Header Critique : CLONES (SURROGATES)

Critique du film
CLONES 2009

SURROGATES 

Dans un futur proche, un inventeur met au point des robots ressemblant comme deux gouttes d'eau aux humains. Les propriétaires de ces androïdes peuvent les téléguider au moyen d'un dispositif émetteur/récepteur adoptant la forme d'une espèce de chaise de dentiste. Les citoyens restent alors chez eux et vivent leur existence par procuration, au moyen de doubles robotiques au physique parfait, sans prendre le risque de se heurter physiquement au monde extérieur. Tom Greer, policier, découvre un grain de sable dans la mécanique de ce meilleur des mondes : un tueur y circule avec une arme capable de tuer à la fois le Substitut robotique et celui qui le dirige à distance...

Après le blockbuster TERMINATOR 3, Jonathan Mostow se ménage une pause télévisuelle à travers le téléfilm de science-fiction «THEM». Puis, il participe pour le studio Disney au développement et à l'écriture de ce CLONES, adapté de la bande dessinée américaine «The Surrogates» de Robert Venditti et Brett Weldele. Ce projet se voit lancé dans la foulée des succès de 300 ou SIN CITY, dérivés de «romans graphiques» destinés aux lecteurs adultes. Bruce Willis prend le rôle principal, supportés par des visages connus des fantasticophiles, tels James Cromwell (STAR TREK : PREMIER CONTACT), Rosamund Pike (DOOM), Radha Mitchell (SILENT HILL) ou Ving Rhames (L'ARMEE DES MORTS). CLONES est tourné à Boston et dans ses alentours, région assez peu employée pour les blockbusters contemporains.

La grande force de CLONES est sans doute son sujet de science-fiction assez fascinant, à la fois éloignée de notre monde et en phase avec les préoccupations soulevées par les avancées technologiques contemporaines. Ici, via une interface de pilotage, les individus peuvent se confronter au monde au travers de leurs doubles virtuels. Le robot devient un masque derrière lequel cacher ses faiblesses présumées, ses défauts, et grâce auquel les éventuels dangers et responsabilités qu'engagent le simple fait de sortir dans la rue peuvent être esquivés. Si certains emploient des automates adoptant leur physique (amélioré selon les critères de beauté du moment), d'autres utilisent des avatars très différents d'eux-mêmes. Comme dans le récent ULTIMATE GAME, un obèse à l'hygiène douteuse prend le physique d'une pin-up sexy !

L'idée rejoint une préoccupation classique de nos décennies médiatiques. Jamais les outils pour communiquer n'ont été aussi simples et aussi nombreux. Et pourtant, ces interfaces, ces téléphones portables, internet, ces télévisions, ne sont-ils pas autant de barrières dressées entre les individus, les empêchant d'accéder à un vrai contact humain ? Les moyens de communication deviennent alors des intermédiaires protecteurs, acceptés, souvent avec bonne grâce, par des hommes et des femmes vivant dans la peur du monde et des autres. Voire dans la peur d'eux-mêmes, la peur de ne pas être à la hauteur du regard des autres, ce qui les encourage encore plus à se cacher derrière divers avatars et profils virtuels.

CLONES développe son univers autour de ces axes critiques et trace un remarquable portrait de cette civilisation du futur, multipliant détails et notations astucieuses sur ses implications et ses développements. L'emploi des Substituts pour faire la guerre, se divertir, aller travailler, donne lieu à d'astucieuses trouvailles reflétant une vraie réflexion sur cet univers de science-fiction.

Artisan compétent du blockbuster, Jonathan Mostow, aidé de ses techniciens artistiques, utilise alors à bon escient les moyens mis à sa disposition pour peindre graphiquement cette cité, à la fois proche et éloignée de notre présent. Si le propos est moins léger que le purement mercantile TERMINATOR 3, CLONES n'oublie pas d'offrir quelques séquences de suspense et d'action aussi classiques que soignées. Emerge en particulier une poursuite destructrice et bondissante dans un bidonville peuplé par des proscrits, au gré d'un filmage dynamique et toujours lisible.

Comme nous l'avons vu, CLONES sait voir au-delà des explosions et des poursuites. Il se concentre sur sa toile de fond passionnante, réussissant le portait de certains de ses personnages. La relation entre Greer et son épouse, vivant sous le même toit mais ignorant tout de l'autre après des années de communication par robots interposés, s'avère ainsi fort bien développée

Toute cette description du futur s'articule autour d'une intrigue policière semblant avoir nettement moins intéressée Mostow. A la fois complexe et balisée, elle est peuplée de personnages clichés ayant du mal à s'incarner (le savant Canter ou les rebelles menés par le Prophète). Cette enquête banale, qui ne sert que de prétexte durant l'essentiel du film, prend le dessus au cours de son dénouement, lequel peine à captiver et achève le métrage sur une note bien classique et artificielle.

Cette faiblesse narrative fait de CLONES un divertissement trop classique du pur point de vue du thriller. Pourtant, en tant qu'œuvre de science-fiction prospective, il s'avère tout à fait réussi et stimulant, sachant renouer avec une certaine science-fiction adulte et critique héritée des années 70, celle des RUNAWAY, L'EVADE DU FUTUR et autres MONDWEST.

Rédacteur : Emmanuel Denis
Photo Emmanuel Denis
Un parcours de cinéphile ma foi bien classique pour le petit Manolito, des fonds de culottes usés dans les cinémas de l'ouest parisiens à s'émerveiller devant les classiques de son temps, les Indiana Jones, Tron, Le Dragon du lac de feu, Le Secret de la pyramide... et surtout les Star Wars ! Premier Ecran fantastique à neuf ans pour Le retour du Jedi, premier Mad Movies avec Maximum Overdrive en couverture à treize ans, les vidéo clubs de quartier, les enregistrements de Canal +... Et un enthousiasme et une passion pour le cinéma fantastique sous toutes ses formes, dans toute sa diversité.
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