Header Critique : KILLING ANGEL (MR IN-BETWEEN)

Critique du film et du DVD Zone 2
KILLING ANGEL 2001

MR IN-BETWEEN 

Jon est un tueur à gages impitoyable travaillant pour «l'homme tatoué», un étrange personnage auquel il voue une fidélité totale. La vie de Jon va néanmoins basculer lorsque qu'il va croiser par hasard la route d'un ami d'enfance. Renouant peu à peu avec cette vieille amitié, Jon va surtout (re)tomber sous le charme de la femme de ce dernier, Cathy, un amour de jeunesse. Tiraillé entre son devoir de tueur et son envie d'une vie normale avec Cathy, Jon va tenter de prendre une décision, non sans voyager dans les méandres les plus obscurs de sa personnalité.

Le cinéma contemporain anglais nous a copieusement habitués aux films de gangsters, depuis qu'un certain ARNAQUE, CRIME ET BOTANIQUE de Guy Ritchie avait réussit en 1998 à retrouver la formule de la Tarantinade, le tout boosté à l'épate visuelle. Le succès surprise du film de Ritchie ouvrit grand la vanne au polar local, avec un résultat qui a vite lassé. Daté de 2001, on pourrait craindre à la lecture du résumé de KILLING ANGEL un énième polar post-SNATCH, ou surtout à un nouveau puits à clichés style HARD MEN de J. K. Amalou. Fort heureusement, KILLING ANGEL (alias MR IN-BETWEEN de son titre original, alias THE KILLING KIND aux USA) fait preuve d'une ambition tout autre.

A l'origine du film, on trouve le duo de jeunes producteurs Andreas Bajohra et Bob Portal. Désireux de produire un film pour leur nouvelle société de production Phantom Pictures, les deux hommes brassent les scénarios à la recherche d'un projet intéressant. Ils s'arrêtent finalement sur le roman éponyme (sous le titre de Mr In-Between) de Neil Cross, et confient son adaptation à Peter Waddington (scénariste débutant, comédien confirmé, et prêtre de profession). Plutôt que d'engager un jeune réalisateur de pubs ou de clips pour mettre en image leur histoire, ces derniers ont la riche idée de se tourner vers Paul Sarossy, un chef opérateur confirmé (entre autre collaborateur attitré d'Atom Egoyan) et désireux depuis longtemps de passer à la réalisation.

Le ton de KILLING ANGEL est donc résolument adulte, posé et introverti. Et même si les thèmes restent communs, les tics du cinéma de genre anglais récent sont donc soigneusement mis au placard. On retiendra à cet exemple un amusant clin d'œil anti-TRAINSPOTTING lorsque Jon, alors sous l'emprise de l'héroïne à l'arrière d'une voiture, entend résonner du Nick Cave à l'instar de la scène de l'overdose d'Ewan Mc Gregor sur fond de Lou Reed. Passées quelques secondes, Jon criera au chauffeur de couper la musique, preuve de la volonté de KILLING ANGEL de s'éloigner de ses aînés qui faisaient leurs choux gras de leurs bandes sonores.

Certes prenant racine dans un canevas narratif vu, revu, et archi-revu (le tueur désirant raccrocher par amour), KILLING ANGEL en tire cependant un intérêt particulier. Car le film ne va pas se baser sur les obstacles rencontrés par le tueur pour changer de vie (à l'instar de THE KILLER de John Woo) mais bel et bien se concentrer sur l'hésitation du tueur. Le sens du film est là : Jon est-il réellement capable de changer de vie ? Et surtout, est-il capable de rompre son engagement moral avec l'homme tatoué ?

Pour rendre crédible le doute de Jon, KILLING ANGEL tire sa sève de la peinture très ambiguë de la relation entre le tueur et son boss. Relation maître, esclave ? Mentor, disciple ? Père, fils ? Voire même relation amoureuse ? Si les pistes sont une à une suggérées par le film, c'est pour mieux préparer le spectateur au coup de théâtre final, il est vrai totalement inimaginable. Il va sans dire que si cette étrange relation entre les deux personnages est aussi réussie, c'est aussi grâce au jeu très nuancé et anti-caricatural des deux comédiens (on a vu Andrew « Jon » Howard dans ABIMES de David Twohy, et David « l'homme tatoué » Calder dans le James Bond LE MONDE NE SUFFIT PAS de Michael Apted).

A la fois élégant (la photographie est magnifique) et déstabilisant, KILLING ANGEL se révèle être une bonne surprise. On regrette juste amèrement que le film ne bénéficie pas d'un peu plus d'audace et d'imagination dans son histoire par moments si usitée. Le métrage tente bien de relever la sauce en jouant la carte de l'extrême ou encore de l'étrange à la David Lynch, mais avec une timidité qui frise malheureusement l'anecdotique. Dommage, KILLING ANGEL ne se contentera donc de n'être qu'un «bon film», ce qui est déjà convenons-en vraiment pas mal !

Sortie d'un peu nulle part, cette édition de KILLING ANGEL est véritablement sans reproche. Image au format et à la qualité parfaite, il n'y a rien à redire. Le son est un stéréo surround d'origine. Le disque propose même une interactivité plutôt fournie avec un commentaire audio du réalisateur et un making of d'une vingtaine de minutes (et des bandes-annonces, mais ça, c'est déjà moins impressionnant).

Le commentaire audio est sous-titré «comment réussir son premier film». L'occasion de dépasser le stade de l'anecdotique afin d'élargir le propos sur un témoignage poussé sur le métier de réalisateur ? Que nenni ! Le commentaire de Paul Sarossy se borne à vulgariser les techniques de tournage employées ou expliciter les détails d'arrière-plan. Malheureusement peu passionnant. Le making of rattrape quant à lui la section en proposant un foisonnement d'interviews et d'images du tournage suffisamment rythmées et approfondies pour emporter l'adhésion.

Prix du «sang neuf» du 20e festival de Cognac en 2002, KILLING ANGEL alias MR IN-BETWEEN n'a pourtant pas pour objectif de réinventer le polar, mais d'en proposer une lecture adulte et psychologiquement éprouvante. Pari réussi, même si l'on aurait aimé que les timides embardées vers l'étrange soit un peu plus développées.

Rédacteur : Eric Dinkian
Photo Eric Dinkian
Monteur professionnel pour la télévision et le cinéma, Eric Dinkian enseigne en parallèle le montage en écoles. Il est auteur-réalisateur de trois courts-métrages remarqués dans les festivals internationaux (Kaojikara, Precut Girl et Yukiko) et prépare actuellement son premier long-métrage. Il collabore à DeVilDead depuis 2003.
48 ans
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287 critiques Film & Vidéo
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Un polar anglais qui fuit les clichés de ses aînés
Un récit âpre et adulte
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Une histoire de départ trop classique
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L'édition vidéo
MR IN-BETWEEN DVD Zone 2 (France)
Editeur
Fabrique de Films
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h34
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Stéréo Surround
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire-audio du réalisateur Paul Sarossy
    • Making of (20mn)
      • Bandes-annonces
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