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Critique du film et du DVD Zone 2
TOKYO FIST 1995

 

Tsuda rencontre par hasard Kojima, un ami qu'il a perdu de vue depuis des années. Ce dernier est devenu boxeur professionnel et s'insinue dans le couple de Tsuda.

Le frère de Shinya Tsukamoto est un boxeur professionnel et c'est de là d'où provient l'idée de faire un film sur la boxe. Au départ, il voulait réaliser un film quasi documentaire où l'on aurait découvert l'entraînement d'un boxeur puis ses combats. Finalement, il fait la rencontre de Isaishi Saito qui écrira le film ou pour être exact amènera une nouvelle idée au réalisateur. C'est à dire d'insérer l'histoire d'un triangle amoureux sur fond de boxe. Shinya Tsukamoto s'approprie l'idée et l'adapte à sa sauce pour obtenir TOKYO FIST. Comme à son habitude pour ses films personnels, le réalisateur japonais incarne l'un des personnages principaux. Face à lui, il donne le rôle du boxeur professionnel à son propre frère, plutôt logique !

Tsuda est un petit bonhomme installé dans le confort moderne. Sa vie est rythmée par le train-train quotidien du "Métro, boulot, dodo". Dans un Tokyo totalement bétonné où les être humains sont enfermés par les murs gigantesques des buildings et écrasés par une chaleur insoutenable, sortir dans la rue n'est pas une partie de plaisir. Le fait de devoir arpenter la ville en faisant du porte à porte pour vendre des contrats d'assurance met le héros complètement à plat. Fatigué, son corp n'en peut plus ! Dans les villes modernes, l'esprit s'affranchit du corps humain. Un peu comme s'il était endormi. C'est une rencontre avec la boxe qui viendra sauver Tsuda. L'entraînement et les coups ont de quoi lui rappeler l'existence de son enveloppe charnelle. Une façon comme une autre de sortir de la léthargie où se trouve notre "héros". De son côté, sa femme transparente au début se révèlera par des penchants masochistes très différents que cela soit par le tatouage ou surtout par le piercing. Forcément, elle se sent attirée par la rage primale de Kojima, le boxeur, plutôt que par la docilité de son mari. Autre raison pour Tsuda de se lancer à corps perdu dans la boxe, bien qu'il ne comprenne pas vraiment au début ce qu'elle cherche de son côté.

La mise en forme et les thèmes de TOKYO FIST pourront paraître complexes. Le troisième personnage, Kojima le boxeur, ainsi que le passé commun de celui-ci avec Tsuda amèneront bien d'autres éléments qui pourront sembler de prime abord plutôt étranges. Mais tout se recoupe, tout tend à montrer que Tsuda est entré dans une sorte de léthargie lorsqu'il est passé de l'état d'étudiant à celui d'employé. Sa rage provoquée par un drame a disparu et il évolue sans véritable but en tant qu'être humain dans son plan de carrière. Son réveil prendra bien plus de temps que celui de sa propre femme, celle-ci n'hésitant pas à lui balancer des coups de poings à répétition un peu comme s'il s'agissait de simples petites tapes données à une personne sonnée.

De tous les films de Shinya Tsukamoto, TOKYO FIST reste à ce jour sa plus grande réussite. Bien sûr, TETSUO reste un film d'une intensité rare, scotchant le spectateur dans son fauteuil ou l'obligeant à s'enfuir, mais TOKYO FIST réussit à clarifier le propos du réalisateur. Tout en restant percutant à souhait, il n'oublie pas de raconter une histoire et développer des idées en les mettant plus facilement à la portée du spectateur. TOKYO FIST n'est pas pour autant un film "accessible" si l'on en juge pas les spectateurs fuyant les salles de cinéma. Il faut dire que la violence de TOKYO FIST ne fait pas dans la dentelle. Les personnages à l'écran s'en prennent plein la gueule physiquement alors que vous aurez l'impression d'en prendre tout autant, bien installé dans votre fauteuil.

Des six premiers longs métrages de Shinya Tsukamoto, TOKYO FIST donne la synthèse de son cinéma. Survolté, percutant, rageur, furieux, intelligent et jamais chiant ! Rare dans le sens où les films de Shinya Tsukamoto n'ont rien, pour la plupart, de véritablement commercial.

La caméra de Shinya Tsukamoto est rarement stable. Presque toujours en mouvement, moins dans TOKYO FIST que dans BULLET BALLET, il est vrai, mais voilà qui ne facilite pas la retranscription en DVD. De la même façon que pour TETSUO 2, son film précédent, ou bien plus tard avec GEMINI, l'image prend des teintes bleutées ou rougeâtres pour appuyer le côté froid ou charnel des lieux ou des situations, ce qui n'arrange pas la difficulté du passage en vidéo. Le disque est pourtant assez réussi même s'il n'égalera pas les meilleures images existantes. De toutes façons, les images des films de Shinya Tsukamoto ne pourront jamais se hisser à un niveau de qualité d'image cristalline.

Oubliez le faux mixage 5.1 ! "Faux" puisque le procédé Arkamys n'est pas un procédé permettant de refaire la bande sonore. Ce procédé se borne a créer artificiellement une spatialisation sur vos cinq enceintes de n'importe quelle piste sonore (même en mono, c'est dire !). Alors oui, le son sort sur cinq canaux et ce faisant, la bande-son de TOKYO FIST remplira généreusement la pièce où vous le regarderez. Pourtant, elle y perdra de son impact originel. Autant préférer la bande sonore en stéréo surround d'origine, aggressive à souhait et dont chaque impact fait mouche avec précision.

Comme pour tous les autres titres de la collection Asian Classics, TOKYO FIST est couplé à un second film. Rien d'étonnant à ce qu'il s'agisse de BULLET BALLET puisque les deux films sont les deux plus proches de la réalité dans la filmographie de Shinya Tsukamoto. Les deux disques sont donc insérés dans un magnifique digipack cartonné, donc fragile, et un livret plutôt complet propose une interview ainsi qu'un article sur le film BULLET BALLET.

En plus des bandes-annonces, le DVD de TOKYO FIST intègre la présentation de Jean-Pierre Dionnet fort intéressante comme sur tous les autres titres. Néanmoins, on pourra reprocher le fait qu'il y ait une différence sonore entre le menu et la présentation. Cela pose un problème dans le sens où Jean-Pierre Dionnet se met à parler immédiatement et le temps de monter le niveau sonore, il a déjà entamé sa seconde phrase. Ce problème est présent sur les autres disques de la collection. Tout comme le fait qu'une fois la présentation terminée, le disque nous propose le choix du format sonore pour lancer directement le film. Troisième et dernier bonus, une courte interview de Shinya Tsukamoto ajoute quelques précieuses informations concernant le film. Courte tout en étant l'une des plus longues des six films de la collection !

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
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Un film survolté, percutant, rageur, furieux, intelligent et jamais chiant !
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Dommage que l'interview soit aussi courte !
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L'édition vidéo
TOKYO FIST DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h27
Image
1.33 (4/3)
Audio
Japanese Dolby Digital Stéréo Surround
Japanese Dolby Digital 5.1<br>(Arkamys)
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Présentation de Jean-Pierre Dionnet
    • Interview de Shinya Tsukamoto (8mn)
    • Bandes-annonces (2)
    Menus
    Menu 1 : TOKYO FIST
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