Header Critique : MERIDIAN, LE BAISER DE LA BETE

Critique du film et du DVD Zone 2
MERIDIAN 1990

LE BAISER DE LA BETE 

Après des études aux Etats-Unis, Catherine retourne au château familial. Elle y retrouve une camarade qui travaille sur la restauration de tableaux en Italie. Les deux jeunes femmes vont vivre une nuit assez étrange après avoir invité à dîner une troupe d'artistes ambulants…

Société productrice de RE-ANIMATOR, FROM BEYOND, FOU A TUER ou DOLLS, Empire Pictures se plante totalement à la fin des années 80 après plusieurs revers financiers. Charles Band ne compte cependant pas mettre un terme à sa carrière et monte rapidement Full Moon. Cette nouvelle société de production ne repart pas entièrement de zéro, bien au contraire. Full Moon va ainsi faire travailler la plupart de ceux qui bossaient pour la boîte précédente de Charles Band et même reprendre les projets laissés en plan. Dans la continuité de Empire Pictures, Full Moon va donc surtout connaître ses heures de gloires durant ses premières années avant de connaître un très long déclin. Justement, MERIDIAN fait partie des véritables premières productions de la Full Moon. C'est d'ailleurs un projet relativement atypique dans la carrière de Charles Band qui va le produire mais aussi le réaliser. Signe que l'argent ne fait pas encore défaut dans les caisses du producteur, le film va se tourner en Italie, pays où était implanté pendant un long moment Empire Pictures. Les prises de vues extérieures se feront dans les étranges Jardins de Bomarzo, datant du XVIème siècle, de manière à bien mettre en valeur les bizarres et imposantes statues. Pour les intérieurs, la production déplacera ses caméras dans le Palais Ducale de Giove. Les décors naturels vont ainsi donner le côté fastueux d'un métrage se basant sur une histoire romanesque et érotique.

Assez curieux dans la filmographie de Charles Band, en tant que réalisateur, MERIDIAN est un drame fantastique reposant essentiellement sur son atmosphère et son érotisme. Le cinéaste va tout de même déjà y implanter sa fascination pour les cirques et autres foires ambulantes. Le film met ainsi en scène une troupe itinérante composée d'une danseuse orientale, d'un jongleur, d'un magicien ou encore d'un nain. Ce dernier personnage est d'ailleurs interprété par Phil Fondacaro dont le nom revient souvent dans le cinéma de Charles Band et de la Full Moon. Sur une histoire de son crû, Charles Band va faire écrire un scénario par Dennis Paoli avec qui il a déjà travaillé au temps de Empire Pictures (RE-ANIMATOR, FROM BEYOND…). Les deux hommes se retrouveront d'ailleurs quelques mois plus tard et dans les mêmes décors, le Palais Ducale de Giove, pour le PIT AND THE PENDULUM qui sera réalisé par Stuart Gordon. Pour simplifier, MERIDIAN est souvent assimilé à une version érotique de La Belle et la Bête. Si l'on retrouve bel et bien une jolie actrice aux prises avec une créature poilue, l'intrigue est, quant à elle, très éloignée du conte original. Vu le traitement donné à l'histoire, on serait même tenté de rapprocher davantage cet essai à l'érotisme bestial de films tels que LA BETE de Walerian Borowczyk ou LA BETE D'AMOUR d'Alfred Sole. Ces films montrent à l'écran des ébats sans équivoque entre une jeune femme et une bestiole velue. Sulfureux dans LA BETE, un peu culcul dans LA BETE D'AMOUR, les séquences érotiques de MERIDIAN s'affranchissent quant à elle du côté évidemment graveleux d'une telle situation. C'est d'autant plus curieux que la mise en scène de Charles Band ne se fait pas spécialement inventive. En réalité, le problème est désamorcé dès le départ et les premiers ébats se feront entre un homme et une femme. La créature n'intervenant qu'en cours de route et peut d'ailleurs être vue comme la part bestiale du partenaire masculin qui se révèle en plein accouplement. Cette première apparition de la «bête» s'inscrit au passage dans le déroulement d'une soirée aussi particulière qu'étrange. L'érotisme de MERIDIAN prend dès lors un côté poétique et mignon s'écartant un peu de la vulgarité du film érotique de série. Néanmoins, le film de Charles Band n'évite pas les pièges d'une telle entreprise. Le cinéaste abuse des ralentis et éclairages évocateurs pour asseoir l'ambiance d'un métrage qui ne camoufle pas entièrement les limites de son budget. Si les décors naturels font le plus souvent illusion, bien peu d'efforts ont été consentis pour re-décorer certaines pièces donnant l'impression de voir une salle, sûrement d'époque, avec un lit au milieu et aux murs nus. Qu'importe, après tout, puisque nues, les actrices le seront aussi et l'attention des (a)mateurs sera donc surtout captée par celles-ci. C'est peut être ce que s'est dit à l'époque Charles Band.

