Header Critique : DAY AFTER HALLOWEEN, THE (SNAPSHOT)

Critique du film et du DVD Zone 1
THE DAY AFTER HALLOWEEN 1979

SNAPSHOT 

Angela (Sigrid Thornton) est une jeune coiffeuse qui, grâce à son amie (Chantal Contouri) devient mannequin pour une campagne d'un nouveau parfum. Sa nouvelle vie irrite sa très rigide mère et son ex-petit-ami qui la traque. Mais surtout, quelqu'un semble lui en vouloir jusqu'à lui jouer de mauvais tours... Peut être même au point de la tuer ?

Après l'énorme succès international de PATRICK, le producteur Anthony Ginnane décide de monter le projet de SNAPSHOT, nouvel avatar de la «jeune fille en péril» avec une approche plus moderne. Il engage pour cela les frères de Roche, dont Everett deviendra célèbre plus tard via les scenarii de LONG WEEKEND, DEVIATION MORTTELLE ou encore RAZORBACK. Il s'attache les soins du tout jeune réalisateur Simon Wincer, qui lui aussi atteindra une renommée internationale avec HARLEQUIN, D.A.R.Y.L, SAUVEZ WILLY ou encore M. QUIGLEY L'AUSTRALIEN. Comme vedettes, on choisit Chantal Contouri, à ce moment une star du petit écran australien et d'une nouvelle venue, Sigrid Thornton (qu'on verra dans LA CHEVAUCHEE DE FEU de Simon Wincer, justement). A la différence de PATRICK, le casting et l'équipe technique sont 100% australiens.

Le film s'appelle tout d'abord CENTERFOLD, titre abandonné suite à des questions de droits d'utilisation du nom, pour passer à SNAPSHOT. C'est toutefois sous le nom de ONE MORE MINUTE, puis de THE DAY AFTER HALLOWEEN qu'il sortira aux Etats-Unis, tentant de raccrocher le film au wagon du film de John Carpenter, énorme succès l'année précédente. Vendu comme un slasher horrifique, il rencontrera un succès bien moindre que PATRICK ou bien sûr HALLOWEEN. Car, comme il faut s'en rendre compte lors de la vision du film, SNAPSHOT n'a absolument rien à voir avec un énième slasher.

La scène d'ouverture du film prend la direction du bizarre et du décalage. Des hommes en tenue de pompier, de puissantes lampes à la main, avançant dans des pièces enfumées avec une respiration lourde et découvrant un cadavre horriblement consumé. Le ton semble donné mais va suivre en réalité un tout autre chemin pour suivre l'émancipation de l'héroïne, Angela, échappant aux griffes de sa mère puritaine et de sa jeune soeur manipulatrice. De son job de coiffeuse qu'elle n'aime pas, elle choisit de suivre son amie Madeline, célèbre mannequin, dans le monde de la photographie de mode. Et c'est là que le scénario développe une dualité intéressante, car à peine perceptible au début. En suivant le schéma de la jeune fille traquée par un inconnu, SNAPSHOT aboutit à une collection d'invraisemblables personnages. En effet, ils sont tous psychotiques, tarés, égoïstes, dépravés, d'une duplicité maladive... Où comment la perte de l'innocence dans un monde frelaté (évidemment, la photographie) mène à ne plus reconnaître le bien du mal. D'ailleurs, où se situe cette frontière ?

