MA FEMME : VAUDEVILLE CATASTROPHE

30 novembre 2009 
MA FEMME : VAUDEVILLE CATASTROPHE

Bien qu'il soit plutôt rare que nous ayons l'occasion d'évoquer le théâtre ici même, nous l'avions déjà fait il y a de ça deux ans via notre dossier consacré à EVIL DEAD THE MUSICAL. On y parlait alors de Broadway et de représentations à guichets fermés mais aussi de dynamisme et d'inspiration. Deux qualificatifs qui collent à vrai dire parfaitement à MA FEMME, pièce largement plus "modeste" mais néanmoins digne d'intérêt…

Portée par la compagnie Les Gueuribands, cette comédie de boulevard débute comme l'indique son titre à l'image d'un Vaudeville des plus classiques : Un homme rentre chez lui et, pensant retrouver sa femme, tombe nez à nez avec un couple d'inconnus faisant l'amour dans sa baignoire ! Sciemment incongrue et parodique, cette introduction coupe cependant court avec la chute inattendue d'un projecteur. Une voix s'adresse alors à la troupe par haut-parleurs interposés, les accusant d'une faute passée qu'ils se doivent aujourd'hui de payer de leur vie. Le piège est dès lors en place, acteurs et spectateurs se retrouvant enfermés à la merci d'un tueur psychopathe aux ressources pour le moins curieuses…

Si la trame générale de MA FEMME est bien évidemment inspirée de la saga SAW, la pièce n'est en rien une ressucée théâtrale ou même une variante horrifique du film de James Wan. Ici, le ton est résolument comique et c'est davantage d'un SCARY MOVIE que l'on pourrait s'approcher… L'humour y est rafraîchissant, vif, parfois osé et surtout très décalé. On y voit de la fesse velue (par demi-douzaine), des mimiques à la Jim Carrey (une posture reprise de ACE VENTURA EN AFRIQUE), des situations cinématographiques connues et détournées, quelques répliques habilement repiquées ainsi qu'une quantité d'hémoglobine non négligeable. En effet, bien que son ton ne soit pas grave, la compagnie Les Gueuribands pourrait sans mal se revendiquer du grand guignol dont elle reprend les divertissants excès, les modernisant à grand renfort de révolvers, cutters et autres tronçonneuses.

Les amateurs de cinéma d'horreur seront dès lors dans leur élément, retrouvant non pas des copies de séquences clef mais de discrets clins d'œil et allusions à, par exemple, CARRIE ou LE PROJET BLAIR WITCH (un passage sonorisé curieusement par la partition du DRACULA de Coppola). A côté, d'autres spectateurs remarqueront peut-être davantage l'évocation du "Mourir sur scène" de Dalida ou préfèreront des délires plus "persos", mais non moins amusants…

Reste que bien au-delà de cela, MA FEMME est avant tout une pièce portée par l'énergie d'une jeunesse inventive et pluriculturelle, désireuse de s'amuser en compagnie de son public et de lui faire partager un univers propre. Les Gueuribands offrent ainsi un spectacle paradoxalement vivant, une scène ouverte s'étirant jusque dans les gradins et une bonne humeur particulièrement communicative.

La pièce se clôturera après environ soixante-dix minutes d'idées foisonnantes, pas toujours égales mais indiscutablement inventives. Nous nous permettrons pour finir un petit bémol sur le tombé de rideau, un peu brusque à notre sens malgré la reprise d'un superbe titre des Tears for Fears, lequel connu un regain d'intérêt en 2001 avec la sortie de DONNIE DARKO

Conquis, nous incitons donc les spectateurs curieux à s'offrir une heure de détente avec MA FEMME qui se jouera jusqu'au 10 janvier 2010 à la Folie Théâtre tout en souhaitant bien évidemment une très bonne continuation à la compagnie Les Gueuribands

Xavier Desbarats

La Folie Théâtre
6, rue de la Folie Méricourt
75011 Paris
Site officiel : http://www.folietheatre.com

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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