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Critique du film et du DVD Zone 2
SAW III 2006

 

Comme le présageait la fin ouverte de SAW II, Jigsaw est de retour. Faible et vulnérable à cause du cancer qui le ronge, il n'a néanmoins rien perdu de son intelligence et de son sens exquis du sadisme. Avec les créateurs de SAW au scénario, James Wan et Leigh Whannell, ce troisième volet s'avère fortement réussi, marquant un score quasi parfait à tous les niveaux.

Après une introduction de presque vingt minutes où des personnages se font éliminer de façon éclaboussante presque sans discontinuer, on se demande bien ce que Darren Lynn Bousman nous réserve pour la suite. Et puis, la véritable histoire débute avec l'enlèvement d'une infirmière qui se verra assigner la tâche ingrate de s'occuper d'un Jigsaw mourant sous les yeux d'Amanda, impuissante jusqu'à une frustration confinant à la folie, tandis qu'un homme se retrouve face à des pièges mortels d'où il devra délivrer d'autres captifs. Les relations entre ces quatre personnages et leurs motivations deviennent progressivement plus clairs au fil de l'histoire qui se préoccupe cette fois de sentiments on ne peut plus humains : la vengeance et le pardon, autant envers les autres qu'envers soi-même.

La durée totale de la production de SAW III n'est que de cinq mois ce qui n'est vraiment pas grand chose. Peut-être que Wan et Whannell travaillent bien dans l'urgence ou alors les idées de base étaient déjà en place – quoi qu'il en soit, les personnages n'ont rien à voir avec les images d'Epinal que trop de récentes productions nous servent sur une planche à découper (LA MAISON DE CIRE, LA CRYPTE, HOSTEL pour ne nommer que les premiers nous venant à l'esprit mais la liste est malheureusement bien plus longue…). Evidemment, chacun recherche des choses différentes dans un film mais force est de constater que pour avoir de l'empathie pour les personnages, un certain sentiment d'identification est de mise.

Ici, les scénaristes développent à loisir les quatre personnages clés, à commencer par celui par qui le malheur arrive, nous avons nommé Jigsaw. A tort considéré comme un tueur, il n'a, en vérité, jamais tué qui que ce soit de ses mains. Son trip, c'est le contrôle et la manipulation pour apporter une illumination à ses victimes qui gâche, à ses yeux, le précieux cadeau de la vie. A aucun moment, il ne transgresse ses propres règles car ce qui l'intéresse, ce n'est pas de pouvoir se délecter de la vue d'un cadavre sanglant mais de la terreur que ses petites inventions douloureuses inspire aux victimes. En dépit de sa monstruosité, Jigsaw n'est qu'un être humain comme nous tous et on le découvre toujours un peu plus dans cette seconde suite où l'on nous dévoile même l'un de ses souvenirs des plus tendres durant un moment de grande détresse (une opération au cerveau). Terrassé par la maladie, il passe tout le film allongé dans un lit, dépendant d'une femme qui, elle, dépend de sa survie grâce à un piège relié à ses fonctions vitales. Et pourtant, cette femme n'est pas médecin confirmé, elle ne peut aller au-delà de ses connaissances ce qui augmente les enjeux.

Lynn, l'infirmière captive, est jouée par Bahar Soomekh, une actrice d'origine iranienne à la beauté envoûtante manifestement abonnée au 3 puisque l'on a pu l'apercevoir dans MISSION : IMPOSSIBLE III. Comme les autres, son personnage aura le temps de réfléchir sur sa vie voire même désirer un changement, but ultime du Jigsaw, mais, pour cela, il y aura un prix à payer. Un prix d'autant plus élevé lorsque la donne est faussée par un rebondissement final que certains auront vu arriver mais qui remet surtout la trilogie en question tout en posant un nouveau regard sur le machiavélique manipulateur.

Le personnage qui se retrouve cette fois dans le labyrinthe pervers imaginé par Jigsaw, c'est Jeff (Angus Macfadyen, récemment vu dans EQUILIBRIUM), un homme dont la vie fut ravagée par une mort accidentelle. Sans trop en dévoiler, Jeff aura l'occasion de choisir entre la vengeance, voie de la facilité, ou bien le pardon qui l'obligera en contrepartie à lâcher prise avec le dernier lien affectif qui le relie à son fils.

Mais le plus étonnant du métrage est certainement l'éclaircissement des relations entre Jigsaw et Amanda qui s'apparentent plus à une histoire d'amour qu'une folie à deux. Shawnee Smith est parfaite dans un rôle intense et inattendu. Son personnage est entièrement dévoué à Jigsaw tout en ayant des motivations très différentes ce qui ne la remontent pas dans son estime. Incapable d'affronter ses démons personnels, elle suivra son propre agenda qui lui causera une souffrance d'autant plus aiguë que la présence de Lynn lui est insupportable (voir à ce titre les regards appuyés entre Jigsaw et Lynn, les touchers presque tendres, les conversations en privé où Amanda est priée de sortir…). Sa souffrance la conduit jusqu'à l'automutilation, un acte de défense contre les agressions sentimentales extérieures auquel ont recours les femmes en particulier. Et l'actrice s'efface derrière son personnage jusqu'à nous donner l'impression de voir au fond de l'âme meurtrie d'Amanda.