Dans MERIDIAN, elles seront deux à dévoiler leurs charmes. Les deux actrices se sont d'ailleurs croisées chez David Lynch puisqu'elles apparaissaient dans SAILOR ET LULA et ce dans de tous petits rôles. Sherilyn Fenn sera celle qui tirera le mieux son épingle du jeu puisqu'elle retrouvera David Lynch peu après pour intégrer TWIN PEAKS dans un rôle récurrent. L'actrice incarne ici le personnage principal qui se voit donc tourmenté par une malédiction familiale datant de plusieurs siècles. L'occasion pour elle de folâtrer tout aussi à poil que la bestiole. Charlie Spradling, créditée seulement par son prénom au générique, dispose d'autant de charme mais la créature ne s'intéressera pas à elle. Qu'importe, la miss se dénudera tout de même en compagnie d'un acteur à la toison moins développée. En réalité, il s'agit du même «acteur». La révélation n'est pas très lourde, le film dévoile son astuce assez vite et ceux qui ont vu LE PRESTIGE l'auront d'ailleurs bien vite devancé. Car c'est là le plus surprenant de ce métrage méconnu puisqu'il devance une idée au cœur du film de Christopher Nolan ou du livre de Christopher Priest plusieurs années avant publication et réalisation. De même, MERIDIAN avec son ambiance éthérée se permet aussi de devancer Shyamalan et son SIXIEME SENS. Le film co-écrit par Charles Band et Dennis Paoli s'avèrent en réalité bien plus malin qu'il n'y paraît de prime abord. Toutefois, le traitement de ces ingénieuses idées est loin d'être optimal et elles ne peuvent être évoquées que d'un point de vue anecdotique. Au côté de Sherilyn Fenn et Charlie Spradling, Malcolm Jamieson est donc l'heureux homme qui va copuler «pour de faux» avec les deux personnages féminins du film. L'acteur britannique y est d'ailleurs beaucoup plus convaincant que ses partenaires et il est assez surprenant de constater que sa carrière de comédien sera aussi peu développée par la suite. Néanmoins, si l'acteur interprète un homme séduisant, il cède sa place au cascadeur Alex Daniels une fois la transformation en créature poilue totalement accomplie. La distribution met aussi en scène des acteurs généralement habitués aux seconds rôles comme Hilary Mason et Vernon Dobtcheff. Au générique, on trouve aussi le nom de Ted Nicolaou ayant beaucoup œuvré chez Full Moon et assumant ici le montage du film. Enfin, les effets spéciaux de maquillage sont signés par Greg Cannom qui avait œuvré avec Rob Bottin sur HURLEMENTS quelques années auparavant. Depuis, le spécialiste des effets spéciaux est passé à la vitesse supérieure et a même obtenu des Oscars pour son travail.

