Header Critique : FINAL COUNTDOWN, THE (NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE FINAL COUNTDOWN 1980

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER 

En 1980, le porte-avion USS Nimitz de la marine américaine navigue au large du site historique de Pearl Harbour quand une étrange tempête s'abat sur le navire. Après quelques patrouilles de reconnaissance, l'équipage doit admettre que le navire a été propulsé dans le passé, en 1941, quelques heures avant que les japonais ne déclenchent l'attaque surprise de la flotte américaine à Pearl Harbour : or, cet évènement a provoqué l'entrée des Etats-Unis dans la seconde guerre mondiale. L'intervention de l'USS Nimitz dans cette bataille peut alors modifier le passé...

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER a la particularité de mêler une science-fiction assez classique (on est plus proche d'une réflexion dans le style de LA PLANETE DES SINGES que de LA GUERRE DES ÉTOILES) au cinéma de guerre hollywoodien portant sur le conflit du Pacifique, entre le Japon et les USA. Il faut bien voir que cette guerre était alors à la mode dans les années 70. DUEL DANS LA PACIFIQUE de John Boorman annonce cette petite "Kamikaze-xploitation" : un soldat américain (Lee Marvin) et un militaire japonais (Toshiro Mifune) doivent cohabiter sur une île tandis que leurs pays sont en guerre. Puis Hollywood propose de fastueuses reconstitutions d'évènements célèbres, avec TORA ! TORA ! TORA ! (tourné par des réalisateurs américains et japonais, dont Kinji Fukasaku, futur réalisateur de BATTLE ROYALE) ou LA BATAILLE DE MIDWAY avec Charlton Heston. La télévision s'y met aussi, avec une mini-série (PEARL avec Robert Wagner) et surtout l'excellente série télévisée LES TÊTES BRÛLES, dans laquelle Robert Conrad commande une escadrille d'avions de chasses américains. Spielberg propose même une bonne parodie autour de cette période avec 1941 (où Christopher Lee incarne un officier nazi aux côtés de Toshiro Mifune et d'un impressionnant casting), tandis que les studios Disney tournent une version très familiale de DUEL DANS LA PACIFIQUE, avec LE DERNIER VOL DE L'ARCHE DE NOÉ dans lequel des naufragés découvrent, sur une île du Pacifique, des soldats japonais oubliés de tous, et croyant que la seconde guerre mondiale n'est pas encore achevée !

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER s'inscrit aussi dans la lignée de toute une série de films du début des années 80 traitant du voyage dans le temps. Cette vague démarre en 1979, avec l'excellent C'ETAIT DEMAIN (l'écrivain H.G. Wells et Jack l'éventreur s'échappent du XIXème siècle et s'affrontent de nos jours), le japonais LES GUERRIERS DE L'APOCALYPSE (des militaires nippons sont précipités au milieu de guerres féodales) et la production Disney UN COSMONAUTE CHEZ LE ROI ARTHUR (le titre est assez clair !). On verra ensuite de nombreux films sur ce thème classique de la science-fiction. Citons QUELQUE PART DANS LE TEMPS de Jeannot Szwarc, que le scénariste Richard Matheson adapte de son propre roman : un jeune acteur (Christopher Reeve) s'éprend d'une femme (Jane Seymour) qui a vécu en 1912. BANDITS BANDITS de Terry Gilliam nous fait suivre les aventures délirantes d'une bande de nains facétieux voyageant, grâce à une carte magique, à travers plusieurs époques : ils rencontrent Napoléon (Ian Holm), Robin des Bois (John Cleese) et Agamemnon (Sean Connery) ! Dans PEGGY SUE S'EST MARIEE de Francis Ford Coppola, une femme mûre revit son adolescence. James Cameron fait débarquer du futur un redoutable robot, le TERMINATOR, qui lancera sa carrière de réalisateur et assoira durablement la réputation d'Arnold Schwarzenegger comme star du cinéma d'action. Enfin, n'oublions pas RETOUR VERS LE FUTUR premier du nom, qui permet à Michael J. Fox de changer le passé de ses parents et connaît un très beau succès public. Enfin, dans le film anglais BIGGLES de John Hough, un jeune cadre new yorkais doit aider l'aviateur britannique Biggles à combattre les troupes allemandes durant la première guerre mondiale pour ce qui sera le dernier rôle au cinéma du grand Peter Cushing.

