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Critique du film et du DVD Zone 2
THE SIGNAL 2006

 

A l'approche de la fin de l'année, la télévision, la radio ou encore les téléphones se mettent à dérailler en diffusant un étrange signal. A peu près au moment où ce phénomène se déclenche, Mya quitte Ben, son amant, pour retourner auprès de son mari. Elle va rapidement se rendre compte qu'il n'y a pas que les machines qui déraillent puisque les êtres humains commencent à s'entretuer…

Trois jeunes réalisateurs originaires d'Atlanta se retrouvent sur l'idée commune de produire rapidement un film d'horreur à petit budget. Produit pour environ 50.000 dollars et tourné sur une période de 13 jours seulement, THE SIGNAL donne donc l'occasion aux trois cinéastes de diriger chacun l'une des trois parties du film. On pourrait être amené à croire qu'il s'agit donc d'un film à sketches mais il n'en est rien. Il ne s'agit pas de trois intrigues distinctes mais bel et bien de la continuité d'une seule et même histoire qui se trouve donc découpée en plusieurs morceaux dont chacun des réalisateurs assumera la paternité. A partir de là, il serait logique de penser que les cinéastes ont travaillé dans leur coin. Pas du tout puisque lorsqu'un des réalisateurs filmait sa partie du film, les deux autres étaient là pour l'épauler derrière la caméra tout au long de la création de THE SIGNAL. Pour David Bruckner, Jacob Gentry et Dan Bush, ce projet ne semble être destiné qu'à une distribution en vidéo. Pourtant et ce contre toute attente, le film va attirer l'attention au Festival de Sundance, au début de l'année 2007, où il va être rapidement acheté par Magnolia Pictures. Le distributeur donnera au film l'opportunité d'une sortie cinéma aux Etats-Unis dans un circuit limité de salles. Néanmoins, il faudra un long moment avant que le film ne soit finalement diffusé entre autres parce qu'il y a un problème de droits concernant la chanson utilisée dans le montage original. Un peu plus d'un an après sa projection au Festival de Sundace, le film sera donc enfin distribué en salle au début de l'année 2008 puis quelques mois plus tard en vidéo aux Etats-Unis. La diffusion américaine en salles sera d'ailleurs marquée par un curieux fait divers puisqu'un spectateur non identifié va poignarder deux autres personnes durant une projection du film. Evidemment, cela n'a pas grand rapport avec le «signal» du métrage ou un lien avec la violence au cinéma puisque d'après la police il se pourrait que ce soit un acte de vengeance d'une personne saoule ou droguée qui avait été virée du cinéma quelques heures auparavant en raison d'un comportement qui gênait les autres spectateurs.

