Header Critique : SORCERERS, THE (LA CREATURE INVISIBLE)

Critique du film et du DVD Zone 2
THE SORCERERS 1967

LA CREATURE INVISIBLE 

Déchu et vieillissant, le Professeur Montserrat et sa femme vivent de manière modeste. Ayant enfin mis au point une nouvelle forme d'hypnotisme, il lui faut trouver une personne qui veuille bien lui prêter son concours. Pour cela, il va trouver un jeune homme en mal de sensations fortes qui va devenir la marionnette de ses expériences…

Avant de devenir producteur, Tony Tenser va tout d'abord diriger le service publicitaire du distributeur britannique Miracle Films. C'est ainsi qu'il va être amené à engager des strip-teaseuses pour la promotion d'un film avec Brigitte Bardot. Ce recrutement un peu particulier va le mettre en contact avec Michael Klinger, gérant d'un club de strip-tease, qui désire se lancer dans le cinéma. Les deux hommes vont créer Compton Group et acheter une première salle de cinéma qui diffusera des films coquins dans le quartier de Soho. De l'exploitation d'une salle à la distribution de films, il n'y plus beaucoup de chemin à faire pour se lancer dans la production cinématographique. Evidemment, Tony Tenser et Michael Klinger vont continuer dans le domaine du «nudie» (évidemment érotique). C'est au sein de cette structure qu'ils vont aussi être amenés à produire le premier film en langue anglaise de Roman Polanski, ce dernier ayant du mal à trouver des financiers pour tourner REPULSION mettant en scène Catherine Deneuve et Ian Hendry. Mais, Tony Tenser va alors décider de faire cavalier seul et il met un terme à son association avec Michael Klinger. Peu de temps après cette séparation, il forme une maison de production nommée Tigon. Le premier film produit sera, une nouvelle fois, une pelloche coquine à petit budget. Une façon pour le producteur d'avoir une première carte de visite en vue de monter d'autres projets. Le deuxième métrage de la Tigon sera un peu plus ambitieux mais toujours aussi fauché. Toutefois, THE SORCERERS a la chance de récupérer Boris Karloff, donnant ainsi un cachet prestigieux à l'entreprise alors que le jeune Michael Reeves en assurera la réalisation. Fort du succès de THE SORCERERS, la Tigon produira d'autres films d'horreur empruntant souvent la voie du gothique britannique (LE VAMPIRE A SOIF, LA CHAIR DU DIABLE, LA NUIT DES MALEFICES…) mais s'essayant aussi à un «Fantastique» plus naturaliste et dans l'air du temps.

De son côté, Michael Reeves s'intéresse au cinéma et après des études élémentaires, il va accepter toutes sortes de travaux. Il participera ainsi à divers tournages dont deux coproductions britanniques à gros budgets: LES DRAKKARS de Jack Cardiff et GENGIS KHAN d'Henry Levin. Le statut de ces films cosmopolites lui permet de travailler en Italie sur LE CHATEAU DES MORTS-VIVANTS interprété par Christopher Lee. Engagé au poste de réalisateur de seconde équipe, il va se retrouver seul à boucler les prises de vue suite à des brouilles entre la production et les réalisateurs qui vont se succéder. En sauvant ce tournage, la production offre à Reeves la chance de réaliser en son propre nom un premier film alors qu'il n'est âgé que de 23 ans. Petite coproduction italienne, LA SORELLA DI SATANA réussit à se payer les services de Barbara Steele durant une poignée de jours. Avec cette première réalisation sous le bras, Michael Reeves entre en contact avec Tony Tenser qui va produire THE SORCERERS. Il était question d'adapter un livre John Burke, déjà auteur de THE SORCERERS, mais Michael Reeves et la Tigon vont se lancer ensuite dans l'un de leurs films les plus prestigieux avec LE GRAND INQUISITEUR. Agé seulement de 25 ans, Michael Reeves décèdera un peu plus tard d'une overdose accidentelle d'antidépresseurs mettant un terme à une carrière qui s'annonçait pleines de promesses.

Adaptation d'une histoire de l'écrivain John Burke, THE SORCERERS est une production anglaise à petit budget qui accuse aujourd'hui son âge. Tirant partie des maigres moyens mis à sa disposition, Michael Reeves n'a d'autres choix que de filmer sans détour son histoire surnaturelle. Plus que les images elles-mêmes, c'est finalement l'intrigue ainsi que l'interprétation qui vont assurer le spectacle. Portant assez mal le titre THE SORCERERS et pas mieux celui français de LA CREATURE INVISIBLE, le film réalisé par Michael Reeves ne parle d'aucune pratique de sorcellerie et ne laisse «apparaître» aucune créature (invisible ou pas). L'histoire se place à cheval entre la science-fiction et le surnaturel sur un fond social plutôt bien vu. THE SORCERERS va créer une jointure très surprenante entre deux générations. Mettant en corrélation le troisième âge des années 60 ayant plus subsister que vécu et l'insouciance d'une jeunesse à laquelle la vie ouvre les bras, le film tire parti d'une étrange contradiction. Proches de la mort, les personnes âgées du film n'aspirent qu'à ressentir, frissonner et simplement profiter de la vie alors que leurs corps les en empêchent. En opposition, le jeune protagoniste principal du film s'ennuie bien qu'il soit un séduisant jeune homme sans problème à qui tout souri. Autre point intéressant du film, le professeur et son épouse deviennent en quelques sortes les deux facettes de notre conscience, l'un bon et l'autre mauvais. Réfléchi, l'un ne cède pas aux tentations même si elles le tourmentent alors que le second n'oppose aucune résistance à ses pulsions ou ses envies. La manière de filmer les deux personnages contrôlant un troisième individu à partir d'une pièce quasiment unique (métaphore du cerveau de l'hypnotisé ?), pourtant dicté par un budget assez maigre, appuie sans équivoque la dualité de l'être humain. D'un point de vue thématique, THE SORCERERS est donc une bien belle réussite.