Comme dans les deux volets précédents, la vraie raison d'être de cette trilogie est l'enjeu psychologique plus que l'aspect gore. Ni les scénaristes ni le réalisateur ne reculent devant des atrocités difficilement imaginables mais tous trois s'accordent pour dire que le plus efficace n'est pas forcément ce qui est le plus sanglant (voire la fameuse scène du «jus de porc putréfié»). Pourtant, les pièges sont toujours aussi élaborés avec peut-être un chouia de sadisme en plus et cette édition non censurée ne nous épargne rien : un corps explosé, un buste arraché, des membres tordus jusqu'à l'éclatement, mort par congélation, noyade… A ce niveau, l'équipe des effets spéciaux a vraiment bien travaillé en livrant des effets "old school" bien dégueus dans un délai de temps parfois réduit (seize jours seulement pour confectionner quatre cadavres de porc éviscérés). N'ayant malheureusement pas accès à la version cinéma pour comparer ce qui a été rajouté (environ cinq minutes de plus), nous ne pouvons dire exactement ce dont il s'agit. Dans nos souvenirs, la version cinéma, interdite aux moins de dix-huit ans, ne devait déjà pas nous épargner grand chose et pourtant, ce sont surtout les scènes de violence ou de gore qui se voient agrémenter de quelques images supplémentaires.

Evidemment, tout n'est pas parfait. Le montage à la limite de l'épileptique en refroidira plus d'un. Rappelons que ce type de montage était déjà présent dans le premier SAW que ce troisième opus ne fait que poursuivre l'identité visuelle et sonore de la franchise. Enfin, les explications finales résumant le film que l'on vient de regarder paraissent franchement superflues. On aurait compris en quelques images, pas besoin de nous prendre pour des décérébrés ni de laisser le champ libre au monteur sous peine d'infliger une sérieuse migraine au spectateur. Par contre, les flash-backs où l'on voit les préparatifs ainsi que le prolongement de l'histoire s'étant déroulée dans SAW contribuent à l'approfondissement d'un personnage clé tout en apportant des éclaircissements sur l'intrigue originale.

Du côté de l'image, elle est présentée dans son format 1.85 d'origine, bien sûr compatible 16/9. Aucun défaut particulier n'est à signaler et en comparaison avec le précédent volet, Bousman semble avoir fait quelques progrès au niveau de la réalisation, jouant sur les angles de vue et les transitions pour passer d'un personnage ou une situation à l'autre. A l'aide de son directeur photo, ils ont exploité à merveille un univers glauque et sordide au travers de teintes froides et verdâtres, soulignant si besoin est l'ambiance ténébreuse et dérangeante des lieux qui semblent avoir été contaminés par l'esprit détraqué de ses occupants.

Le Dolby Digital 5.1 est proposé pour les deux langues présentes, l'anglais aux sous-titres amovibles et le doublage français qui se voit également rehaussé d'un mixage DTS. Grâce au travail efficace sur les bruitages et à un score atmosphérique, nous sommes plongés de plain pied dans un film qui va jusqu'au bout de ses promesses.

Nous débutons la section des suppléments par non pas un, ni deux mais trois commentaires audio. Le premier réunit Bousman, Whannell et les producteurs exécutifs Peter Block et Jason Constantine. L'ambiance est détendue, l'heure est aux blagues voire aux gentilles moqueries envers James Wan qui a besoin de «plusieurs personnes pour porter son portefeuille». Bousman est toujours aussi enthousiaste, il parle vite et beaucoup, suivi de près par Whannell qui a énormément de choses à dire sur l'univers de la trilogie et ses personnages. Sa présence est un plus, faisant de ce commentaire un complément indispensable au film. Block et Constantine sont surtout là en soutien mais le tout est très drôle ainsi qu'informatif. Bousman n'a que «des scènes préférées» ou «des scènes les plus dures à tourner» et, au passage, il remercie Rob Zombie pour lui avoir conseillé d'argumenter autant que possible face au MPAA pour garder les scènes violentes et, dans l'ensemble, cela a plutôt bien marché.

Le commentaire suivant réunit les producteurs Oren Koules et Mark Burg. C'est forcément un peu redondant avec le commentaire précédent et ils parlent surtout de l'envers du tournage tout en commentant les images. Au départ, ils nous inquiètent même un peu en évoquant la possibilité d'une préquelle comme excuse pour ramener des personnages décédés et, bien sûr, de SAW IV dont les prises de vues ont déjà été mise en boîte. Ils reviennent logiquement sur la difficulté de continuer à créer quelque chose d'original pour chaque nouveau volet mais pour être honnête, le tout est un peu soporifique car ne révélant rien de neuf.