Surtout, NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER est un des derniers grands rôles de Kirk Douglas (né Issur Danielovitch Demsky !). Boxeur (LE CHAMPION), cow boy (LA CAPTIVE AUX YEUX CLAIRS), Viking (LES VIKINGS), gladiateur (SPARTACUS), officier (LES SENTIERS DE LA GLOIRE)... : c'est avec un égal brio qu'il a interprété les grands rôles classiques du répertoire hollywoodien en matière de cinéma d'action. Mais il a aussi tourné dans des films chers au cœur des amateurs de cinéma fantastique. Ainsi, on n'est pas prêt d'oublier son combat contre un calmar géant dans le mythique 20.000 LIEUES SOUS LES MERS. De même, il incarne un ULYSSE plein de ruse et d'énergie, prêt à surmonter tous les périls pour retourner à son royaume d'Ithaque : sa Pénélope ayant les beaux yeux de Silvana Mangano, on le comprend sans peine ! A la fin des années 70, il enchaîne plusieurs films fantastiques : on le retrouve ainsi père de l'antechrist dans HOLOCAUSTE 2000 d'Alberto De Martino, un film mêlant satanisme et écologie. Surtout, il porte littéralement, par son interprétation bouleversante, le trop mésestimé FURIE de Brian De Palma. Dans SATURN 3 de Stanley Donen, il affronte un robot-tueur dans une base spatiale isolée. Vient ensuite NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER. Kirk Douglas se fait plus discret au cours des années 80 et 90. Cette force de la nature est terrassée en 1995 par une attaque cérébrale qui le laisse à demi-paralysé. Ce n'est vraiment pas le genre de Kirk Douglas de se laisser abattre par l'adversité, et on le retrouve, à 83 ans, vedette de la comédie DIAMONDS aux côtés de Dan Aykroyd et Lauren Bacall ! Au-delà des films, c'est aussi à travers ce courage et cette opiniâtreté qu'on reconnaît un homme admirable.

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER, c'est aussi un film de Taylor, qui tourna quelques films fantastiques intéressants, bien que parfois mésestimés. LES EVADES DE LA PLANETE DES SINGES (encore un voyage dans le temps !) souffre d'une certaine lenteur, mais il renouvelle astucieusement la série. Sa version de L'ILE DU DOCTEUR MOREAU n'est pas si mauvaise qu'on l'a parfois dit, et elle permet à Burt Lancaster de se frotter au registre de l'horreur, qu'il a très peu abordé. DAMIEN, LA MALEDICTION II, un film à la thématique très riche, me semble le meilleur volet de sa série démoniaque.

Dans ses mémoires (publiés en France sous le titre "Le Fils du Chiffonnier"), Kirk Douglas nous apporte quelques informations sur la génèse de NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER : il s'agit en fait du premier film produit par son fils Peter Douglas et il était initialement question que les militaires se retrouvent transportés dans la première guerre mondiale, et non en 1941. Au poste de producteur associé, on note la présence de Lloyd Kaufman qui allait produire, la même année, son premier film d'horreur (MOTHER'S DAY) ! Peter Douglas et Lloyd Kaufman apparaissent d'ailleurs ici tous les deux dans des rôles très secondaires.