Cela coutera à SNPASHOT son succès, tant les spectateurs ont été menés par le bout du nez. D'abord avec un titre complètement trompeur. Le métrage de Simon Wincer n'a positivement RIEN A VOIR avec HALLOWEEN ! Ca frise l'escroquerie. Pas étonnant que beaucoup aient été déçu du film qui s'approche plus du drame à suspense que d'un tueur fou qui charcute ses victimes. Très difficile ensuite de s'identifier aux intervenants dans le film, aucun ne trouvant une quelconque rédemption à nos yeux. Le film se distingue aussi en mettant en tète d'affiche deux jeunes femmes, sans héros masculin. Car entre l'ex menaçant (Vince Gil), le producteur graveleux (Robert Bruning), le photographe amateur d'animaux morts (Hugh Keays-Byrne), Angela ne possède aucune échappatoire. Pas plus que Madeline apparaissant peu digne de confiance, omettant quelques détails lorsqu'elle rencontre le producteur lui promettant un rôle dans un film. En fait, après les dernières images de SNAPSHOT, le spectateur s'est fait non seulement avoir via le titre du film, mais a été manipulé sur l'ensemble du métrage. La toute fin semble révéler l'identité du traqueur/rodeur, mais laisse planer une ambiguité sur la finalité de l'opération. Le doute subsiste ! Mais surtout, SNAPSHOT transgresse la sacro-sainte règle du final révélateur et moral. Angela cède, craque et embarque pour un voyage sans retour – mais libérateur. Un choix scénaristique curieux, risqué mais bien en phase avec l'Ozploitation de la fin des années 70.

Fragilité, naïveté et vertu sont incarnées par Sigrid Thornton. Angela s'avère une handicapée de la vie, incapable de s'insérer socialement. Son personnage y est peu intéressant sur le premier tiers du métrage. Mais elle gagne en épaisseur dès son accès à un monde opposé à celui imposé par sa mère. D'une post-adolescence puritaine, Angela emménage dans l'appartement du photographe qui ressemble à une sorte de communauté. Sa recherche d'espace privé («sa» chambre, comme elle se plait à le répéter), que les autres locataires lui contestent, reste un lambeau de son éducation à la dure, une parabole sur son image qui va finalement appartenir à tous – une impossibilité à garder pour elle-même. Ceci tranche sévèrement avec les événements bizarres qui la verront transformée au final.

Simon Wincer emploie un format Scope avec une grande habileté. Suivant un schéma très hitchcockien, il privilégie certaines plans confinant au bizarre, voire fantastique. La séquence pré-générique dans un premier temps, mais également d'autres moments comme cette tête de cochon décapitée mise dans le lit d'Angela. Ou encore ce musicien grimé, limite inquiétant, annonçant quelque peu le maquillage dans HARLEQUIN. Dommage que le script réduise les seconds rôles à la portion congrue, ne jouant les utilités que pour multiplier les fausses pistes et les suspects. Nous avons aussi droit aux insurpassables passages en discothèque locale, cédant aux sirènes de la mode de l'époque. Hormis le contexte propre à Angela et à son passage à l'âge adulte, le suspense fonctionne assez mal dans la première partie du film, ne donnant sa pleine mesure que dans le dernier tiers. Avec un final particulièrement réussi, prenant le contrepied de ce que le spectateur croit établi depuis le début.

SNAPSHOT ne réussit qu'à moitié son pari. Pas vraiment un thriller, pas spécialement un drame ni un film d'horreur, il emprunte aux différents genres précités quelques oripeaux pour tenter de se créer sa propre identité. Assez lent, avare en meurtres, il rebutera les amateurs de slashers au sens strict du terme. Mais les cinéphiles aguerris auront leur ration de curiosité d'un film souhaitant sortir des sentiers battus, même s'il n'y arrive pas vraiment.

L'édition DVD américaine parue chez Scorpion apporte enfin pour la première fois SNAPSHOT au bon format et dans une durée exacte de 92 minutes et 24 secondes. Les autres éditions (Elite et Platinum) n'offraient que des transferts sombres et à des formats variables ne respectant pas le Panavision 2,35:1 d'origine. Les couleurs sont stables, et le transfert 16/9ème ne présente que très peu de griffures ou de poussières. Une compression agréable à l'oeil, sans trace notable. Les très gros plans sont étonnamment clairs et précis (par exemple sur l'appareil photo à 19mn25) et révèlent une définition supérieure. La piste sonore anglaise mono encodée sur deux canaux n'offre rien de particulier, si ce n'est la très belle partition de Brian May qui se révèle bien audible (générique et musique d'ambiance compris). Les dialogues se détachent correctement de l'action. On regrettera peut-être un manque de bruits d'ambiance par instants. Mais ne serait-ce que le générique avec le superbe morceau principal de Brian May où la voix off du légiste légèrement en retrait récite la scène du crime, le résultat est plus qu'honorable. Il est en outre possible de sauter la présentation du «Nightmare Theater»de Katarina Leigh Waters. Notons d'ailleurs que la séquence post-générique par K.L Waters est disponible en bonus caché !