Pour Charles Band, il s'agit à l'évidence d'une vraie réussite qui s'avère assez méconnue dans la filmographie du cinéaste. Mais une réussite pour Charles Band, cela ne veut pas pour autant dire qu'il s'agit d'un métrage exceptionnel. MERIDIAN souffre ainsi de quelques défauts comme par exemple une narration très statique handicapant de manière indiscutable le souffle romanesque qu'aurait dû avoir le film. Quoiqu'il en soit, le métrage fait tout de même illusion et se dote, en plus, d'une belle partition musicale de Pino Donnagio. Les amateurs de sensations fortes n'y trouveront pas leur compte mais pour qui apprécie les œuvres posées, un brin poétique et assez naïve, ce MERIDIAN s'avère plus que recommandable.

Après avoir sorti cinq films coquins issus de la Nazisploitation version EuroCine, Artus Films s'intéresse à un versant un peu plus classe de l'érotisme avec ce MERIDIAN. L'éditeur propose le film dans son format «d'origine» en plein cadre. A priori, la source n'est pas toute jeune et il est permis de penser qu'en reprenant le boulot en partant des éléments d'origine, il serait possible de faire largement mieux. Mais Charles Band n'est pas du genre à s'investir au-delà de la simple visibilité de l'image, il faut voir les DVD américains sortis par sa boîte de production pour s'en convaincre. On imagine donc que Artus Films a du être obligé de se contenter de ce master. Bilan, on note pas mal de défauts inhérents à la vidéo, une définition pas franchement exemplaire et un contraste peu convaincant. L'écoute se fait au choix en version originale sous-titrée ou avec le doublage français. Les deux sont en stéréo, le film ayant été enregistré à l'origine en Ultra Stéréo. Le rendu sonore est agréable mais n'enthousiasme pas plus que cela. A noter qu'une partie des dialogues, principalement au début du film, sont en italiens. A ce moment là, des sous-titrages anglais sont affichés en dur sur la copie du film. Artus Film propose évidemment un sous-titrage additionnel en français que ce soit lorsque l'on regarde MERIDIAN en version originale ou dans son doublage francophone.

En supplément, cette édition nous propose un making-of. Attention les yeux, l'image est juste passable. Le document d'époque est une Featurette promotionnel. Evidemment, on n'y apprend pas grand chose mais cela donne tout de même la parole au réalisateur ainsi qu'aux acteurs principaux ce qui n'est pas si mal. Précisons que Charles Band fait partie des précurseurs en matière de suppléments vidéo. En effet, Full Moon produisait de petits documentaires titrés «VideoZone» que l'on pouvait trouver sur les cassettes vidéos et ce depuis ses débuts. Ces vestiges du passé sont d'ailleurs repris, aux Etats-Unis, sur certaines éditions DVD de l'éditeur. Pour en revenir à MERIDIAN, le DVD français contient, en plus de ce making-of, une petite galerie d'une demi-douzaine de photos ainsi que des bandes-annonces d'autres titres de l'éditeur et des filmographies.

Rédacteur : Christophe Lemonnier
Photo Christophe Lemonnier
Ancien journaliste professionnel dans le domaine de la presse spécialisée où il a oeuvré durant plus de 15 ans sous le pseudonyme "Arioch", il est cofondateur de DeVilDead, site d'information monté en l’an 2000. Faute de temps, en 2014, il a été obligé de s'éloigner du site pour n'y collaborer, à présent, que de manière très sporadique. Et, incognito, il a signé de nombreuses chroniques sous le pseudonyme de Antoine Rigaud ici-même.
54 ans
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569 critiques Film & Vidéo
4 critiques Livres
On aime
Un scénario bourré de bonnes idées
Une ambiance assez particulière
On n'aime pas
Un transfert vidéo un brin daté
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L'édition vidéo
MERIDIAN DVD Zone 2 (France)
Editeur
Artus
Support
DVD (Simple couche)
Origine
France (Zone 2)
Date de Sortie
Durée
1h23
Image
1.33 (4/3)
Audio
English Dolby Digital Stéréo
Francais Dolby Digital Stéréo
Sous-titrage
  • Français
  • Supplements
    • Making-of (5mn28)
    • Galerie de photos
      • Filmographies
      • Charles Band
      • Sherilyn Fenn
      • Malcolm Jamieson
      • Bandes-annonces
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