Mais si THE SORCERERS a des qualités, il ne faudrait pas pour autant se voiler la face. Le film accuse un manque de moyen assez flagrant. De plus, sur sa durée, le film est loin d'offrir un suspense soutenu. Parmi les séquences les plus réussies, on retiendra la fameuse expérience d'hypnose psychédélique. Le reste du métrage sera hélas bien plus inégal alternant séquences sympathiques avec des passages bien moins passionnants. De nombreux passages semblent très statiques même si Michael Reeves tentent pourtant de donner un côté «pris sur le vif» à son métrage. Heureusement, le film est aidé par une interprétation de qualité, sans être exceptionnelle, des trois acteurs principaux. Michael Reeves reprend Ian Ogilvy qu'il a déjà dirigé dans LA SORELLA DI SATANA et à qui il donnera l'un des rôles principaux du GRAND INQUISITEUR. Ayant rencontré Boris Karloff, par hasard et avant le tournage, Michael Reeves réussit à convaincre l'acteur de rejoindre son film. Karloff tournera d'ailleurs dans une autre production de la Tigon, l'année suivante, puisqu'il fera partie du générique de LA MAISON ENSORCELEE. Enfin, troisième personnage marquant, Catherine Lacey incarne sans complexe nos mauvais penchants. On notera aussi la présence d'une Susan George encore débutante dans un petit rôle.

La Tigon va produire d'autres métrages Fantastiques qui s'affranchissent des habituels décors et costumes onéreux du cinéma gothique. Plus sûrement motivé par l'économie, ils seront très largement inférieurs à THE SORCERERS. Ainsi, on naviguera entre l'anecdotique LE MONSTRE DES OUBLIETTES, encore avec de petites vieilles, ou le ridicule THE BODY STEALERS. L'un des meilleurs films de la Tigon, si ce n'est le meilleur, sera finalement LE GRAND INQUISITEUR, toujours réalisé par Michael Reeves, poursuivant encore une thématique assez pessimiste à propos de l'humanité se débattant avec ses propres démons.

Neo Publishing propose un transfert 16/9 au format 1.77, aux alentours du ratio d'origine, de THE SORCERERS. L'image a un contraste assez limité mais délivre tout de même un piqué de très honnête facture. On notera de brèves sautes d'images lors de certains passages mais dans l'ensemble, ce DVD permet de revoir le film dans des conditions acceptables. Le disque ne contient qu'une piste anglaise en mono d'origine. L'éditeur a, bien évidemment placé un sous-titrage français de manière à ce que tous les francophones puissent suivre l'intrigue. Cette bande-son n'appelle pas de quoi disserter durant des heures, elle affiche les limites inhérentes à son mixage d'origine et à son âge.

Pour la sortie de THE SORCERERS, Neo Publishing a produit deux suppléments qui s'avèrent être deux segments vidéos montés à partir de la même interview de Alain Schlockoff, rédacteur en chef du magazine L'Ecran Fantastique. Le premier s'intitule «Les Maisons de l'horreur» mais induit en erreur puisqu'il ne s'agit pas ici de dresser un parc immobilier horrifique. En fait, le sujet sera celui des maisons de production britanniques qui se sont spécialisées dans le cinéma de genre à l'époque de l'âge d'or de l'Horreur britannique. Il aurait été logique d'en apprendre plus sur la Tigon puisque THE SORCERERS a été produit par cette firme. Le nom sera bien évoqué mais c'est tout. Une grande partie du temps de parole se focalisera essentiellement sur la Hammer Film, sans pour autant amener un véritable historique. Le montage du sujet assez décousu n'aide pas le côté parfois vague des informations données. Il en va de même en ce qui concerne «Michael Reeves par Alain Schlockoff». Sur les dix minutes de cet entretien, le cas du jeune cinéaste ne prend que le premier tiers. Par la suite, le sujet dévie sur Karloff ou THE SORCERERS. Gênant surtout que, encore une fois, les informations restent très vagues d'un point de vue historique. Une nouvelle fois, le montage accentue l'impression de découvrir un interlocuteur pris au dépourvu. Tout cela est d'autant plus dommage que l'éditeur avait publié, avec LE GRAND INQUISITEUR, un véritable documentaire sur le jeune réalisateur et donnant la parole à des intervenants ayant travaillés avec lui !

En plus de ces deux interventions, l'édition DVD propose de voir la bande-annonce originale, une galerie de photos ainsi qu'une sélection de filmographies. Enfin, dernière touche supplémentaire, Neo Publishing a placé une reproduction de la fiche d'exploitation française ainsi que le dossier de presse espagnol sur le DVD. Toutefois, pour y accéder, il faudra insérer le disque dans un lecteur DVD-Rom et consulter les deux documents proposés au format PDF. Ajout fort sympathique !

Rédacteur : Antoine Rigaud
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635 critiques Film & Vidéo
2 critiques Livres
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Un film pourvue d'une riche thématique
On n'aime pas
L'aspect informatif des suppléments un peu léger
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L'édition vidéo
THE SORCERERS DVD Zone 2 (France)
Editeur
Neo
Support
DVD (Double couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h22
Image
1.78 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Les Maisons de l'horreur (15mn)
    • Michael Reeves (10mn)
    • Bande-annonce
    • Galerie photo
      • Filmographies
      • Michael Reeves
      • Boris Karloff
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