CINEMA : ALIENS VS PREDATOR REQUIEM

10 janvier 2008 
CINEMA : ALIENS VS PREDATOR REQUIEM

Avant que les deux franchises, ALIEN et PREDATOR, ne fassent l'objet d'une rencontre cinématographique, les deux créatures s'étaient déjà affrontées auparavant. Dès 1989, en bande dessinée, chez Dark Horse Comics, puis dans l'univers du jeu vidéo. Des rumeurs concernant la bataille au sommet sur les grands écrans vont alors percer mais il faudra attendre plusieurs années avant que ce fantasme ne se concrétise sur pellicule. En 2004, Paul Anderson (EVENT HORIZON) va donc réaliser ALIEN VS PREDATOR représentant la rencontre choc entre deux des monstres les plus charismatiques du genre : l'insectoïde Alien et le tribal Predator. Déception, flop, colère des fans qui estiment que le réalisateur a flingué les deux franchises d'un seul coup. Mais avec le temps, on constate que son film se bonifie nettement et en devient même sympathique grâce à de bonnes trouvailles et à une grande beauté visuelle.

Fan des deux séries depuis toujours - à l'instar de Paul Anderson - Colin et Greg Strause ont voulu à leur tour laisser leur empreinte sur la saga et on peut dire qu'ils l'ont fait… en laissant de bien vilaines traces indélébiles. Sur un scénario rédigé par Shane Salerno, le film ressemble davantage à une copie de travail qu'à une œuvre réellement peaufinée. Pour commencer, les personnages n'existent qu'au travers de leurs descriptions sur papier car les acteurs ont complètement oublié de leur donner un tant soit peu de consistance. Ainsi, nous avons comme héros deux frères. Dallas (Steven Pasquale) est un repris de justice, grand pote depuis l'enfance avec le shérif local. Ricky (Johnny Lewis) est livreur de pizza qui emballe la blonde de service qui était déjà amoureuse de lui. Cette blonde, c'est Jesse (Kristen Hager), fantasme parfait pour les geeks et dont la personnalité est aussi creuse qu'un trou de cratère. Puis il y a la maman militaire Kelly (Reiko Aylesworth), rentrée d'une longue absence (le Moyen Orient, on suppose mais ce n'est pas du tout évoqué !), sorte de mix raté entre Ripley et Vasquez d'ALIENS. Cette mère a bien sûr une fille en qui l'on devine la petite Newt mais sans le côté débrouillard. Et enfin le shérif Morales (John Ortiz) dont on ne sait pas très bien comment il fait régner l'ordre dans sa ville tant il est en retrait à tout point de vue. Voilà donc les personnages principaux de cette histoire écrite sans génie et réalisée à quatre mains que l'on oubliera en moins de deux.

Pour s'attaquer à ce genre de film, être fan et fin connaisseur du matériau d'origine est bien sûr un avantage, sinon requis. Le problème ici, c'est que les frères Strause et leur scénariste sont peut-être un peu trop fans des deux séries car ils ont moins réalisé un métrage personnel qu'un festival de clins d'œil. Des séquences entières transposent les passages marquants des six films qui composent les deux sagas respectives sans jamais égaler le tissu original, autant en ce qui concerne les situations que la musique de film (qui, elle aussi, recycle toutes les partitions de façon balourde). Les thèmes musicaux des deux sagas sont ainsi repris un peu n'importe comment en nous signalant, par exemple, à l'avance l'entrée en scène de l'une des deux créatures du titre. Ainsi, filmer un policier qui recherche un père et son fils disparus en forêt sur fond de musique tribale gâche un tantinet le suspense… Nous retrouvons pêle-mêle un ersatz du véhicule militaire d'ALIENS, une scène sous l'eau à la ALIEN LA RESURRECTION, une traque dans la forêt (PREDATOR), un Alien qui renifle le visage d'une femme (ALIEN 3), un Predator qui soigne une blessure à l'aide de son kit de survie (PREDATOR 2), et ainsi de suite... Même le dénouement n'est pas sans nous renvoyer à une sorte de décalque de la fuite de la planète dans ALIENS.

Quant à la réalisation elle-même, il est difficile de juger vraiment tant on ne voit rien. Tout se déroule dans la pénombre et avec un enchaînement de plans le plus souvent sans queue ni tête (ou pour être tout à fait exact avec seulement des queues et des têtes). L'action est illisible et les monstres ne sont jamais mis en valeur comme ce fut le cas pour le tant décrié ALIEN VS PREDATOR. De plus, les Aliens ont légèrement changé de look et en sont devenus plutôt laids alors qu'au départ, il s'agissait de créatures graciles et mortelles, vicieuses comme une cargaison de serpents à sonnettes affamés. Dans ALIEN VS PREDATOR, premier du nom, Paul Anderson leur donnait, au moins, les moyens de se défendre et, surtout, il nous offrait une sublime reine grâce à laquelle le film alignait quelques spectaculaires séquences. Les frères Strause, par contre, n'hésitent pas à les réduire à de la vraie chair à saucisse, un peu à la manière des adolescents dans les teen-movies. Les Aliens sont là pour être massacrés et c'est à peu près tout. Même le très attendu PredAlien déçoit par une présence qui est tout sauf inoubliable et dont le seul don est d'implanter plusieurs embryons directement dans un être humain (une femme enceinte, qui plus est et dont le résultat représente la scène la plus sympathique du film). Les combats entre le PredAlien et le Predator constituent en quelque sorte les moments forts du film, tout du moins pour les spectateurs dotés d'un cerveau analytique et d'une vision nocturne (les autres ne verront pas grand chose). Certes, on n'assiste pas aux vilains combats de catch d'ALIEN VS PREDATOR mais le côté brouillon et confus de la réalisation rend ces affrontements difficile à déchiffrer, tant et si bien qu'à chaque fois, on serait bien en peine d'affirmer qui l'a emporté. De plus, la similitude physique entre les deux monstres ne rend pas aisée leur identification respective dans le noir (la nuit, tous les chats sont gris).

De nombreux fans se réjouissaient d'avance des rumeurs faisant état de la planète d'origine des Predators et on la voit bien mais dans un passage consternant. En dépit de leur avancée technologique certaine, les Predators semblent en effet vivre dans le Far West galactique. Les habitations rudimentaires sont en pierre brute et on peut presque entendre le vent souffler entre les interstices et voir le sable recouvrir les endroits exposés. On est bien loin de la jolie pyramide d'ALIEN VS PREDATOR… Mais le plus surprenant est que la planète semble complètement déserte. Il ne reste qu'un seul Predator qui s'ennuie ferme avant de recevoir un coup de fil lui donnant enfin un but, partir sur Terre dégommer de l'Alien.

On aurait bien voulu apprécier ce deuxième opus d'une nouvelle série somme toute inutile mais malheureusement, il n'y a pas grand chose à sauver. La fin ouverte promet un troisième épisode mais l'appréhension est de mise pour la suite qui semble désormais promise à un avenir très marché de la vidéo tant ce ALIENS VS PREDATOR : REQUIEM ressemble cruellement à un produit de vidéo club.

Marija Nielsen

Sortie cinéma le 2 janvier
Site officiel : http://www.avp-r.com/FR/

 

 

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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