Côté bonus, on trouve le générique de la version américaine d'origine indiquant bien «THE DAY AFTER HALLOWWEEN» (5mn36), offert dans une version non anamorphosée. Intérêt plus que limité, d'autant que la qualité est excrémentielle.

Le meilleur reste la présence de la version «internationale» de 100 minutes et 17 secondes. Entendre par là le montage australien d'origine. Bizarrement, il se trouve au mauvais format (1.78:1) et dans une copie qui n'a pas été remastérisée. Définition grossière, bien plus floue que le montage américain, plus sombre et semblant même être trop étirée pour que cela soit naturel. Pour qui souhaitera voir ce montage, il faudra subir des effets de Pan & Scan que l'on croyait appartenir aux années 80 : voir par exemple la séquence de tournage de film avec le serveur buvant son verre. Le Pan & Scan se voit comme un nez au milieu de la figure : affreux. C'est donc très laid en comparaison avec le montage américain affichant le bon format cinéma. Les quelques neuf minutes supplémentaires concernent des scènes qui nous apparaissent avoir été ôtées pour des questions de rythme – destination : ventes internationales. Quelques plans de dialogues avec la compagne de chambrée d'Angela, un plan orienté fessier et grosse poitrine vaguement inutile (13mn26), des séquences dans la discothèque avec le chanteur grimé vers 27mn30 et franchement ça n'est pas une perte vue la longueur du numéro. Enfin, on pourra aussi découvrir des échanges dans l'appartement du photographe avec les différentes personnes y séjournant.


U.S. cut

International cut

Le commentaire audio s'effectue sur cette version de 101 minutes, entre le producteur et l'hôtesse de cette édition spéciale. Il s'agit d'un exercice qu'ils ont déjà effectué ensemble sur l'édition du SURVIVANT D'UN MONDE PARALLELE chez Scorpion. Ginnane s'avère relativement précis sur certains détails du film : le coupé Mercedes de Madeline est le sien, le cameo d'Everett De Roche, tout comme celui du directeur photo Vincent Monton (LONG WEEKEND, DEVIATION MORTTELLE, THIRST) lors du tournage du film publicitaire dans le rôle du... directeur de la photographie. C'est ce qu'on appelle un «bon client». Riche en anecdotes de tournages, en conditions de réalisation, sur les acteurs... Katarina Leigh Walters s'avère aussi une bonne modératrice, relançant intelligemment le commentaire en posant les questions adéquates : le commentaire audio est un vrai plaisir de cinéphile. Hélas, pas de matériel propre au film (affiches, photos, film annonce) mais la présentation semi-parodique de Katarina Leigh Walters pour son «Katarina's Nightmare Theater» dont le film fait partie de la collection de DVD éditée par Scorpion. Un plus, cerise sur le gâteau, les DVD ne sont pas zonés.

Enfin, il est à noter que Katarina Leigh Waters est à la base une catcheuse anglo-allemande qui a créé sa propre collection de films, à la mode d'Elvira, sortant via Scorpion quelques petits classiques horrifiques comme ESCLAVE DE SATAN, LE BATEAU DE LA MORT ou encore WHISPERS.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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Se faire avoir par un titre trompeur
Un rythme parfois languide
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L'édition vidéo
SNAPSHOT DVD Zone 1 (USA)
Editeur
Scorpion
Support
DVD (Double couche)
Origine
USA (Zone 1)
Date de Sortie
Durée
1h32
Image
2.35 (16/9)
Audio
English Dolby Digital Mono
Sous-titrage
  • Aucun
  • Supplements
    • Commentaire avec le producteur Anthony Ginnane
    • Version internationale (1,78:1 [16/9])
    • Début alternatif (5mn20)
    • Film annonce
    • Présentation Katarina’s Nightmare theater (3mn18)
    • Conclusion Katarina’s Nightmare theater (1mn33)
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