CRITIQUE + INTERVIEW : ZOMBIE HONEYMOON

23 novembre 2006 
CRITIQUE + INTERVIEW : ZOMBIE HONEYMOON

Marija Nielsen est une romantique ! D'ailleurs, elle vous parle aujourd'hui, la larme à l'œil, d'une romance tragique. Mais ne vous barrez pas en courant, il y a aussi un mort-vivant et du gore (ce qu'il ne faut pas faire pour attirer le chaland ) ! Quand les soucis de couple sont habituellement d'éviter que le ménage parte en lambeaux, là, l'héroïne de ZOMBIE HONEYMOON voit surtout son bonhomme se décomposer. C'est donc bien la tragique histoire d'amour entre une jeune femme et son mari fraîchement décédé dont Marija vous parle dans sa chronique que vous pouvez lire en cliquant sur la jaquette ci-dessous. Et, encore en dessous, vous trouverez une petite interview du réalisateur qui date du mois de mars 2006 et que nous n'avions jamais publié auparavant…

La première chose qui vient à l'esprit après avoir vu votre film, c'est qu'il s'agissait d'une œuvre à propos de drogués et la façon dont ils détruisent leur environnement.
Vous ne vous êtes pas trompé du tout. C'est même une observation très fine - le tout est un métaphore pour des relations interdépendantes, en particulier concernant les drogues, l'alcoolisme et l'infidélité. Peu de personnes en sont conscientes mais c'est un aspect du film qui est bien plus qu'un détail.

Beaucoup de gens parlent de ZOMBIE HONEYMOON comme d'une comédie romantique aux accents horrifiques. Honnêtement, nous n'avons pas trouvé le film drôle dans le sens où il parle de ruptures et de la mort d'un être cher. Ce point en particulier est commun à tous les films de zombies. Pourquoi avez-vous choisi de vous focaliser là dessus ?
Personnellement, je ne le trouve pas drôle non plus. Beaucoup de gens y voient de l'humour parce que l'absurdité de la situation principale est jouée de façon sérieuse, ce qui fait rire les spectateurs. Il aurait été facile d'en faire œuvre genre Troma mais l'inspiration derrière le film demandait un traitement sérieux. Parce que l'histoire concerne ma sœur et son mari qui est mort jeune de façon accidentelle, je voulais présenter leur relation sans en plaisanter tout en restant dans un registre à la George Romero. Cela donne a ZOMBIE HONEYMOON son cachet de drame familial intense mais c'était aussi pour ne pas regarder nos nombrils de trop près en prétendant faire quelque chose "au-delà" du genre. C'est l'une des raisons pour lesquelles je voulais donner au film un titre trash, afin de garder nos pieds sur terre pendant la durée du tournage et se rappeler du fait que nous faisions un hybride des genres comédies romantique et horreur.

ZOMBIE HONEYMOON est très différent des films de zombies habituels. Pouvez-vous nous dire si vous avez vu les films suivants qui ont des points communs avec le votre et ce que vous en pensez : LE MORT VIVANT de Bob Clark, I, ZOMBIE d'Andrew Parkinson et SHAUN OF THE DEAD de Edgar Wright et Simon Pegg.
J'ai vu I, ZOMBIE que je n'ai pas du tout aimé. Je l'ai trouvé ennuyeux. Et j'ai vu SHAUN OF THE DEAD que j'ai trouvé incroyable, hystériquement drôle, ingénieux et très touchant par moments. Si j'avais permuté la comédie et le drame pour rendre mon film plus drôle, je pense qu'il aurait ressemblé à SHAUN OF THE DEAD. Je n'ai pas vu LE MORT VIVANT mais j'ai entendu dire qu'il était excellent. Bob Clark a également réalisé CHILDREN SHOULDN'T PLAY WITH DEAD THINGS qui comporte plusieurs passages sympathiques. A ce propos, j'avais été pressenti pour écrire et réaliser une séquelle à ce film mais le projet a avorté. C'était juste avant que je ne débute ZOMBIE HONEYMOON alors j'étais plus que prêt à l'attaque !

