Header Critique : EN QUARANTAINE (QUARANTINE)

Critique du film
EN QUARANTAINE 2008

QUARANTINE 

Voici probablement la présence la plus inutile d'un film dans un Festival comme celui de Gérardmer. QUARANTINE, ou EN QUARANTAINE, est en effet le remake américain de [REC], présenté lors de l'édition 2008. L'originalité, si on peut l'appeler ainsi, est que le réalisateur/scénariste John Erick Dowdle (THE POUGHKEEPSIE TAPES) a été engagé pour refaire [REC] à l'identique. Même histoire, mêmes décors, mêmes plans, héroïne au même nom, des mouvements de caméra similaires, aucune bande originale de film… si bien que faire une critique de ce film se résume à élaborer un jeu des sept erreurs entre les deux versions !

Il s'agit, en substance, du travail qu'effectua Gus Van Sant pour son remake de PSYCHOSE. Sauf qu'au-delà de la mise en couleurs et la revisitation du mythe, QUARANTINE s'apparente plus à une juteuse opération commerciale via l'anglicisation du film original. Et à l'incapacité (ou le refus) d'exploiter un film étranger dans sa langue originale sur le territoire américain. D'un autre côté, le cinéma, c'est de l'art et du business et comme dirait le film, «THERE'S NO BUSINESS LIKE SHOW BUSINESS». Donc… rien de choquant à priori, un producteur de long métrage mettant en chantier un film pour ne pas gagner d'argent mais juste pour la beauté de l'art, ça n'existe pas.

QUARANTINE est ainsi une copie quasi-conforme de l'original. Pourquoi d'ailleurs changer une formule qui a fait ses preuves ? De ce fait, les critiques formulées à l'encontre de [REC] sont parfaitement applicables ici. Il ne reste que la disposition du spectateur à vouloir accepter le produit pour ce qu'il est ou à le refuser, trouver la démarche inutile voire débilitante... mais en tout cas, efficace. La tension est toujours palpable et la montée graduelle en puissance jusqu'au final menée là aussi de manière identique.

Les spectateurs/trices ayant déjà visionné [REC] retrouveront peu ou prou les mêmes sensations que précédemment : fini l'effet de surprise. Ils/elles pourront en ce sens passer leur chemin s'ils souhaitent découvrir une vision novatrice du sujet. Ou pourront faire l'effort de regarder ce QUARANTINE afin de découvrir les maigres modifications qui ont été opérés et/ou de profiter du jeu des autres acteurs/actrices choisis pour la circonstance. Jennifer Carpenter en hurleuse émérite depuis L'EXORCISME D'EMILY ROSE reprend de la corde vocale, Greg Germann en échappé d'ALLY McBEAL et JONATHON SCHAECH qui semble retrouver dans une carrière en dents de scie un second souffle depuis PROM NIGHT.

Pour les autres qui ne connaissent pas [REC], QUARANTINE parle ainsi d'une jeune journaliste (Jennifer Carpenter) et son caméraman pris au piège d'un immeuble mis en quarantaine. Ses occupants se transformant en mutants enragés avides de sang à la faveur d'un virus. Le tout filmé à la première personne via la caméra télé présente pour l'occasion. Le principe de BLAIR WITCH PROJECT croisé avec 28 JOURS PLUS TARD en vase clos, le film cherche principalement à faire peur par tous les moyens. Du gore, de la caméra qui tremble -d'ailleurs, pour un caméraman, on ne peut pas dire que le cadre se tienne bien-, du filmage de couloir, des effets-trouille savamment calculés… et le même principe du cinéma qui se perd en cours de route, [REC]/QUARANTINE représentant l'ultime invasion du medium télévisuel sur celui du cinéma. Le film ne sait/veut pas aller au-delà de son simple pitch, se contentant d'une explication tarte-à-la-crème en fin de métrage, et surtout ouverte sur une suite.

Avec un budget initial de 12 millions de dollars et un film ayant déjà rapporté trois fois la mise initiale sur le seul territoire américain (sans compter l'exploitation video et TV ainsi que les ventes à l'étranger), il y a donc des chances à ce que QUARANTINE s'offre une séquelle. Ca tombe bien : Screen Gems n'aura pas à chercher très loin le scénario, car [REC] 2 est actuellement en cours de tournage, toujours sous la houlette de Jaume Balaguero et Paco Plaza. En regardant notre boule de cristal, [REC] 2 serait ainsi au Festival de Gérardmer 2010 et si tout se passe comme prévu, QUARANTINE 2 en 2011. Vous êtes prévenus !

Une sortie cinéma en France annoncée initialement pour le 31 décembre 2008, puis reculée en janvier 2009 pour être finalement annulée, QUARANTINE devrait donc débuter sa carrière française directement en DVD et Blu Ray. Ce qui, à la vue de la portée du film et de son potentiel aléatoire sur notre territoire qui a consacré [REC] l'année passée, n'est pas forcément une mauvaise chose.

La seule chose (involontairement) drôle du film est de voir un certain Jermaine Jackson au générique. Mais fausse bonne nouvelle : ce n'est pas celui espéré et il n'est pas accompagné de Pia Zadora, même si la pluie commence à tomber.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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