Le troisième commentaire, réunissant Bousman, le monteur Kevin Greutert et le directeur photo David Armstrong, est bien plus vivant, si nous pouvons nous permettre. Le MPAA se prend encore une fois quelques phrases bien senties mais à leur décharge, on peut comprendre leur mécontentement, le gore et la violence n'étant pas tout à fait leur tasse de thé. La présence du monteur et du directeur photo donnent évidemment l'occasion au trio d'être plus technique et bien qu'il y ait pas mal de redites avec le premier commentaire, au moins on ne s'ennuie pas.

Ensuite, nous passons au Journal de Darren qui, comme son nom l'indique, est un journal vidéo du tournage drastiquement réduit à une durée d'un peu plus de neuf minutes. Les images sont présentées sur un fond musical très énervant et bien que nous ayons un petit aperçu des difficultés et de la fatigue, le module est bien trop court pour être véritablement intéressant.

Les pièges de SAW III nous présentent les concepteurs ainsi que Bousman et Whannell qui nous expliquent la genèse et le fonctionnement en détails des pièges mortels sur près de dix minutes. Ce module est vraiment captivant, nous offrant par la même occasion quelques superbes dessins préparatoires.

Les accessoires de torture est un module en directe continuité du précédent. Pendant près de huit minutes, nous assistons à la création de la marionnette de Jigsaw, de l'opération du cerveau, des cadavres porcins et nous avons même droit à une petite anecdote croustillante (…) concernant des asticots comestibles car stériles. Malgré le sang et divers bouts de latex poisseux et malodorants, le tournage semble s'être déroulé dans la bonne humeur. On poursuit avec les scènes coupées qui sont au nombre de trois et qui sont présentées en continu avec timecode, sans commentaire ni carton séparateur. En elles-mêmes, elles ne présentent aucun intérêt.

Les teasers, Souffrance, Puzzle et Troy, sont présentés en anglais sous-titré. Les bandes annonces de chaque film de la trilogie nous sont proposés avec l'option de choisir entre l'anglais ou une piste française. Pour rester dans le domaine du film annonce, Metropolitan nous offre rien de moins qu'un festival. Divisé en quatre sous-menus : Les nouveautés, Les incontournables, Les découvertes et Les inédits, vous pouvez vous régaler avec pas moins de trente et unes bandes annonces, encore une fois avec le choix entre la version originale sous-titrée et le doublage français, vous incitant ainsi à étoffer votre DVDthèque avec ce qui vous manquerait.

En sachant que l'acteur Tobin Bell a signé pour six films de la franchise, nous n'en avons pas encore fini avec Jigsaw. Evidemment, le risque est grand de voir la série, excellente jusque là, s'essouffler mais vu que Bousman reviendra pour le quatrième volet, on peut au moins espérer un film qui ne dépareillera pas trop avec la trilogie. L'écriture du scénario, par contre, n'incombera plus au tandem Wan et Whannell mais ne vendons pas la peau de la victime avant de l'avoir écorchée, nous reviendrons sur le film à venir en temps voulu. En attendant, les partisans de la série pourront toujours se régaler avec cette nouvelle édition collector identique en tous points au Zone 1 sorti chez Lion's Gate mais avec l'adjonction salvatrice de sous-titrages français.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Un troisième volet jubilatoire qui n’a peur de rien !
L’intelligence du scénario
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L'édition vidéo
SAW III DVD Zone 2 (France)
Editeur
Support
2 DVD
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h49
Image
1.85 (16/9)
Audio
English Dolby Digital 5.1
Francais DTS 5.1
Francais Dolby Digital 5.1
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Commentaire audio avec Darren Lynn Bousman, Leigh Whannell, Peter Block et Jason Constantine
    • Commentaire audio avec Oren Koules et Mark Burg
    • Commentaire audio avec Darren Lynn Bousman, Kevin Greutert et David Armstrong
    • Le journal de Darren (9mn18)
    • Les pièges de SAW 3 (9mn20)
    • Les accessoires de torture (7mn53)
    • Les scènes coupées (5mn25)
      • Teasers
      • Souffrance Puzzle
      • Troy
      • Bandes annonces
      • Saw
      • Saw 2
      • Saw 3
      • Bug
      • L’Effet papillon 2
      • The Grudge 2
      • Massacre à la tronçonneuse : Le commencement
      • Le Nombre 23
      • Cube
      • Cube 2 : Hypercube
      • Cube Zero
      • Destination finale
      • Destination finale 2
      • Destination finale 3
      • L’Armée des morts
      • L’Antre de la folie
      • L’Effet papillon
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      • Jason X
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