Il y a une scène dans un vidéo club où un client ramène une cassette de votre premier film. Pourquoi avez-vous inclus cela ? Est-ce un pied de nez aux gens qui n'ont pas aimé ce film ?
Wouah, vous avez bien bossé ! Non, je pensais que si je devais faire de l'autoréférence, la seule façon était de ne pas être prétentieux et donc d'en rire. Ca ne me dérange pas que les gens n'aiment pas mes films - en fait, moins de gens aiment THE HOMEBOY que ZOMBIE HONEYMOON. Ce n'est pas grave - ce que j'aime c'est quand les gens sont passionnés à propos de leurs sentiments, qu'ils adorent ou détestent. Je n'aime pas quand leur avis se pose entre les deux.

Toujours durant cette scène au vidéo club, l'employé porte un t-shirt de L'ENFER DES ZOMBIES. Aimez-vous Fulci ?
J'adore Fulci, en particulier L'ENFER DES ZOMBIES. Ma mère nous a emmené, ma sœur et moi, voir ce film au ciné quand j'avais sept ans et il m'a fortement marqué ! C'est pour cela que je voulais lui rendre un hommage mérité dans ZOMBIE HONEYMOON.

Cela implique que je vous demande pourquoi vous avez réalisé un film d'horreur sur les zombies…
Honnêtement, après avoir vu L'ENFER DES ZOMBIES et ZOMBIE étant gamin, les morts vivants m'ont toujours obsédé. Et il est facile d'utiliser ce sous-genre comme une façon de refléter un sujet particulier - que ce soit politique (comme l'épisode de Joe Dante dans la série MASTERS OF HORROR), satirique (ZOMBIE) ou émotionnel comme ZOMBIE HONEYMOON, les zombies peuvent être adaptés et utilisés à des fins spécifiques de façon très précise.

A la fin du générique, on retrouve la phrase "Toute personne vivante, morte ou morte vivante…" comme c'est le cas pour UN LOUP-GAROU A LONDRES. Vous remerciez un nombre impressionnant de personnes et même John Landis. Pourquoi ?
John a eu une influence énorme sur la création du film. UN LOUP-GAROU A LONDRES était géant pour le gamin que j'étais, et son mélange intelligent de comédie, horreur et drame a eu un fort impact sur ZOMBIE HONEYMOON. Après avoir écrit le scénario, j'ai contacté John pour demander son aide ce qu'il a accepté au delà de nos espérances, allant jusqu'à faire beaucoup de publicité pour le film avant sa sortie. Il s'est rendu dans des festivals, a donné un coup de main pour la promotion, l'a montré à ses amis… il a agi comme un vrai mentor et cela m'a beaucoup touché. Cependant, le coup du générique de fin est entièrement une coïncidence. Je ne savais pas du tout qu'il l'avait déjà fait !

Pouvez-vous nous parler de la participation de Larry Fessenden ?
Larry a investi de l'argent dans le film et a aidé comme il le pouvait avec la promotion.

Quel était le budget du film ? Et combien de temps a pris le tournage ?
Il a coûté plus que EL MARIACHI et moins que WATERWORLD. On a eu un planning très serré de 20 jours seulement.

On entend souvent qu'une limite de temps et de budget augmente la créativité des cinéastes...
Bien que cela puisse présenter un avantage, j'aimerais autant ne plus avoir de problèmes d'argent. Tout le monde répondrait la même chose !

Quel genre de film allez-vous faire ensuite ?
Le prochain est également un film d'horreur qui focalise sur les relations amoureuses, tout comme ZOMBIE HONEYMOON. J'en suis à la moitié de l'écriture du scénario. Ca va être complètement fou, je pense que les gens vont vraiment aimer…

Interview par e-mail de David Gebroe (mars 2006)
réalisée par Christophe Lemonnier et traduit par Marija Nielsen

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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