Une des particularités de NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER est d'avoir été tourné à l'intérieur d'un véritable porte-avion de la flotte américaine. Donc, on ne subit pas de maquettes d'avion pendouillant sans conviction au bout de ficelles, ou de bateaux tanguant au ralenti dans des piscines. Le style rigoureux et sérieux de Taylor achève de donner à son film un cachet documentaire des plus impressionnants. Décollages, atterrissages, procédures d'alerte, vie quotidienne, prises de décision... sont rendus avec un soin du détail fascinant. L'interprétation irréprochable de Kirk Douglas (tout à fait crédible en commandant de porte-avion) et des autres comédiens (Martin Sheen, James Farentino...) participent aussi de ce voyage convaincant au cœur de cette forteresse flottante. Les scènes aériennes, magnifiquement photographiées, ne manquent pas non plus de force. On se dit que NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER devait être extrêmement spectaculaire projeté sur un écran de cinéma ! Les ronchons pourront se lasser de voir la US Navy étaler assez complaisamment tous ses joujoux : mais, soyons honnête et notons tout de même que le scénario évite très intelligemment tout discours patriotique.

Pourtant, ce film déçoit tout de même un peu par son traitement du thème du voyage dans le temps. Les séquences de la tempête mystérieuse sont assez réussies, mais le sujet lui-même paraît sous-exploité. A travers la rencontre avec le sénateur Chapman, NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER semble bien s'approcher du problème, mais la manière de régler l'enjeu posé par ce personnage peut sembler un peu trop expéditive. De même, l'irruption du pilote japonais dans le Nimitz donne lieu à des péripéties peu spectaculaires, qui sembleraient plus à leur place dans une quelconque série télévisée, et dont le dénouement, encore une fois, paraît expédié. On regrette aussi quelques bavardages surabondants qui semblent aggraver encore un léger manque de rythme. Heureusement, les acteurs sont suffisamment compétents et énergiques pour qu'on ne s'ennuie jamais vraiment au cours de leurs joutes verbales.

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER est donc un film qui déçoit par son scénario un peu léger, mais qui reste néanmoins très intéressant pour son aspect documentaire, son interprétation et ses très spectaculaires séquences aériennes. A sa sortie, il fut un échec commercial ; néanmoins, il a fini par rencontrer son public en étant souvent diffusé à la télévision dans les années 80, notamment en France. Si on peut regretter que cette édition soit pour le moins indigente, son prix ridicule en fait un achat intéressant pour les amateurs de science-fiction.

NIMITZ, RETOUR VERS L'ENFER se contente, ici, d'une édition britannique très économique. Il s'agit toutefois bien d'une version uncut (précision utile dans un pays où la censure a le coup de ciseaux facile !). La copie est en très bon état (on note à peine quelques rares poussières) et est proposée dans son format 2.35 d'origine. Mais le transfert n'est pas très luxueux : des effets vidéos de moirage sont assez souvent visibles, les couleurs et la luminosité peuvent paraître légèrement affadies aux spectateurs habitués aux remasterisations spectaculaires effectués pour des DVD plus prestigieux. On note aussi un grain assez visible sur quelques plans truqués (les tempêtes...). Néanmoins, la compression et la définition sont toujours de très bonne tenue, et le film reste tout à fait regardable.

Au niveau du son, il faut se contenter d'une bande en anglais, 2.0 surround d'origine. Le son est parfois parasité par du souffle et de la distorsion, mais on repère tout de même quelques envolées assez spectaculaires : les turbines des jets devraient suffire à mettre à genoux quelques hauts-parleurs très mal dimensionnés ! On regrette qu'il faille quand même pousser assez loin le potentiomètre de volume pour avoir un niveau correct sur les dialogues, ce qui peut engendrer des sonorités un peu forcées sur certains amplis.

Pour les bonus, c'est le désert. On navigue à travers quelques menus immobiles et muets et on ne se met sous la dent qu'une bande-annonce vidéo particulièrement fatiguée. Encore une fois, le prix du DVD est tellement dérisoire qu'on ne peut guère s'attendre à plus.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
50 ans
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637 critiques Film & Vidéo
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Le caractère documentaire
De superbes séquences aériennes
D'excellents acteurs
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Un scénario qui laisse le spectateur sur sa faim
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L'édition vidéo
THE FINAL COUNTDOWN DVD Zone 2 (Angleterre)
Editeur
Hollywood
Support
DVD (Simple couche)
Origine
Angleterre (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h38
Image
2.35 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Aucun
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