Au centre de THE SIGNAL, il y a donc une sorte d'épidémie qui touche la population aux travers d'étranges émissions diffusées par la télévision, la radio où les téléphones portables. Ceux qui sont touchés se mettent à réagir de manière brutale menant tout le monde, ou presque, à s'entretuer. Le sujet n'a rien de très nouveau puisque des idées similaires étaient déjà traités dans THE CRAZIES de George Romero, RAGE de David Cronenberg, PULSION HOMICIDE de Graham Baker ou encore CONTACT MORTEL d'Hal Barwood. Néanmoins, l'origine purement technologique de l'infection rapproche aussi THE SIGNAL d'œuvres tel que KAIRO de Kiyoshi Kurosawa, ou ses incarnations américaines, et même VIDEODROME de David Cronenberg. De telles références pourront paraître étranges surtout que le film laisse totalement de côté les origines du signal déclencheur pour ne s'intéresser qu'à ses effets et plus particulièrement autour d'un trio de personnages. C'est d'ailleurs ces trois protagonistes qui vont servir à éclater le récit pour lui donner des points de vue différents. Ainsi, la première partie, intitulée «Transmission I» suit essentiellement Mya. En ce qui concerne «Transmission II», on se porte plutôt son mari, Lewis, avant de changer d'angle avec «Transmission III» en suivant le personnage de Ben. Trois parties qui se prolongent et s'entremêlent au travers de flashs-back mais en adoptant des changements de tons. La première partie va surtout nous montrer la première nuit de la diffusion du signal et les conséquences apocalyptiques de celui-ci. Plutôt sombre bien que non dénué d'humour avec cette étrange arme fabriquée par l'un des personnages, THE SIGNAL plonge dans la comédie dès son deuxième acte. Carrément brutal, cette rupture a de quoi surprendre mais s'avère plutôt séduisante. Entre satire et vaudeville, ce second chapitre permet de relancer le film en lui évitant de s'installer dans une routine. Il s'avère, de plus, que cette deuxième partie du film est celle qui est la mieux menée en terme de réalisation. De plus, c'est dans cette section de que l'on commence à percevoir les effets réels que peut avoir le signal sur les personnes qui y sont exposées : hallucinations, pertes de repère avec la réalité, paranoïa… La troisième partie du film viendra lui donner un épilogue assez nihiliste mais se terminant tout de même sur une belle image poétique. A noter que l'ouverture du film se fait avec les images d'une sorte de survival qui n'a pas été tourné spécialement pour THE SIGNAL. En effet, il s'agit d'extraits d'un court-métrage réalisé en 2003 par Jacob Gentry dans le cadre de «The 48 Hours Film Project».

Ce qui surprend à la vision de THE SIGNAL, hormis l'alternance entre horreur, humour et drame, c'est la facture plutôt professionnelle du métrage compte tenu de son budget de départ. De plus, le film n'hésite jamais à user d'une violence qui s'adapte aux différentes ambiances de THE SIGNAL mais qui reste toujours extrêmement sanglante. Des métrages bien plus fortunés et ouvertement orientés vers l'horreur paraissent bien frileux en comparaison du festival d'écrabouillage de tête, décapitation et autres exactions violentes qui émaillent le film. Cependant, on notera pas mal de faux raccords et autres petits soucis qui sont très certainement à imputer à la faible durée du tournage qui a du obliger à tourner très rapidement. De même, si l'on s'intéresse au film, on s'aperçoit assez vite que les ambitions des trois cinéastes ne sont pas vraiment dans le film. Par exemple, cela n'est pas clairement explicité mais l'intrigue se déroule dans un futur proche et dans une ville fictive nommée Terminus, bien qu'il s'agisse du nom de la ville d'Atlanta au 19ème siècle. A la vision de THE SIGNAL, on ne pense pas vraiment à un monde futuriste où les habitants sont entourés continuellement d'écrans et autres diffusions d'informations. En tout cas, les trois réalisateurs ont l'envie de développer leur univers au travers d'autres histoires comme ils ont pu le faire, pour la promotion de THE SIGNAL, en réalisant trois Webisodes (courts-métrages diffusés sur internet). Quoi qu'il en soit, THE SIGNAL, tel qu'on peut le voir aujourd'hui, est une sympathique découverte qui bénéficie autant du talent de ses interprètes que des trois cinéastes ayant eu l'intelligence proposer un mélange sucré salé qui différencie complètement ce film du tout venant.

Tourné en vidéo numérique haute définition, THE SIGNAL a donc une image au rendu qui ne fait pas totalement cinéma. Le métrage a tout de même été assez soigné ce qui permet d'oublier assez vite ce type d'images pour ceux qui y seraient allergiques. Le transfert 16/9 au format original présent sur l'édition DVD française s'avère en tout cas plutôt honnête. Il faudra tout de même compter avec quelques petits soucis numériques mais bien malin sera celui qui pourra dire si le grain prononcé ou autres défauts sont d'origines ou bien des anicroches du DVD. Le doublage français ainsi que la version originale anglaise sous-titrée sont proposés en Dolby Digital 5.1. Soyons honnête, cela n'a rien de très spectaculaire et c'est surtout la musique et quelques effets sonores qui vont utiliser pleinement l'option multi-canal. Pour le reste, les dialogues et la plupart des effets seront localisés sur l'avant. Le doublage français est aussi proposé en stéréo pour ceux qui n'ont pas d'ampli home cinéma.

