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Critique du film
THESE FINAL HOURS 2013

 

La fin du monde approche. Un événement cataclysmique a ravagé le continent américain, engloutit l'Europe et déferle sur l'Asie. L'Australie peut encore survivre 12 heures. Un jeune homme (Nathan Philips - WOLF CREEK) délaisse sa copine enceinte (Jessica De Gouw), ne souhaitant pas voir l'apocalypse en face. Il se rend à une gigantesque fête ultime, entre alcool, sexe et drogue. Mais au milieu du marasme ambiant, il sauve en chemin une jeune enfant (Angourie Rice) des griffes de deux pédophiles. Il décide alors de l'aider à retrouver son père perdu.

Intrigante production australienne datant de 2013, THESE FINAL HOURS se retrouve au Festival de Cannes 2014 dans la catégorie de la Quinzaine des Réalisateurs. Le film écrit et réalisé par Zak Hilditch s'ingénie à brosser un portrait brut d'un irresponsable qui gagne confiance en lui pour trouver sa voie, même dans un moment aussi infernal. Le portrait d'un homme refusant la réalité, quitte à l'accepter jusqu'à la prendre en pleine tête.

Pour en venir là, le film emprunte des chemins dérisoires, des contre-allées absurdes, arborant des explosions de violence assez jouissives quoiqu'incongrues. Une galerie de personnages surgissant des quatre coins de rue, forcément caricaturaux. Qu'il s'agisse des pédophiles, forcément glauques, expédiés à coup de marteau - d'une mère en crise de délire qui trouve dans le jeune fille son enfant disparue, un fou furieux surgissant avec une machette prêt à trancher de l'humain, l'auteur zèbre sa narration de moments autres qui souhaitent renforcer ce côté dément auxquelles ces dernières heures de vie peuvent prétendre. De ce fait, la direction d'acteurs et la construction des personnages adoptent également un côté bancal. Si Nathan Philips incarne à merveille une brute séduisante quelque peu inerte qui gagne en humanité, les autres intervenants n'ont guère de chair autour de l'os. Zak Hilditch livre des instantanés à sens unique. Si l'on excepte si la petite amie du début (lumineuse Jessica De Gouw, éruptive de fragilité et de sexualité), rien ne permet guère de s'attacher au reste.

Cette force de coexistence de deux tons qui s'entrecroisent, s'entrechoquent provoque également le déséquilibre majeur du film. Qui souffre d'une écriture distendue, versant dans une caricature grotesque. On comprend ce que l'auteur souhaite décrire, ce non-sens qui pousse à agir de manière la plus extrême possible. mais la scène de la fête orgiaque, capharnaüm habituel de violence, de partouze géante et delirium tremens ne divertit pas vraiment. La copine officielle du héros se nomme Vicky (Kathryn Beck), complètement allumée elle aussi. Mais pire encore, son frère (Daniel Henshall, en roue libre) un espèce de cowboy cocaïné en slip panthère promenant son flingue aux yeux de chacun bascule le film dans le n'importe quoi. Ridicules, les scènes durent trop longtemps et leur aboutissement, bien que salvateur et bien amené en terme de libération violente des pulsions portées à leur paroxysme, sonnent enfin la scène de la récré. Et on se demande à quoi on assiste. Une série B, voire Z, autre chose? La sincérité du propos et la liberté de tons employés laissent perplexe et privent le film à ce moment d'une adhésion complète.

Le sujet n'est pas franchement original et le cinéphile averti frissonnera d'un sentiment de déjà-vu. Les histoires de fin du monde avec la course au temps perdu ne manquent pas. Un magnifique exemple parmi d'autres, honteusement méconnu : APPEL D'URGENCE de Steve de Jarnatt, auquel d'ailleurs THESE FINAL HOURS fait furieusement penser dans la thématique et la structure narrative.

D'autre part, THESE FINAL HOURS révèle une maitrise technique incroyable. Un sens du cadre Scope qui engouffre les émotions et sentiments de volonté d'espace, de lumières aveuglantes et de campagnes désertées. La découvertes de corps épars, de villes barricadées grâce à un murs de caddies de supermarchés (!) réussit à donner un sentiment d'incompréhension et de désolation éphémère. Peu d'effets spéciaux, mais résolument spectaculaires placés aux moments opportuns. Et un scénario en forme d'éveil cyclique, de boucle bouclée qui sait laisser place au sublime, aussi infime soit-il. Le plan final retourne l'estomac d'émotion. Un regret pointe car on aurait espéré en ressentir d'autant sur les moments précédents.

Zak Hilditch se repose sur deux énormes qualités : une maitrise technique indéniable couplée à une photographie lumineuse gorgée de soleil, de teintes jaunes et orangées qui subliment l'écran. Dommage que le reste soit en décalage, qu'il s'agisse d'une narration parfois incohérente ou de personnages peu attachants. Cependant, des fulgurances visuelles transforment ce récit quasi initiatique en quelque chose de différent, très loin des stéréotypes américains attendus sur ce genre de sujet. Une illustration apocalyptique singulière dans sa mise en images mais s'appuyant sur trop d'évidences. Imparfait, à l'image du héros qui fait la paix avec lui-même et son entourage, mais Zak Hilditch est indéniablement à surveiller pour son prochain film.

Rédacteur : Francis Barbier
Photo Francis Barbier
Dévoreur de scènes scandinaves et nordiques - sanguinolentes ou pas -, dégustateur de bisseries italiennes finement ciselées ou grossièrement lâchées sur pellicule, amateur de films en formats larges et 70mm en tous genres, avec une louche d'horreur sociale britannique, une lampée d'Albert Pyun (avant 2000), une fourchettée de Lamberto Bava (forever) et un soupçon de David DeCoteau (quand il se bouge). Sans reprendre des plats concoctés par William Friedkin pour ne pas risquer l'indigestion.
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