Header Critique : FRITT VILT II (COLD PREY 2)

Critique du film
FRITT VILT II 2008

COLD PREY 2 

ATTENTION : des éventuels spoilers relatifs au premier FRITT VILT sont présents dans ce texte.

Sorti le 10 octobre 2008 en Norvège, FRITT VILT II se révèlera l'un des trois plus gros succès locaux de l'année, s'offrant le luxe de dépasser les résultats de grosse machines hollywoodiennes comme MADAGASCAR 2 ou encore KUNG FU PANDA… ce qui atteste bien du phénomène durable dans lequel le film s'inscrit. Il ne serait pas étonnant qu'une seconde séquelle pointe le bout de son nez et ce même si la chanson du générique nous dit clairement, dans son titre, que c'est la fin.

Jannicke (Ingrid Borso Berdal) a survécu au massacre de «l'Hôtel du Diable». Emmenée à l'hôpital, elle décrit les événements et l'endroit où retrouver les cadavres qui sont de ce fait rapatriés. Toutefois, le tueur a vu le froid conserver son appétit de vie et malgré l'opposition de Jannicke, un électrochoc le ramène définitivement parmi nous. Et il est bien décidé à terminer ce qu'il a commencé. C'est à dire tuer tout ce qui l'entoure !

Changement de cap pour cette séquelle qui embraye directement sur la fin du premier opus. Et là aussi, le scénario va se contenter se reprendre certains éléments empruntés ça et là à ses illustres prédécesseurs. Ainsi l'hôpital désert où la jeune victime arrive et où le tueur débarque pour la traquer, c'est bien sûr HALLOWEEN II. Et le tueur au piolet fait à nouveau songer à celui de MASSACRES A LA SAINT VALENTIN, mais ayant déjà vu FRITT VILT, l'effet de surprise n'est plus de mise !

Plus que Roar Uthaug dans FRITT VILT, le réalisateur Mats Stenberg, dont il s'agit de la première œuvre, va chercher à asseoir le statut de croquemitaine mythique au tueur Geir Olav Brath (ici joué par un autre acteur, le cascadeur Robert Follin). Poursuivant la voie du premier film, le tueur masqué dont seul l'œil gauche demeure visible est une nouvelle incarnation du mal indéboulonnable, façon Michael Myers. Sa résurrection à la JASON LE MORT VIVANT semble aller en ce sens, tout comme l'explication de sa nature. Enfant, il fut mort-né puis ressucita mystérieusement quelques heures après sa naissance. Il ne fut jamais considéré comme «normal» (pour ce que cela veut dire !) et ses parents masquèrent son assassinat par une disparition en 1975. Il survécut, s'adapta à l'environnement hivernal et développa une nature agressive envers toute invasion sur son territoire. Le froid étant un allié, jusqu'à le protéger plutôt que de le faire mourir. D'où sa survivance ici même, l'électrochoc précipitant son retour à la vie.

Contrairement à VENDREDI 13 qui voyait la mère de Jason se venger de la mort de son fils, c'est ici le fils qui a vu ses parents tenter de l'assassiner. Point de détail de l'intrigue mais qui a toute son importance, les deux FRITT VILT tentant ainsi d'inverser les règles morales édictées par le slasher américain. On est ainsi très loin des œuvres reaganiennes aux règles d'or (drogue = mort ; sexe = mort, etc...). Le tueur n'hésitant d'ailleurs pas à s'en prendre à des innocents : voir la romance s'installant entre l'infirmière et le flic brutalement interrompue dans un bain de sang.

Malgré la redite et le recyclage d'éléments et de structure déjà connue, FRITT VILT II emporte l'adhésion sur son prédécesseur. Une intrigue plus ramassée couplée à l'action qui démarre dès la fin du générique assure l'intérêt du spectateur. Jannicke est une héroïne jamieleecurtisoïdale nordique crédible et jusqu'au-boutiste. Curieusement, la première demi-heure qui permet l'élaboration du relationnel et la présentation des nouveaux personnages ne recèle aucune mort. Mais cela ne gêne en aucune manière le récit et le rythme. Là aussi, FRITT VILT II se met en contresens de ses prestigieux ancêtres : la plupart des personnages sont positifs et génère la sympathie ressentie envers chacun. Contrairement aux Etats-Unis où la plupart des slashers a son quota de teenagers débiles pour qui on en vient à souhaiter que l'écran se débarrasse au plus vite de leur présence, si possible dans une mémorable gerbe de sang.

Mats Stenberg offre un slasher jouissif dans la description et la diversité des meurtres. A noter la scène où un médecin se faisant retourner en deux : le craquement de la colonne vertébrale renverra dos à dos les plus réticents à profiter de ce spectacle hivernal sanguinolent. Même si le gore n'est pas légion, les mises à morts sont hargneuses jusqu'au final assez brutal, joliment chorégraphié grace à un découpage très précis.

La photographie n'est clairement pas celle d'un Dean Cundey mais le travail d'Anders Flatland demeure largement honorable dans le piqué et le rendu de la scénographie de montagne (une scène d'ouverture splendidement photographiée) ; tout comme dans les scènes d'intérieurs aux contrastes plaisants, les teintes de clair-obscur. Il va sans dire que le gonflage en 35mm ne doit pas être étranger au grain décelé sur la copie présentée. Le format Scope s'adapte parfaitement au changement de décor, à savoir un endroit clos tranchant avec les grands espaces montagnards. Stenberg sait utiliser son cadre qui fourmille de détails donnant de la perspective et de la profondeur. Contrairement aux Scope inutiles et pour la frime d'œuvres sans intérêt comme DEADGIRL ou encore HUSH, le réalisateur profite (et fait profiter au spectateur) au maximum des avantages du format anamorphique. La vision sur grand écran est un vrai plus, tant le film a été pensé pour ce type d'expérience.

FRITT VILT II creuse son sillon en tentant de marier la structure d'un slasher américain et les caractéristiques norvégiennes de sa scénographie et de ses personnages. Depuis quelques temps, la Scandinavie semble s'être éveillée au film de genre et les produits arrivent ainsi petit à petit dans nos contrées. Qu'il s'agisse de STRANDVARSKAREN ou FROSTBITEN jusqu'à MORSE en Suède, DARK FLOORS ou le très réussi SAUNA en Finlande, de NORWAY OF LIFE aux thrillers de la série VARG VEUM, ROVDYR et les deux FRITT VILT en Norvège… il semble se passer quelque chose dans le Nord de l'Europe !

On n'attendait pas grand-chose de FRITT VILT II et il s'agit justement du meilleur service rendu au spectateur. S'asseoir dans une salle et profiter le plus simplement du monde d'un slasher conventionnel qui ne révolutionne pas le genre mais qui est généreux, fun, doté de deux actrices énergiques et sans complexe vis-à-vis de son sujet. Une bonne jouissance dans le froid, ça ne fait pas de mal !

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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