Le premier supplément est un commentaire audio où les trois réalisateurs parlent du film. Toutefois, ils débutent en nous expliquant qu'ils ne vont pas faire comme les autres et nous proposer un commentaire audio moins nombriliste. Pour se faire, ils décident de mettre hors jeu le réalisateur du segment qu'ils sont en train de regarder. L'idée est carrément stupide puisque c'était probablement plus au réalisateur d'affirmer ses points de vue plutôt que le mettre hors course justement sur les passages qu'il a réellement dirigé. Pas de surprise à l'arrivée, ce commentaire audio est pour le moins ennuyeux. On se rend d'ailleurs compte au moment du générique final qu'ils n'ont pas abordé grand chose lorsque le nom du producteur apparaît. En effet, ils nous expliquent qu'ils n'en ont pas parlé jusque là et que c'est fort dommage puisqu'il fut manifestement l'un des déclencheurs de ce projet. Il serait possible de se rattraper durant le peu de minutes qui restent mais ce ne sera pas le cas. Résultat, ils ont réussi à faire exactement ce qu'ils ne voulaient pas faire, c'est à dire un commentaire audio un peu creux où l'on se congratule. Dommage !

Après ce commentaire audio, les suppléments vont s'avérer relativement inégaux. On débute avec ce qui s'annonce comme des interviews avec l'équipe et qui se réduit à une Featurette de moins de cinq minutes où l'on apprend pas grand chose. Heureusement, le making-of s'avère largement plus intéressant en révélant quelques-uns des trucs utilisés pour contourner les restrictions budgétaires. On peut voir trois scènes coupées, introduite par leur réalisateur, avant de découvrir les trois «Webisodes» tournés bien après la mise en boîte de THE SIGNAL. Rien d'exceptionnel, il s'agit simplement de nous donner un aperçu des effets du signal à différents endroits : un studio de télévision, une voiture à l'intérieur duquel se trouve une famille et un magasin d'électroménager. Amusant mais sans plus, ces trois courtes histoires illustrent assez bien l'intérêt d'avoir proposer des ruptures de tons dans le film. Car les petites histoires qui nous sont présentées ici paraissent bien monotones en adoptant toutes la même ambiance tout en ne sortant pas du cadre de la saynète improvisée. Le DVD propose aussi de voir l'intégralité du court-métrage THE HAP HAPGOOD STORY qui est intéressant seulement si on prend en compte sa genèse. A savoir qu'il a donc été réalisé pour «The 48 Hours Film Project». En participant à cette «compétition», Jacob Gentry a donc dû réaliser ce court-métrage en 48 heures selon quelques directives imposées. Forcément, le résultat pourra paraître un peu brut et même peu développé si l'on ne garde pas à l'esprit ses conditions de tournage. Enfin, le DVD se clôt avec la bande-annonce du film.

Rédacteur : Antoine Rigaud
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Des ruptures de tons étranges mais séduisantes
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L'approche du commentaire audio
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L'édition vidéo
THE SIGNAL DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h39
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Francais Dolby Digital Stéréo Surround
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaires audio des réalisateurs
    • Interviews des acteurs et des réalisateurs (4mn24)
    • Making-of (15mn)
      • Scènes coupées
        • Bike scenes
        • Introduction du réalisateur (2mn11)
        • Bike scene version 1 & 2 (2mn06)
        • Extended Bat scene
        • Introduction du réalisateur (0mn30)
        • Extended Bat scene (1mn47)
    • Webisodes (12mn30)
    • The Hap Hapgood Story (10mn)
    • Bande-annonce
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