule de faire le déplacement à cette séance. Hélas, THE BATTERY se montrera peut être un peu moins convaincant. Comédie douce amer, le film suit le parcours de deux branleurs, au sens propre et figuré, qui déambulent au travers des Etats-Unis infestés de morts-vivants. Cela s'avère plutôt sympathique, certains passages sont réellement amusants et on peut saluer les astuces permettant de palier aux manques de moyens. Mais, à vrai dire, en dehors d'un point de vue un peu différent (et encore ?), THE BATTERY n'amène finalement pas grand chose de neuf !

THE BATTERY - Poster

Le PIFFF saluait un autre festival en fin de soirée en présentant un documentaire entièrement dédié à Avoriaz. La station de ski, forcément, mais aussi et surtout le mythique festival de cinéma fantastique. Durant une vingtaine d'années, Avoriaz a vu défiler un nombre impressionnant de films devenus à présent de véritables classiques, qu'ils aient été primés ou pas ! Mais si Avoriaz est un festival aussi mythique aujourd'hui, c'est en grande partie en raison de son exposition médiatique. Car il faut se souvenir qu'il existait déjà un festival de cinéma fantastique en France, tout aussi louable, et qui a connu ses grandes heures en prenant ses quartiers au Grand Rex de Paris. Le mythe d'Avoriaz, il s'est forgé avec des paillettes et des journaux télévisés en duplex de la station enneigée. Chaque année, il était ainsi possible de s'émerveiller sur le petit écran avec des images de films qui n'avaient pas droit de cité à la télévision. La conjonction d'une station de sports d'hiver, des vedettes et des médias vont ainsi donner une incroyable tribune à un genre décrié. Peu importe que certains films aient été vilipendés par des personnalités, l'important était surtout qu'on nous parlait de ces films dans un cadre totalement inaccessible et donc forcément mythique ! Pendant un peu plus d'une heure DU SANG SUR LA NEIGE suit les traces laissées dans les archives par ce festival. Des images parfois incroyables et totalement improbables comme ces morceaux musicaux probablement issus de l'émission Midi Première où l'on peut voir Plastic Bertrand chanter en se vautrant dans la neige ou encore, plus fou, France Gall vampirisée par Udo Kier alors qu'elle interprète une chanson qui n'a strictement rien à voir ! Mais les images sélectionnées dans ce court-métrage offre de véritables bijoux insoupçonnés. Au milieu des vedettes françaises qui n'ont pas grand chose à faire du «Fantastique», on trouve ainsi Lucio Fulci qui en deux secondes lâche une pertinente réflexion sur ROBOCOP ! Le documentaire est ainsi une véritable bouffée de nostalgie pour qui a vécu les années Avoriaz au travers de la petite lucarne. Mais c'est aussi l'occasion de revenir sur deux décennies riches en cinéma fantastique. Et c'est peut être en sortant de là où s'égare un peu DU SANG SUR LA NEIGE. Car le cœur du sujet n'était probablement pas de nous expliquer en quoi MASSACRE A LA TRONCONNEUSE est une œuvre majeure dans le cinéma d'horreur ou que d'autres films ont marqué les années 70, 80 et 90. Particulièrement en prenant un intervenant que l'on voit déjà à outrance et qui rabâche toujours le même discours. Les interventions, plus courtes et moins rebattues, de Philippe Rouyer ou Nicolas Boukhrief sont un peu plus intéressantes et cassent un peu moins le rythme. Mais il aurait peut être été plus pertinent de se focaliser réellement et entièrement sur le festival en lui-même, sur ceux qui ont fait la programmation, Gérard Lenne et Jean-Claude Romer, à une période où il n'y avait pas internet et même pas de VHS ! De même, il n'y a pas d'explication sur la passation entre Avoriaz et Gérardmer. Curieux puisqu'il s'agit du même organisateur et que lorsque Avoriaz s'arrête en 1993, Gérardmer reprend le flambeau dès l'année suivante sans jamais réussir à atteindre la même notoriété auprès du grand public ! De même que Avoriaz, la station, hébergeait dès 1994 un autre festival dont il existe des archives assez gratinées à propos de la manière dont, à l'époque, le «Fantastique» était vu par les vedettes françaises ! Peu importe, il est facile de critiquer, surtout que DU SANG SUR LA NEIGE est avant tout un instantané d'une période révolue que ce soit pour le festival, évidemment, mais aussi les mentalités ou encore la place du "Fantastique" au sein du cinéma. Le documentaire évoque d'ailleurs et sans détour le fait que le festival avait été monté à des fins publicitaires pour une station de sports d'hiver. Une réalité qui ne doit pas faire oublier que Avoriaz a tout de même, à sa manière, aidé le cinéma fantastique. Et c'est bien ce souvenir qui est ravivé par ce documentaire plutôt sympathique !

Avant DU SANG SUR LA NEIGE, les amoureux des effets spéciaux auront été agréablement surpris de voir une bande-annonce du prochain film des créateurs de RAY HARRYHAUSEN : LE TITAN DES EFFETS SPECIAUX, ce dernier ressortant dans un double DVD le 3 décembre prochain avec trois heures de suppléments ! Quelques minutes où l'on a pu découvrir des images inédites de tournage ainsi que des extraits d'interviews des plus grands spécialistes des effets spéciaux qui seront au cœur de ce nouveau documentaire qui s'annonce dès maintenant incontournable !

Incontournable, c'est sûrement le mot à utiliser encore aujourd'hui avec les projections du dernier film de Neil Jordan, BYZANTIUM, le nouveau Lucky McKee, ALL CHEERLEADERS DIE, ou encore la possibilité de voir sur grand écran l'excellent OPERATION DIABOLIQUE de John Frankenheimer

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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