Header Critique : MAISON QUI TUE, LA (THE HOUSE THAT DRIPPED BLOOD)

Critique du film et du DVD Zone 2
LA MAISON QUI TUE 1970

THE HOUSE THAT DRIPPED BLOOD 

Un acteur disparaît de sa maison sans laisser de traces. L'inspecteur Holloway se rend sur les lieux du crime et découvre que d'étranges locataires y ont également résidé. Un policier local va lui présenter l'agent immobilier, un homme au nom évocateur de AJ Stoker, et lui raconter quelques curieuses histoires…

Ainsi débute ce film à sketches produit par la Amicus, déjà à l'origine d'autres anthologies : LE TRAIN DES EPOUVANTES (1965), LE JARDIN DES TORTURES (1967), ASYLUM (1972), HISTOIRES D'OUTRE TOMBE (1972), LE CAVEAU DE LA TERREUR (1973), FRISSONS D'OUTRE TOMBE (1973) et LE CLUB DES MONSTRES (1980). Ces oeuvres sont souvent confondues avec celles produites par la Hammer en ce sens qu'elles partagent non seulement un style visuel gothique similaire mais surtout certains acteurs. Ainsi, nous retrouvons Peter Cushing et Christopher Lee, deux légendes que l'on ne présente plus, à l'affiche de deux segments différents, ainsi que la sulfureuse Ingrid Pitt.

Aux commandes du scénario se trouve l'écrivain américain Robert Bloch, auteur de d'une multitude de nouvelles ayant pour la plupart figuré dans une anthologie ou un magazine littéraire. Parmi ses nombreux romans de suspense et horreur, le plus représentatif reste sans doute PSYCHOSE, pour lequel il écrivit deux séquelles et qui seront toutes adaptées au cinéma avec plus ou moins de succès. L'auteur fut également un ami épistolaire de Lovecraft et sous son influence créatrice, Robert Bloch écrivit plusieurs nouvelles autour du mythe de Cthulhu et inventa son propre ouvrage, De Vermis Mysteriis, au contenu similaire au réputé Necronomicon. Ses travaux de scénariste incluent beaucoup de séries télé dont le format raccourci par rapport à un long métrage demande un traitement plus concis. De même, son talent de nouvelliste le prédisposait naturellement à travailler pour des films à sketchs et l'on peut dire que le résultat est de qualité.

La première histoire, "Method For Murder", présente Charles et Alice Hillyer, un écrivain qui emménage avec sa femme dans la dite maison. Des bruits inexpliqués et l'apparition étrange de l'un de ses personnages fictifs vont déranger la paix des lieux et provoquer l'inévitable tragédie.

L'idée du créateur hanté par sa propre invention est une constante dans la vie des artistes. L'ouvrage de référence reste le Frankenstein de Mary Shelley avec lequel on peut faire un parallèle évident. Le personnage fictif créé par Charles Hillyer n'est pas non plus sans rappeler le physique du malheureux immortalisé par Boris Karloff dans le FRANKENSTEIN de 1931. Evidemment, la créature ayant pris vie va s'attaquer à ce que son inventeur possède de plus cher, c'est à dire sa femme. Mais tout n'étant pas exactement ce il paraît et l'écrivain n'est pas au bout de ses surprises ni de ses peines.

La mise en scène est très réussie, incorporant une bande son des plus efficaces. De tranquille et reposante, l'ambiance devient graduellement oppressante et menaçante à travers les bruitages (tic-tac de l'horloge, escalier qui grince…) sans oublier des visions furtives d'une apparition effrayante sortie tout droit d'un cauchemar. L'infortuné écrivain est interprété par Denholm Elliott, le Marcus Brody qui participe aux aventures d'Indiana Jones, dont le jeu subtil souligné par une nervosité sous-jacente contribue grandement à la réussite de ce segment. Sa femme est campée par Joanna Dunham, la Marie-Madeleine de LA PLUS GRANDE HISTOIRE JAMAIS CONTEE mais qui a surtout oeuvré à la télévision, le plus récemment dans un téléfilm sur la vie de la princesse Diana.

Dans "Waxworks", Philip Grayson est un courtier à la retraite. Durant une balade dans un village, il entre dans un musée de cire et va recevoir le choc de sa vie sous la forme d'une statue ressemblant en tout points à une femme envoûtante de son passé.

Le thème récurrent de cette anthologie est celui de la femme et ses trahisons. En effet, la gent féminine est dépeinte de façon très négative, dépourvue de morale et d'amour, dont même la mémoire reste salie. Ce segment porte le jugement à son paroxysme, nous présentant une jeune femme frivole et violente dont l'influence s'étend au-delà de sa mort dans une ambiance macabre à souhait. Le musée est peuplé de personnages criminels divers et ne lésine pas sur les chocs gratuits. Les effets spéciaux sont assez exceptionnels pour l'époque, la plus grande surprise étant les têtes coupées dont une qui vous réserve une délicieuse surprise à la fin.

Philip Grayson est joué par le légendaire Peter Cushing qui livre une prestation admirable, évoluant avec sa classe habituelle dans cette histoire d'amour fatal. Il n'est pas seul dans son obsession - à ses côtés se trouvent le propriétaire des lieux, joué par Wolfe Morris, et un autre ancien prétendant de la belle, campé par Joss Ackland. Le gagnant de la partie ne sera pas le candidat le plus évident…

Vient ensuite "Sweets to the Sweet" où John Reid emménage avec sa fille Jane, une enfant réservée, dans la bâtisse. Sa préceptrice, Ann Norton, prend rapidement la place de figure maternelle. Bien qu'en désaccord avec le père, elle va tenter de venir à bout de la mélancolie supposée de la petite, une façade masquant un intérêt inquiétant pour la sorcellerie.

Le troisième segment est dominé par la présence de Christopher Lee, loin du romantisme gothique de ses rôles plus connus sous la cape du Conte Dracula. L'acteur s'impose en père autoritaire qui refuse tout plaisir à sa fille sous prétexte que cela risquerait de la corrompre. Son refus devant le dialogue installe une profondeur psychologique dans cette histoire faite de non-dits et indéniablement la plus réussie du film.

Jane est jouée par la jeune Chloe Franks à qui la Amicus confiera un nouveau rôle deux ans plus tard dans leur anthologie HISTOIRES D'OUTRE TOMBE. Sa composition ici est d'une justesse remarquable, passant de fragile à manipulatrice tout en restant crédible. Dans le rôle d'Ann Norton, nous trouvons la belle Nyree Dawn Porter, retournée à la télé depuis. Elle incarne l'image un peu cliché de ce qu'on attend d'une nurse anglaise mais sa légèreté est un facteur bienvenu dans ce segment empreint de morbidité.

La dernière histoire, "The Cloak", concerne enfin celle de l'acteur disparu dont nous avons entendu parler dans l'introduction. Paul Henderson est un homme arrogant qui tourne un film de vampires. Son désir d'authenticité le conduit à une petite boutique de curiosités où le propriétaire va lui vendre une cape plus vraie que nature.

Pour cette dernière histoire, l'originalité n'est pas de mise mais le réalisateur l'a bien compris. Il se rattrape avec le personnage principal de l'acteur : Son allure, ses manies, les moqueries gentilles de l'équipe de tournage à son encontre, et surtout, avec la présence des décolletés avantageux de la pulpeuse Ingrid Pitt (THE VAMPIRE LOVERS, COMTESSE DRACULA, THE WICKER MAN…). Autant le dire tout de suite, cette charmante créature envahit l'écran de sa douceur, installant une ambiance semi-érotique à laquelle personne ne saurait résister, à commencer par Jon Pertwee (l'un des Docteur Who) qui campe l'acteur perfectionniste. Ce segment est également le seul à comporter une bonne dose d'humour volontaire, potache mais sans jamais verser dans le ridicule.

Cette édition est présentée dans son format d'origine mais hélas avec un transfert 4/3. Dommage car les éditions américaine et anglaise du film propose un tranfert 16/9. Néanmoins, l'image comporte un bon équilibre entre les couleurs brillantes et les noirs profonds, créant des contrastes et des contours précis. La piste son est au nombre d'une seule, en langue française, ce qui est à déplorer. Le doublage est de bonne facture mais il est toujours préférable d'avoir le choix. Sur cette piste en mono d'origine, les dialogues sont audibles et la musique non envahissante.

En remplacement de l'annonce antipiratage habituelle, l'éditeur s'est fait son propre petit film qui réunit plusieurs extraits de divers métrages présentés en version originale avec des sous-titres détournés. Le résultat est franchement amusant. Ca l'est moins du côté des suppléments qui ne sont constitué que du catalogue Bach Films sous forme d'un défilé automatique de leurs jaquettes et d'affiches qui se termine par une image statique indiquant le lien vers le site Internet.

En dépit de la prévisibilité des histoires, cette anthologie se place comme une franche réussite réunissant frissons et humour dans des décors gothiques sublimes, agrémentée d'effets spéciaux crédibles et d'acteurs de haut niveau. Un excellent divertissement.

Rédacteur : Marija Nielsen
54 ans
98 critiques Film & Vidéo
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Des sketchs réussis
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Transfert 4/3 L’absence de la version originale
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L'édition vidéo
THE HOUSE THAT DRIPPED BLOOD DVD Zone 2 (France)
Editeur
Bach
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h37
Image
1.85 (4/3)
Audio
Francais Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Catalogue Bach Films
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